Le cowboy : cinq choses à savoir sur Chloé Zhao

La cinéaste dévoilait son style unique dans ce film diffusé sur ICI Télé le dimanche 3 juillet, à 23 h 40
Chloé Zhao : depuis quelques années, le nom de cette jeune cinéaste née en Chine et installée à Londres, puis à Los Angeles durant l’adolescence, s’impose de plus en plus. Pourquoi?

En trois films, elle a imposé son style
Son premier, Les chansons que mes frères m’ont apprises, a été présenté à Cannes et à Sundance en 2015. Son second, Le cowboy (sur ICI Télé, le 25 avril, à 23 h 40) a été primé à la Quinzaine des réalisateurs. Et son récent, Nomadland, a gagné l'Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisation (une deuxième dans l'histoire pour une femme), en plus du Lion d’or à Venise et du prix du public au Festival international du film de Toronto (TIFF). Aucun doute à avoir :
Chloé Zhao est du genre qui gagne à tous les coups (sauf peut-être avec Eternals, son film de superhéroïnes pour Marvel... mais est-ce si grave?).

Elle filme le plus dur avec lyrisme
Les réserves autochtones (dans Le cowboy, c’est celle des Lakotas dans le Dakota du Sud) ou les gens marginaux, exclus de la prospérité économique, sont au cœur du cinéma de Zhao. Aucune dureté n’est évacuée. Mais en observant la situation du cowboy victime d’une blessure à la tête qui menace de le priver de rodéo, dont le père ne parvient plus à payer le loyer de leur caravane et dont la sœur souffre du syndrome d’Asperger, c’est la douceur et la puissance lyrique de son regard qui frappent.
Un œil unique qui rend son œuvre aussi belle que sensible, aussi rugueuse que naturelle.

Elle n’hésite pas à faire confiance aux actrices et acteurs non professionnels
Si Nomadland a confirmé au monde entier l'incroyable capacité à se fondre dans le réel de la géniale actrice Frances McDormand, Le cowboy poussait l’idée encore plus loin.
Zhao confiait en effet le rôle de cet homme brisé à Brady Jandreau, membre de la nation sioux des Brûlés et dresseur de chevaux sauvages, victime d’un accident et qui y jouait donc, avec une sensibilité et une présence folles, son propre rôle, comme la plupart de ceux et celles qui l’entourent.

Elle filme les États-Unis comme personne
Quelque part entre la transcendance épique d’un Terrence Malick et le réalisme sans fard d’un John Cassavetes, Chloé Zhao invente ses États-Unis.
Ceux que personne ne regarde de toute façon. Ses États-Unis, ce sont ceux des petits matins blêmes et froids. Le pays des êtres humains seuls et blessés. Le pays des immenses terres rocailleuses et des plaines rases. Le pays des réserves, où le temps semble à la fois impalpable et fini. Un pays en loques, habité de fantômes qui refusent de se l’admettre.

Elle réussit une œuvre célébrant la liberté
Oui, le réel y est présent avec une poésie rare. Oui, la vérité de ce qu’elle montre nous saisit à la gorge. Oui, l’émotion y est de chaque plan.
Mais au fond de son œuvre, ce qui touche le plus est probablement cette ode à la liberté simple et vive que ses films attentifs et sincères chantent.
La main bloquée, la tête emprisonnée, en état de survie, le cowboy pourrait désespérer. Mais il lui restera toujours les galops dans les herbes hautes, et le vent sifflant dans les oreilles qui lui donnent, le temps d’un instant, le sentiment d’être enfin libre. Oui, Chloé Zhao a la grâce.
Compléments:
Le cowboy, sur ICI Télé, le dimanche 3 juillet, à 23 h 40.
La bande-annonce (source : YouTube)
