Histoire musicale des
11 nations autochtones du Québec
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Jouer du tambour

Chez toutes les nations autochtones du Québec, le tambour est un instrument très particulier. Tantôt spirituel et sacré, tantôt divertissant et outil social, parfois réservé aux hommes ou aux chasseurs, le tambour change de forme et d’usage selon les différents peuples. Avant le contact avec les colons d’origine européenne, toutes les nations autochtones chantaient et utilisaient différentes formes de tambours et de hochets, parfois en s’accompagnant de flûtes ou de sifflets. Ces pratiques musicales étaient principalement associées à la spiritualité, et on l’utilisait généralement pour s’exprimer et accompagner des danses.
Traditions musicales des Abénakis

La danse et le chant vont souvent de pair chez les Abénakis. Certaines danses pouvaient autrefois être pratiquées par les hommes et les femmes ensemble, jusqu’à ce que les prêtres décident d’interdire la mixité. Aujourd’hui, les Abénakis pratiquent encore certains chants et danses traditionnelles, et tentent de retrouver la mixité perdue.
Catégories: Abénakis, Traditions musicales
Les instruments des Abénakis

Chez les Abénakis, le tambour traditionnel s’appelle pakoligan, dont ils n’ont jamais cessé de jouer. Pendant l’évangélisation, il était toutefois utilisé autrement. Ce tambour était composé de deux membranes en peau de wapiti, un animal autrefois très répandu sur les territoires abénakis, surtout près du Lac St-Pierre. Aujourd’hui, le pakoligan est plutôt fabriqué en peau de chevreuil. Les Abékakis utilisent aussi des hochets appelés sisiwan, faits d’écorce, de courge, de corne, dont ils s’accompagnent pour chanter.
Catégories: Abénakis, Traditions musicales
Le Pow wow
Le pow wow est un grand rassemblement spirituel, ou de célébration. Contrairement aux idées reçues, dans sa forme actuelle répandue dans la plupart des communautés, il s’agit d’une tradition assez récente dans l’histoire du Québec, qui tire plutôt ses racines dans les plaines de l’Ouest américain (États-Unis) et canadien.
La bible accessible

Des bibles sont traduites dans toutes les langues autochtones et imprimées, avec des chants chrétiens. Ce sont les débuts d’un métissage entre les peuples : les prêtres composent des chansons avec les Autochtones, si bien qu’on retrouve la richesse des langues autochtones dans les chants religieux écrits à l’époque.
Disparition et modification de la musique traditionnelle

Au contact des Britanniques et des Français, et à cause de l’évangélisation, de nombreuses traditions musicales autochtones ont disparues. Chez certaines nations algonquiennes du Subarctique (Atikamekw, Cris, Anishnabe), la pratique du tambour traditionnel a pratiquement disparu: les missionnaires confisquaient et parfois, brûlaient les tambours et autres objets spirituels. Les Innus et les Naskapis sont davantage parvenus à conserver leurs traditions musicales, comme le chant au tambour teweikan. Chez les Abénakis et les Mohawks, la pratique du tambour ne s’est jamais perdue. Si certaines Nations sont parvenues à sauver leur patrimoine quasiment intacte, d’autres ne sont parvenues qu’à conserver leurs chants sans le tambour. Aujourd’hui, on assiste à une certaine revitalisation de ces traditions perdues chez les nations algonquiennes et iroquoiennes. Les femmes sont particulièrement actives dans ce travail, à l’image de Rising Moon, Odaya, Kathia Rock, Andrée Levesque-Sioui, Nathalie Picard ou Moe Clark.
La musique comme arme d’évangélisation
Dès 1630 en Nouvelle-France, on apprend aux enfants autochtones à chanter et jouer des instruments européens. Les missionnaires enseignent la viole, le violon, la guitare, la flûte traversière, le tambour, le fifre ou la trompette. Ils enseignent aussi beaucoup de chants chrétiens, ce qui facilite l’évangélisation. Partout au Québec, certaines pratiques traditionnelles autochtones sont ainsi perdues, notamment parce que les missionnaires confisquent ou brûlent parfois les tambours et autres objets spirituels.
Le violon & la gigue aujourd’hui
Le violon a été adopté par plusieurs nations, surtout lors de la traite des fourrures. Les commerçants français et écossais l’ont apporté aux différentes communautés, souvent au grand dam des aînés, qui redoutaient que cet instrument ne mène à la perte de leur culture. Le violon a été l’instrument principalement adopté lorsque les prêtres interdisaient le tambour. Avec le violon ont suivi les danses qui y sont rattachées (gigue, set carré, etc.) Les Cris et Inuits sont aujourd’hui gardiens de ces traditions européennes, préservées de façon presque intacte depuis 300 ans.
La Grande Paix de Montréal

