La passionnante odyssée à hauteur de femmes de L.A. Tea Time

Inclassable et iconoclaste, le film de Sophie Bédard Marcotte est une bouffée d’air frais.
Au départ, il y a une cinéaste, Sophie Bédard Marcotte. C’est l’hiver gris et plat à Montréal, les rentrées d’argent sont maigres et les jobines en attendant
peu excitantes. Alors Sophie Bédard Marcotte décide de prendre la route. Direction les États-Unis, en compagnie de sa directrice photo, Isabelle Stachtchenko.
Débute alors pour les deux jeunes femmes un véritable périple. Car la route 66 qu’elles empruntent doit les mener jusqu’à Los Angeles dans le but de rencontrer autour d’une tasse de thé l’idole de la cinéaste : l’artiste et réalisatrice Miranda July. Autant aller à la source pour trouver l’inspiration.
La beauté des road-trips, nous rappelle judicieusement L.A. Tea Time, n’est jamais la destination. Car c’est en route que les péripéties et les rencontres, celles-là mêmes qui font tout le sel de la vie, s’accumuleront.
Au gré de vignettes réflexives et pop, le film avance alors en inventant son propre rythme, réfléchissant au passage, avec un bonheur communicatif, sur l’amitié, la création, la réussite et les nouvelles frontières du cinéma.

Car Sophie Bédard Marcotte n’est pas qu’une cinéaste, elle est aussi une formidable inventrice de formes. Dans son film précédent, Claire l’hiver, déjà elle inventait les contours d’un cinéma libre et charmant, se fichant bien de rentrer dans une case. L.A. Tea Time, fiction aux allures de documentaire (ou le contraire), confirme la chose en ne faisant qu’étendre les frontières de cette inventivité réjouissante.
Pour nous, ce voyage où tout devient possible n’en devient que plus passionnant. Car ne se limitant en rien, jouant sans cesse avec les codes et les règles, le film surprend, étonne et charme à chacun de ses arrêts. En particulier lors de délicieux clins d’œil au Magicien d’Oz ou lorsque le fantôme de la grande Chantal Akerman surgit.
Un carnet de voyage ludique et personnel bourré d’humour qui rappelle par la bande que la rencontre avec l’Autre, même fantasmée, est bel et bien source des plus grandes richesses.
La bande-annonce (source : YouTube)
