Julieta : la formidable recette d’Almodovar

Les ingrédients de Julieta, à voir sur ICI Télé le mardi 16, à 9h, sont connus? Tant mieux.
Julieta, une Madrilène, s’apprête à partir s’installer au Portugal avec son amant. Mais à quelques heures du départ, elle change brusquement d’avis, car dans la rue, elle a croisé l’ancienne meilleure amie de sa fille, partie il y a 12 ans sans laisser d’adresse.

Enfin, le drame
La féminité, l’amitié, la disparition, le secret : les thèmes sont almodovariens en diable.
Et si l’auteur espagnol a cette fois adapté trois nouvelles d’Alice Munro, en en transposant le récit de Vancouver à Madrid, c’est avec un bonheur immense que Julieta lui a fait renouer (après la comédie Les amants passagers et le fantastique La peau que j’habite) avec son genre de prédilection : le drame. Et dieu sait que lorsqu’il le teinte de mélo, comme ici, le résultat est irrésistible.

Les relations mère-fille, quel nœud de vipères!
Portée par l’idée magnifique et troublante d’une transmission de la culpabilité entre les générations, Julieta navigue donc dans les mêmes eaux que celles de Volver ou de Tout sur ma mère (même si, il faut être honnête, il n’en atteint ni la puissance ni la profondeur). Celles où les filles et les mères ne peuvent avoir que des relations complexes, celles où les couleurs sont plus tranchantes que pimpantes, celles où la féminité s’exalte dans la douleur. Oui, les thèmes sont connus. Mais Almodovar les maîtrise sur le bout des doigts, capable de condenser une vie en quelques minutes, de laisser les sentiments les plus intenses naître des situations les plus banales en apparence.

Le rouge, toujours
Au son d’une musique follement hitchcockienne et détaillant la couleur rouge comme motif aussi sublime que désespéré, Julieta ne fait pas que célébrer en les détaillant avec empathie les émotions féminines. Il les laisse s’incarner dans des corps et des visages d’actrice inoubliables : Rossy de Palma, méconnaissable, Inma Cuesta, Emma Suarez et Adriana Ugarte aussi fortes qu’émouvantes, aussi vulnérables que libres.
Oui, la recette est peut-être connue. Mais c’est ce qui est si beau du cinéma d’Almodovar : elle est faite avec soin et rassasie à (presque) tous coups.
Compléments:
Julieta sur ICI Télé mardi le 16 août, à 9 h.
La bande-annonce (source: YouTube)