Du 23 juillet au 7 août 1701, les pourparlers et cérémonies de la Grande Paix sont organisés à Montréal. Des représentants de Nouvelle-France, 1 300 délégués autochtones (venus pour l’occasion), 1 000 Autochtones résidant sur l’île et 2 600 colons se rassemblent. De nombreuses célébrations ont lieu, parmi lesquelles une danse du Calumet, donnée dans la maison longue d’un chef iroquois. Douze hommes sont disposés en cercle et chantent au rythme de leurs hochets, en partageant une pipe de pierre rouge garnie de plumes. Rythmé par des danses, des chants et des discours, ce rituel a pour but de dissiper les craintes et les rivalités entre hôtes et visiteurs, et de susciter des sentiments d’amitié, d’entente et de paix.
Le tambour collectif
À la différence du tambour traditionnel, le grand tambour collectif se joue à plusieurs personnes. Son existence remonterait aux années 1870. L’histoire dit qu’une femme Sioux, Tailfeather Woman, a reçu en rêve – un don des esprits – ce tambour et ses chants. D’habitude, la transmission des chants au tambour est souvent limitée et liée à des traditions. Mais le grand tambour collectif est un symbole de paix et de rassemblement, dans le but de rétablir la paix. C’est pourquoi sa pratique s’est transmise de nation en nation, et s’est propagée chez la plupart des Autochtones du Canada et des États-Unis. Elle existe encore aujourd’hui.
Alanis O’Bomsawin

Née à Lebanon, New Hampshire, de parents Abénakis d’Odanak, Alanis O’Bomsawin est une auteure-compositrice-interprète et réalisatrice abénakise. Elle a passé son enfance à Odanak puis à Trois-Riviéres. Elle s’installe à Montréal dans les années 50, où elle chante en anglais, en français et en langue abénakise des chants traditionnels de sa nation, en s’accompagnant au tambour à main. En 1960, elle donne ses premiers concerts professionnels à New York, avant de partir en tournée au Canada, aux États-Unis et en Europe. Alanis lance en 1985 son album Bush Lady. Artiste engagée ayant participé et organisé plusieurs spectacles-bénéfices, elle se fait remarquer dans les milieux anglophones militants. En 1965, elle fait ainsi l’objet d’un documentaire réalisé par la CBC pour l’émission Telescope. Profitant de cette entrée dans le monde du cinéma, elle réalise des films marquants pour l’ONF, tel que Kanehsatake, 270 ans de résistance (1993). Tourné en 78 jours et nuits, il suit l’affrontement entre les forces québécoises et canadiennes et les Mohawks dans la pinède d’Oka. Une réalisation qui lui vaudra le prestigieux prix Distinguished Documentary Achievement Award de la International Documentary Association.
Un reportage fascinant de la CBC a été réalisé en 1966 sur Mme O’Bomsawin :
Catégories: Abénakis, Artistes Marquants
Les pensionnats

Le gouvernement fédéral et l’Église établissent des pensionnats autochtones dès 1934 au Québec, dans un but d’évangéliser, assimiler et acculturer les Autochtones. Dans ces institutions, ces derniers apprennent la musique occidentale: chorale, chants grégoriens, instruments comme la guitare, le piano, la batterie. Ils apprennent aussi à faire de la musique en groupe ou à donner des concerts, deux pratiques qui n’existent pas dans les traditions autochtones.
La pop allochtone

