14 jours, 12 nuits : apprivoiser l’inconnu

Anne Dorval est bouleversante en mère adoptive à la recherche de racines.
On l’a souvent explicité : le chemin vers l’adoption, en particulier internationale, en est un de croix, demandant à ceux et celles qui l’arpentent de déployer des trésors de patience et d’abnégation… et des moyens considérables. Mais même une fois la procédure d’adoption terminée, les enjeux restent nombreux. En particulier lorsqu’une tragédie frappe. C’est ce que peut éprouver Isabelle, océanographe qui vit au Bic et qui a adopté Clara, 17 ans auparavant.
Un drame, donc, qui va pousser Isabelle à vouloir nouer des liens avec l’inconnu, le Vietnam, là où Clara est née, dans l’espoir de retrouver sa mère biologique (personnage dont il faut souligner la complexité et l’originalité).
Entre souvenirs remués, intimité perturbée et vérité impossible à avouer, 14 jours, 12 nuits plonge sans retenue mais avec une vraie sensibilité dans une douleur terrible, sans pourtant ouvrir les portes d’un pathos racoleur ou verser dans d’inutiles effusions. On l’en remercie.

Mis en scène par Jean-Philippe Duval dans un registre plutôt inhabituel chez lui (rappelons qu’il était notamment à la barre de Dédé à travers les brumes ou Chasse-galerie : la légende), le récit imaginé par Marie Vien (La passion d’Augustine) peut compter sur une alliée de taille pour prendre toute son ampleur : Anne Dorval.
Bien sûr, on connaît l’actrice fantasque et drôle, intense et explosive. Mais dans ce registre retenu et intérieur, elle est bouleversante.
Au point même d’éclipser François Papineau, dans le rôle de son mari auquel, c’est vrai, le récit ne ménage pas une grande place.
Car au milieu de ces paysages magnifiques, dont, parfois, la réalisation souligne avec quelques clichés de style le parfum d’exotisme, ou de cette histoire nationale marquée par la guerre et la souffrance, c’est elle qui maintient ce fil passionnant, faisant valser le film entre quête de rédemption, cheminement vers le pardon et l’acceptation, et apprentissage concret de ce que peut être le choc culturel.
C’est elle qui, d’un regard troublé ou d’un sourire à moitié assumé, parvient à broder les thèmes du film avec délicatesse. Elle qui habite les silences de sa présence entière et toujours singulière. Oui, vraiment, Anne Dorval est une grande actrice.
La bande-annonce (source: YouTube)
