Tuer l’Indien dans l'enfant (deuxième partie)
Tuer l’Indien dans l'enfant (deuxième partie)
De 1870 au début des années 1980, au Canada, plus de 150 000 personnes autochtones ont été arrachées à leur famille pour prendre le chemin des internats. La politique d’assimilation forcée visait à éradiquer la langue, la culture et l’identité de peuples amérindiens ainsi qu’à créer une seule nation : une nation sans Autochtones. Pendant plus d’un siècle, ces internats publics, contrôlés par le gouvernement canadien et gérés par l’Église, ont été le lieu d’une éducation forcée qui s’est transformée en politique d’annihilation de la culture autochtone : violence, viols, malnutrition, expériences médicales et stérilisations forcées. Au début du 20e siècle, on estimait à 50 % le nombre d’enfants qui périssaient dans ces internats.
En 1970, le gouvernement canadien a décidé de confier progressivement l’éducation des enfants autochtones à leur communauté, mais il a fallu attendre 1989 pour que le « scandale des pensionnats de la honte » éclate, lorsque Nora Bernard – une Autochtone qui a survécu au pensionnat – a entamé des poursuites contre l’Église et le gouvernement canadien.
Pas moins de 80 000 survivantes et survivants de ces internats se sont alors réunis au sein du plus grand recours collectif jamais intenté au Canada.
En 2008, le premier ministre canadien a présenté des excuses officielles aux peuples autochtones au nom du Canada. La Commission de vérité et réconciliation est actuellement chargée de recenser et d’indemniser les survivants et survivantes des internats. Les auditions de la commission révèlent progressivement des fragments de ce drame. La grande histoire de cette tragédie reste pourtant à raconter.