Gagarine : vers l’infini et plus loin encore

Un premier film aussi beau qu’inventif, à découvrir sur ICI Télé le dimanche 4, à 23 h 25.
La vie en banlieue… Dieu sait que le cinéma l’a racontée, stigmatisant son potentiel aliénant du côté américain, détaillant sa violence et ses impossibilités d’avenir du côté français. Mais personne encore ne l’avait observée comme le lieu du rêve. C’est pourtant ce que Gagarine, première réalisation de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh (à partir de leur court métrage éponyme), réussit à faire.

Un point de départ parfaitement réel
Gagarine, c’est le nom que porte cette cité en brique rouge située en banlieue parisienne, construite dans les années 60 et inaugurée par le célèbre astronaute Youri Gagarine. En 2014, les autorités prennent pourtant la décision de la démolir.
Et c’est là, dans cet événement tout à fait réel, que commence le récit de ce film étonnant, filmé alors même que les ouvriers arrivent pour commencer le processus de démolition. Car Youri, adolescent un rien pataud, rêveur et attachant, ne peut se résoudre à voir son lieu de vie détruit. Il décide alors qu’il ne quittera pas cet endroit devenu… son vaisseau spatial.

La banlieue, ce lieu où l’on rêve
Regard plein d’empathie et d’imagination sur l’idéalisme adolescent, Gagarine est un film formidablement touchant.
Bien sûr, le spectre de cette destruction à venir pèse, mais c’est surtout l’observation des petits gestes de solidarité, d’entraide, de partage entre ses habitants et habitantes qui marquent. Et pour la première fois, ou presque, dans un film, la banlieue n’est plus ce lieu que l’on veut quitter à tout prix, qui enferme et déshumanise, mais au contraire, un lieu de vie aimé et inspirant.

La poésie du nouveau venu Alséni Bathily
Et celui qui mène cette odyssée insolite, c’est Youri, personnage candide, nourri à l’espoir et à la gentillesse, interprété par le nouveau venu Alséni Bathily, aussi convaincant qu’attachant.
Il est le moteur de ce film à la mise en scène entêtante et au charme rare, capable d’illustrer le plus aérien comme le plus terre à terre. Car la solitude, l’angoisse, la violence ne sont pas évacuées, mais traitées avec une poésie venue d’ailleurs particulièrement réussie. Enfin une victoire de l’imaginaire sur la destruction?
Gagarine, à voir sur ICI Télé le 4, à 23 h 25.
La bande-annonce (source : YouTube)
