Sailor et Lula (Wild at Heart) en trois scènes cultes

La Palme d’or de David Lynch, pleine de sexe, de sang et de soufre, est diffusée sur ICI Télé le dimanche 11 juin, à 22 h 35.
- "Hey, ma veste en peau de serpent! Merci, Bébé. Je t’ai déjà dit qu’elle était un symbole de mon individualité et de ma croyance en la liberté personnelle? (Sailor)
- Au moins 50000 fois." (Lula)
En 1990, c’est Bernardo Bertolucci, président du jury du Festival de Cannes, qui remet à David Lynch sa première Palme d’or pour son cinquième film, Sailor et Lula.
Film noir autant que romance passionnée, délire surréaliste où apparaissent des fées-sorcières et des tueuses à pied bot autant que transe hypnotique où Elvis et Le magicien d’Oz sont convoqués, cette œuvre est bien ce qu’on peut appeler un film culte.
La preuve en trois scènes démentes.

Le feu du générique d’ouverture
En gros plan, une allumette s’embrase. Et tandis que la musique orchestrale triste et inquiétante d’Angelo Badalamenti retentit, c’est tout l’écran qui est envahi par un feu ardent sur lequel le nom des interprètes défile.
D’emblée, le ton est donné: Sailor et Lula sera un film brûlant, sauvage et aussi dangereux qu’attirant.
La suite de la fable trash et rose le confirmera alors que les deux protagonistes, qui s’aiment d’un amour fou, prennent la fuite pour échapper à… la mère de Lula, une psychopathe de première, dont le mari, il faut le rappeler, a déjà péri par le feu.

Nicolas Cage chante Love Me, d’Elvis Presley
En fuite d’un patelin entre la Caroline du Nord et du Sud vers la Californie, Sailor, portant sa veste en python, et Lula, habillée d’un soutien-gorge en cuir et de collants en dentelle, s’arrêtent pour danser dans un bar punk-rock où la musique survoltée déchaîne encore plus leurs passions. Or un autre danseur s’approche trop près de Lula, et après lui avoir réglé son compte, Sailor – nonchalant et suave Nicolas Cage – s’empare d’un micro pour chanter du Elvis à sa douce, blonde et longiligne (fabuleuse Laura Dern), dont les déhanchements lascifs feraient rougir un mort.
L’amour, dans Sailor et Lula, est érotique et candide, musical et violent. Un mélange que seul Lynch pouvait réussir.

Bobby Peru agresse Lula
Sailor et Lula regorge de seconds rôles hallucinants, emblématiques du grand cirque bizarre et fascinant lynchien. Cependant, Bobby Peru est peut-être leur maître à tous.
Affublé de chicots pourris, portant une fine moustache et le cheveu gominé, Willem Dafoe est insensé de présence troublante.
C’est le cas plus particulièrement dans cette scène où il rejoint Lula dans sa chambre de motel et l’attrape par la gorge en murmurant des insanités à quelques centimètres de son visage. Cette scène terrible finira dans un grand moment d’émotion alors que Lula, bouleversée, claquera ses chaussures rouges l’une contre l’autre, espérant – comme nous pour elle – pouvoir enfin voir ses souhaits exaucés… comme Dorothy avant elle.
Compléments:
Sailor et Lula, sur ICI Télé le dimanche 11 juin, à 22 h 35.
La bande-annonce (source: YouTube)
