Mon année Salinger : tonus, littérature et… Sigourney Weaver!

Un pas de côté singulier pour célébrer le génie de J. D. Salinger, à voir sur ICI Télé le 26 mai, à 20 h
Nous sommes dans les années 90. Joanna, étudiante à Berkeley, est comme de nombreuses jeunes filles de son âge, habitée par un rêve : celui d’écrire.
Mais avant de vivre de sa plume, elle se rapproche de son rêve en trouvant un petit boulot dans une maison d’édition new-yorkaise où elle assiste l’agente d’un des génies littéraires du siècle : le reclus et mystérieux J. D. Salinger.

Philippe Falardeau et les mythes
Nouvelle incursion de Philippe Falardeau sur le territoire du cinéma américain (après The Bleeder et The Good Lie), Mon année Salinger, adapté du roman autobiographique de Joanna Rakoff, a dès le départ l’ambition de se frotter à trois mythes : le New York littéraire (l’entrée de notre jeune héroïne dans les locaux du New Yorker est filmée comme si elle découvrait le Saint-Graal); les aspirations littéraires des jeunes gens (qui mangeraient du foin s’il le fallait pour voir leur prose enfin imprimée) et bien sûr ce mythe ultime qu’est J. D. Salinger, figure absolue du secret dont chaque virgule provoque un attrait irrésistible sur l’imaginaire adolescent. La preuve? Ces lettres qu’il reçoit par sacs entiers au bureau de son éditrice, remplies de secrets et d’intimité, que Joanna est chargée de bloquer.

Un récit d’initiation innocent, mais pas naïf
Bonne pioche, c’est par le biais d’un conte d’initiation (oui, oui, comme dans L’attrape-cœurs) que Falardeau décortique ces mythes.
Car ce qui séduit en premier lieu dans cette Année Salinger, c’est le ton que le cinéaste trouve, dopant sa Joanna à la candeur et à l’idéalisme. Attachante, la jeune fille l’est. Mais sans tomber dans le panneau du conte de fées non plus.
Car son innocence est accompagnée d’une narration verbomotrice et vive, d’un montage tonique et de couleurs chaudes pleines de relief. Naïve, peut-être, mais pas plate.

Sigourney et Margaret, le duo magique
Entrain et tonus seront donc les maîtres mots de cette aventure (tout particulièrement dans ces mises en séquences de fans écrivant leurs lettres au génie) où une jeune femme se frottera à ses rêves pour mieux découvrir que… On ne vous le dira pas.
Mais ce qu’on vous dira, c’est qu’il n’y avait pas meilleures accompagnatrices pour ce voyage au charme nostalgique certain que Margaret Qualley, dont l’abattage séduit indubitablement, et Sigourney Weaver en impériale agente perdue dans son temps, mais dont l’aura, elle, traverse les années sans effort.
Mon année Salinger, sur ICI Télé le vendredi 26 mai, à 20 h
La bande-annonce (source : YouTube)
