3 mots pour décrypter Serpico

Le classique, réalisé par Sidney Lumet en 1973, est diffusé sur ICI Télé le dimanche 8 avril à 23 h 32.
On ne compte plus le nombre de films, partout sur la planète, qui cherchent à mieux comprendre ce qui se trame dans les rangs de la police. Toutefois, aucun n’a la force subversive de l’incroyable Serpico, véritable classique du cinéma mondial. Essayons de comprendre pourquoi en trois mots-clés.

Vérité
Lorsque Frank Serpico sort de l’académie de police, son idéalisme et ses valeurs sont ses meilleurs atouts. Du moins le pense-t-il... Car à peine débarqué dans les forces new-yorkaises, il ne peut que constater que la corruption y gangrène tout. Et, pour lui, il n’y a pas mille solutions : il faut dénoncer.
En soi, le sujet est déjà puissant, mais il se pare d’encore plus de force lorsqu’on réalise que Frank Serpico a bel et bien existé – le film est inspiré par le livre de Peter Maas racontant son histoire – et qu’il a payé cher sa droiture.
Une présence si forte, dans l’imaginaire collectif, que le vrai Serpico a même dû quitter le plateau de tournage où il avait été invité, car il perturbait le travail d’incarnation auquel se livrait Al Pacino...

New York
Serpico est un fier représentant de ce cinéma américain des années 70, en pleine réinvention après des années hollywoodiennes plus classiques. Tournages dans les rues, éclairage naturel, interprétations naturalistes : une cohorte de jeunes cinéastes refait alors du cinéma un lieu d’expression le plus réaliste possible, mais Serpico va peut-être encore plus loin. Et pas seulement parce qu’il relate une histoire vraie, mais parce qu’il fait de New York son cœur.
Tourné sur place, en pleine grève des éboueurs alors que la ville est en quasi-banqueroute, le film – comme Taxi Driver le montrera encore trois ans plus tard – fait de la métropole sale et violente autant le miroir que l’incarnation d’une certaine déliquescence de l’âme même des États-Unis.

Loyauté
Comme dans Le parrain, qui l’a révélé, Al Pacino joue Serpico tel un homme profondément tourmenté. Si sa morale et ses valeurs le guident, il reste aussi hanté par l’idée de dénoncer ses collègues, ses frères policiers. Évidemment, le choix qu’il fera l’ostracisera, pendant 11 longues années.
Et la mélancolie et l’intensité dont Pacino pare le personnage font des miracles pour que ce conflit intérieur soit rendu aussi multidimensionnel que passionnant.
Tellement que Sidney Lumet n’hésitera pas à refaire appel à lui en 1975 pour porter un autre rôle complexe : celui du braqueur aux nobles intentions dans Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon).
Serpico, sur ICI Télé, le dimanche 8 mai à 23 h 32
La bande-annonce (source: YouTube)
