Vacarme : le bruit de l’enfance meurtrie

Un premier film brut, saisissant, à découvrir sur ICI Télé le 24 mars, à 23 h 05
Catimini, 10 ½ et bon nombre de documentaires québécois se sont penchés sur la réalité bouleversante des enfants qu’on place. Vacarme, s’il s’inscrit dans cette lignée, le fait avec une justesse rare.

La colère comme fil rouge
Pour son premier film, le réalisateur Frédérick Neegan Siouï Trudel place côte à côte deux jeunes filles, dans un foyer de la DPJ.
La première, insolente, virevoltante, est prête à tous les excès. Émilie, la deuxième, renfrognée, mutique, et plus jeune, se voit obligée de la suivre, mais sans réaliser toutes les conséquences de ses actions. Mais plutôt que de tabler sur l’opposition un rien binaire et risquer un certain schématisme, le film a l’intelligence de comprendre que ce qui unit ces deux jeunes filles est bien la colère. Même si elles-mêmes ne la reconnaissent pas forcément. Et même si elle s’exprime différemment.

Un personnage de mère rare
Crève-cœur, l’histoire d’Émilie? Oui. Car la jeune fille a été placée à la DPJ à la demande de sa propre mère, incapable de s’occuper d’elle-même, et donc de son enfant. La trahison explique la colère. Mais surtout, Vacarme a la bonne idée de ne pas chercher à circonscrire, expliquer ou légitimer la détresse de la mère. On la devine égocentrique, on soupçonne les carences, on imagine les déceptions dues à une carrière artistique ratée, mais rien ne sera défini, ce qui rend le personnage aussi mystérieux que fascinant. Mieux encore, c’est Sophie Desmarais – rarement vue dans ce genre de rôle – qui lui prête son charisme, la rendant encore plus insaisissable.
Une approche brute et sans concession qui va droit au cœur.

Une jeune actrice et une atmosphère
Mais ce qui emporte indéniablement la donne dans Vacarme, récit d’initiation qui finit bien sûr par trouver sa lumière, c’est à la fois la présence de la jeune Rosalie Pépin, aussi attachante qu’émouvante dans un rôle complexe,
mais aussi la construction d’une véritable atmosphère, dont la noirceur fébrile évoque les meilleurs polars. Un écrin sombre et âpre dans lequel peuvent alors briller tous les reliefs de cette histoire si tragiquement banale.
Vacarme, sur ICI Télé le vendredi 24 mars, à 23 h 05.
La bande-annonce (source : YouTube)