En avant la pop! Dès les années 50, la pop allochtone venant d’Europe et des États-Unis fait des adeptes chez les adolescents et les jeunes adultes. Certains jeunes vont même jusqu’à traduire les paroles des « hits » du moment dans leur langue, pour en faire des reprises version autochtone. Le chanteur Émile Grégoire finira ainsi par être surnommé « l’Elvis Innu ». Les membres du groupe de Kahnawake The Mighty Mohawks: Indian Showband reprenaient aussi les tubes d’Elvis (dont Jailhouse Rock habillés en prisonniers, mais coiffés de chevelures style mohawk).
Le premier Pow Wow

Pour souligner le 300e anniversaire de la présence sédentaire des Abénakis à Odanak, un grand Pow Wow est organisé pour la première fois à Odanak. Le début d’une tradition qui ne s’est jamais arrêtée par la suite… Malgré une pression pour s’adapter à la culture de pow wow de l’ouest (tambours collectifs, jingle dancers, etc.), le pow wow célèbre chaque année la culture traditionnelle des Abénakis, avec des chants et danses abénakis.
Catégories: Abénakis, Évènements généraux
Save James Bay Fund

En 1973, Hydro Québec lance son projet de construction hydroélectrique dans la Baie James. Pour défendre les Cris vivant dans la région, le festival bénéfice pour le Save James Bay Fund rassemble une multitude d’artistes de différentes nations, dans l’ancienne aréna de 4 000 places Paul-Sauvé. Parmi les artistes présents, on retrouve Alanis O’Bomsawin (Abénakis), Willie Dunn (Mi’kmaq), Sugluk (Inuit), des groupes traditionnels autochtones et des artistes allochtones comme Joni Mitchell, Louise Latraverse, Pauline Julien et Gilles Vigneault.
Catégories: Abénakis, Eeyou (Cris), Évènements généraux, Inuit, Mi'kmaq
Le Collège autochtone Manitou
Le Collège autochtone Manitou est considéré comme l’un des berceaux de la scène musicale populaire autochtone au Québec. Ouvert en 1973 à La Macaza, de nombreux artistes et leaders autochtones ont étudié sur les bancs de l’établissement, fondé dans une ancienne base militaire abandonnée. Raison pour laquelle la vie là-bas ressemblait tant à celle d’un village… Des élèves de Nations différentes ont étudié ensemble des savoirs traditionnels enseignés par des anciens. Les matières au programme conjugaient médecine botanique, sculpture de bois ou tannage de peaux, mais aussi comme des cours de photo ou d’audiovisuel. L’ONF a notamment contribué à la réalisation de films 16 mm. Mais l’aventure est de courte durée: le Collège ferme en 1976, non sans avoir fait germé de nombreux leaders autochtones.
Gala Teweikan au Québec – musique autochtone

Dans l’idée de rassembler toutes les nations, la SOCAM lance le Gala Teweikan. Même si l’objectif n’est pas totalement atteint car toutes les nations ne sont pas toutes représentées, l’événement est l’occasion d’instaurer une remise de trophées autochtones, dans la veine des Junos et l’ADISQ.
La musique pour garder le fil des traditions

Les questions identitaires sont complexes pour les jeunes générations, dont le mode de vie est souvent très éloigné de celui des anciennes. Si le contact auprès des aîné(e)s contribue à renforcer leur identité, de plus en plus de jeunes s’identifient à un mouvement panautochtone, qui prône un partage des spiritualités et pratiques culturelles. Une façon de s’inscrire dans un processus de revitalisation et de guérison.
Bien que les nations du Québec conservent leurs cultures locales, les nouvelles générations s’inspirent aussi des traditions de l’Ouest. Très spectaculaires visuellement, elles partagent ainsi le tambour collectif, des danses, le protocole et l’organisation spatiale de leurs célébrations. Le mouvement culturel et spirituel des pow wow fait notamment partie des traditions musicales qui permettent de garder un lien avec le passé.
Contemporain

La relève a de beaux jours devant elle. Les organismes comme Musique Nomade et Wapikoni Mobile forment de nombreux jeunes à devenir des musiciens dans les communautés autochtones partout au Québec. Shauit, Moe Clark, Pakesso Mukash et bien d’autres artistes contemporains mêlent musiques traditionnelles et nouveaux genres – folk, rock, hip hop, reggae… Un métissage au pouvoir de toucher un public de plus en plus large.