Une vie démente : un film comme un oiseau rare

Quelle réussite inattendue que ce premier film d’Ann Sirot et Raphaël Balboni
C’est peut-être un des plus grands plaisirs cinéphiles qui soient : découvrir de nouveaux cinéastes dont la patte semble, dès leur premier film, se dévoiler autant que rester en mémoire.
Une vie démente, première réalisation des Belges Ann Sirot et Raphaël Balboni, est de cette trempe.
Au départ, tout est pourtant d’une simplicité folle : Noémie et Alex essayent d’avoir un enfant. Mais la mère d’Alex, directrice d’un centre d’art contemporain, commence à montrer des signes de plus en plus préoccupants d’alzheimer. Sur le sujet, on pouvait pressentir la lourdeur, le drame, les liens faciles entre naissance et mort. Mais il n’en sera rien, car Sirot et Balboni choisissent une voie inhabituelle pour l’évoquer : celle de la fantaisie légère et inventive. Mais cela ne voudra pas dire qu’on prendra tout par-dessus la jambe. Au contraire. Et c’est bien ce qui rend Une vie démente aussi charmant que touchant.

Cette tendresse pleine de surprises, c’est d’abord à la mise en scène qu’on la doit.
Tonique, claire, colorée, elle nous épate par sa créativité qui conçoit ses effets comme des soutiens – et pas des paravents – au récit. Mention toute spéciale aux tableaux utilisés pour illustrer les rencontres avec le médecin, le banquier, tristes passages obligés qui deviennent alors des outils de rythme fabuleux.
Mais surtout, ce ton si chaleureux, si bien trouvé, on le doit à la spontanéité merveilleuse des interprètes – Lucie Debay, Jo Deseure et Jean Le Pelletier –, qui ont improvisé la plupart des dialogues sur une structure qui, elle, était scénarisée.
De la beauté, de la simplicité, de l’inventivité et des acteurs et actrices à leur meilleur : les ingrédients sont là pour réussir une chronique remplie d’amour, de bienveillance et d’humour.
Mieux, ils sont là pour nous aider à découvrir ce véritable oiseau rare de film!
La bande-annonce (source : YouTube)
