La déesse des mouches à feu : une adolescence de bruits et de fureur

Quand Anaïs Barbeau-Lavalette adapte Geneviève Pettersen, le résultat reste en mémoire.
Sept prix Iris (dont celui du meilleur film) ou encore un prix de la critique au Festival de Berlin plus tard, voilà La déesse des mouches à feu débarquer sur nos petits écrans. Et, même trois ans plus tard, l’effet est toujours saisissant. Notamment grâce aux talents des différentes déesses impliquées dans ce projet : Geneviève Pettersen qui avait écrit ce roman au succès-monstre, Catherine Léger (Charlotte a du fun, Babysitter) au scénario et Anaïs Barbeau-Lavalette (Le ring, Inch’Allah) à la réalisation.
Trois femmes réunies, donc, pour tenter de percer le mystère de Catherine, 16 ans qui comme toutes les ados (même si elle vit au Saguenay dans les années 90) cache derrière de multiples expérimentations toxiques et dangereuses une réelle souffrance.
Car sous la pression des engueulades constantes de ses parents – et de leur éventuelle séparation -, Catherine se met à fréquenter une nouvelle bande qui lui fait découvrir la dope, le party, la violence… Et elle y plongera tête et sensation premières.

Des cris et du choc, voilà bien ce que La déesse des mouches à feu dépeint par une mise en scène impressionniste, souvent fébrile, voire fougueuse qui déploie un regard cru assez inhabituel sur la jeunesse québécoise. Car ce regard, soyons honnêtes, c’est plus souvent du côté des Britanniques (comme dans la série Skins) qu’on a pu le voir. Mais si cette façon de montrer ne porte pas d’oeillères, bien heureusement, elle n’empêche pas l’émotion.
Car derrière ces scènes souvent crève-cœur, presque lyriques dans leur violence, ce que l’on voit en premier lieu, c’est le talent des interprètes qu’Anaïs Barbeau-Lavalette a choisis. Normand D’Amour (et une interprétation d’Ayoye qui donne des frissons) et une étonnante Caroline Néron dans les rôles difficiles de ces parents au bord de l’implosion, mais surtout Kelly Depeault que l’on découvrait alors sur grand écran.
Incandescente, magnétique, charismatique, elle est Catherine jusqu’au vertige, transformant la douleur de cette jeune fille en matière brute que son être entier jette au visage du public. Impossible d’y rester insensible.
Complément:
La déesse des mouches à feu, à voir sur ICI Tou.tv Extra
La bande-annonce (source : YouTube)
