Martin Dubreuil fois trois

Il est sauvage, punk et passionnant. Découvrons l’un de nos acteurs les plus singuliers en trois rôles marquants.
Il a commencé enfant, avant qu’on ne le voie grandir sur grand écran sous les yeux de Pierre Falardeau, Podz, Karl Lemieux et de multiples courts-métragistes.
Iconoclaste et poétique, Martin Dubreuil (que l’on a aussi vu en 2023 dans Une femme respectable et Le temps d'un été) a ce qu’on peut appeler une gueule de cinéma .
Voici au moins trois rôles puissants où le constater.

Cauchemar mythique et Charlie Chaplin, dans La grande noirceur, de Maxime Giroux (2019)
À voir sur ICI Télé le vendredi 22 janvier, à 23 h 05
C’est un imitateur de Charlie Chaplin en errance dans le désert de l’Ouest américain. Mais aussi un déserteur qui a préféré la fuite plutôt que la conscription canadienne. Et surtout un symbole : celui d’un Québec perdu, parfois même humilié, face à la toute-puissance et à la sauvagerie états-uniennes. Pour un acteur normal , cela ferait beaucoup. Pour Martin Dubreuil, c’est le contraire.
Habité, terrien autant qu’il sait être burlesque, intense ou fantomatique, il se promène dans ce film à la beauté maladive et à l’angoisse sourde en servant de génial catalyseur à réflexion et à pure liberté.

Poésie et anticonformisme, dans À tous ceux qui ne me lisent pas, de Yan Giroux (2018)
La rencontre entre Dubreuil et le poète maudit Yves Boisvert semblait inévitable tant le rôle lui va comme un gant.
Logiquement récompensé du prix Iris du meilleur acteur, il y trouve en effet de quoi exprimer, avec 1001 subtilités, les états tantôt rageurs, tantôt abattus, tantôt militants de cet artiste marginal et radical. Distillant une énergie folle, parfois aux limites de la transe, il est alors le dépositaire ultra-convaincant d’une charge contre l’indifférence et d’un plaidoyer pour la survie d’une culture anticonformiste. Un film autant qu’une performance d’une rare vitalité, d’une rare émotion.

Tendresse et frontières abolies dans Félix et Meira, de Maxime Giroux (2014)
Lui est un jeune héritier célibataire et sans horizon fixe. Elle, une épouse et mère de famille juive hassidique. Ces personnages ne devraient jamais se rencontrer, et pourtant, au détour d’une rue du Mile-End, à Montréal, ils vont se croiser, et leurs mondes en seront chamboulés.
Face à une Hadas Yaron formidable de force et de vulnérabilité mêlées, Dubreuil révèle une nouvelle facette de sa personnalité d’acteur : celle de l’amoureux, tendre et délicat, dans un film aussi sensible que pudique. Ce qui lui va à merveille.
Compléments:
La grande noirceur, de Maxime Giroux, sur ICI Télé le vendredi 22 septembre, à 23 h 05.
La bande-annonce (source : YouTube):
