Elles s’imposent par leur leadership, leur implication sociale, leur force de caractère, leur créativité et leur parcours peu banal. Plus que jamais, les femmes sont le présent et l'avenir des nations autochtones.
Un refuge chauffé pour les sans-abri ouvre ses portes à Prince Albert
Natalie Clyke est la coordonnatrice des services urbains du Grand Conseil de Prince Albert. Photo : CBC
Le nouveau refuge pour sans-abri de Prince Albert, en Saskatchewan, rappelle aussi le souvenir des membres de la communauté décédés plus tôt cette année.
Le Moose Lodge porte le nom de James « Moose » Sewap, connu pour être un membre attentionné et désintéressé de la communauté des sans-abri. Il est mort en juin alors qu'il vivait dans la rue. L'empreinte de M. Sewap sur cette communauté était évidente dans les larmes et les rires des personnes réunies pour l'ouverture du refuge.
La cuisine de l'établissement porte d'ailleurs le nom de Cona Custer, un autre membre de la communauté des sans-abri décédé en novembre. Il avait 41 ans.
Natalie Clyke a déclaré qu'il était important d'honorer la mémoire de ces hommes.
Nos gens ont des noms, nos gens ont des familles, nos gens ont des communautés et des gens qui les aiment, a ajouté Mme Clyke, coordonnatrice des services urbains du Grand Conseil de Prince Albert (PAGC). Ce ne sont pas seulement ces gens-là [...], ce sont les gens qui comptent le plus pour nous.
Le PAGC représente 12 Premières Nations et 28 communautés du Nord. Il prévoit exploiter le refuge cinq jours par semaine jusqu'en avril. C'est un endroit où les gens peuvent obtenir de la nourriture chaude et échapper aux éléments dans une zone sans jugement.
Avoir accès à de la nourriture, c'est la dignité. Avoir accès à de la nourriture est un droit et nous voulons être en mesure d'instaurer cette sécurité chez nos gens.
Mme Clyke prévoit qu'il y aura de 75 à 90 personnes par jour au refuge. L'objectif est également de les mettre en relation avec des services sociaux ou de santé.
Partage et communauté
Les larmes coulent sur le visage de Mme Clyke lorsqu'elle se souvient du grand sourire de M. Custer et du grand cœur de M. Sewap.
[James Sewap] était un être humain très compatissant. Il aimait vraiment les autres membres de la communauté des sans-abri et donnait souvent tout ce qu'il avait pour s'assurer qu'ils puissent survivre.
La fille de M. Sewap, Yvette McDermott, a affirmé que le rassemblement a été une représentation du lien que son père entretenait avec les autres sans-abri. Il était connu pour donner à autrui la veste qu'il portait ou pour utiliser ses ressources afin d'aider les autres à manger.
Yvette McDermott (à gauche), la fille de James Sewap, avec ses deux petites-filles, Wakeena Ermine et Waneek Ermine, au Moose Lodge. Photo : CBC
Cet endroit représente la parenté, le partage, la proximité, la chaleur. C'est quelque chose qu'il faisait là-bas, a ajouté Mme McDermott. Mon père a touché bien des cœurs et beaucoup de ces gens sont sa famille. Ils le respectaient.
Elle veut que les gens comprennent que l'itinérance chez les Premières Nations est complexe et découle souvent du traumatisme causé par les pensionnats pour Autochtones et par le colonialisme. Elle fait remarquer que le système carcéral et le système actuel de placement dans des familles d'accueil, dans lesquels les Autochtones sont surreprésentés, sont également à l'origine de traumatismes.
Mme Clyke est d'accord. Elle explique que les problèmes liés à l'itinérance ne peuvent pas être traités uniquement par des maisons. Les gens ont besoin de plus de soutien pour traiter les problèmes sous-jacents.
Interdits dans d’autres refuges
Mme Clyke affirme aussi que beaucoup de personnes avec lesquelles elle travaille ont été refusées, voire interdites d'accès à d'autres programmes de l'administration municipale en raison de leur dépendance. Elle ajoute que le système les a qualifiées d'impossibles à loger et qu'elles ont été jugées indignes de recevoir des services en raison de leurs problèmes particuliers.
Nos gens se heurtent à des barrages routiers et à des obstacles dressés par les services censés être là pour les aider.
Par exemple, des personnes se font refuser des services parce qu'elles consomment des drogues. Selon Mme Clyke, les gens doivent comprendre que la dépendance va de pair avec le traumatisme. Les gens ont besoin d'être soutenus, quoi qu'il arrive.
Le terme "interdit" est quelque chose que nous devons supprimer de notre vocabulaire, parce que nos gens meurent.
Mme Clyke a été une des premières personnes à découvrir M. Sewap après son décès. Cette perte lui pèse encore sur le cœur.
Apprendre à connaître James "Moose" Sewap a été, de loin, un des privilèges de ma vie, mentionne-t-elle, notant qu'il a été une des nombreuses personnes de la communauté des sans-abri à avoir eu un effet durable sur elle.
Ce sont les gens qui viennent au refuge et qui, en sortant, disent "Je t'aime". Et c'est "Je t'aime aussi", parce que j'attends avec impatience le prochain contrôle de santé, demain, pour m'assurer qu'ils vont bien.