Perdrix : le charme du décalage

Une histoire d’amour comme seul le cinéma peut en inventer!
« Il se trouve que nous avons un léger problème de nudistes révolutionnaires dans la région. »
Diane a les épaules, Paris pieds nus, Les combattants, Vincent n’a pas d’écailles…
Le cinéma français semble ces dernières années s’être fait une spécialité de revisiter l’idée même de la comédie romantique en en chahutant les codes par un sens du décalage farfelu rafraîchissant, y invitant même parfois le surnaturel.
Perdrix, premier long métrage réalisé par Erwan Le Duc, s’ajoute à la liste.
Dans un petit village des Vosges, région tranquille et boisée, Pierre Perdrix est capitaine de gendarmerie. Père de substitution, il vit avec sa mère, animatrice de tribunes téléphoniques sentimentales à la radio, son frère, scientifique spécialisé dans l’étude de vers de terre, et sa nièce, passionnée de karaté. Mais au milieu de ces êtres singuliers, Pierre, lui, semble s’être un peu oublié. Jusqu’à ce que débarque Juliette, une jeune femme sans filtre, victime d’un vol de voiture par un gang de nudistes révolutionnaires qui terrorisent la région! Ah, oui, pendant ce temps, dans les plaines vosgiennes se tiennent aussi des grandeurs nature de reconstitutions de batailles de la Deuxième Guerre mondiale!

Oui, Perdrix a le sens du décalage chevillé au corps. Rien n’y est attendu ou imaginable. Et tout y est traité avec un sens du banal et du quotidien qui ne fait que souligner la bizarrerie et l’étrangeté, sans pour autant que l’univers n’en devienne bancal.
L’équilibre du vrai et du fou est trouvé, et le film dégage alors un charme particulier, quelque part entre poésie estivale burlesque et absurde tendre et pince-sans-rire.
Mais surtout, Perdrix, soutenu encore par une direction photo pleine de textures et de profondeur et un montage sautillant, parfois brusque, toujours étonnant, peut compter sur l’abattage et le tempo comique unique de ses deux interprètes pour que la sauce prenne : Maud Wyler et Swann Arlaud. Si elle compose une jeune femme insaisissable, loquace et sans gêne avec aplomb, c’est Arlaud, peut-être, qui séduit le plus, réussissant à transformer son gendarme en être lunaire, sincère, doux et gentil dont, sans cesse, on peut sentir la solitude et la mélancolie affleurer.
Oui, quand celles et ceux qui sont bizarres, différents, singuliers s’aiment, le résultat fait des étincelles.
La bande-annonce (source : YouTube)
