Quand rire et drame riment : Samba et d’autres exemples

À l'occasion de la diffusion de Samba, le dimanche 30 janvier à 0 h 50 sur ICI Télé, voici une petite revue de films qui ont su nous faire rire en nous faisant pleurer (ou le contraire).
Peut-on rire de tout? La question est peut-être galvaudée. Mais ces cinq films ont réussi à y répondre tout de même.

Rire avec la situation des sans-papiers: Samba, d’Oliver Nakache et Éric Toledano (2014)
Après l’immense succès d’Intouchables, le duo de cinéaste retrouve l’intensément charismatique Omar Sy pour le transformer en immigré sans-papiers sénégalais vivotant de boulots précaires depuis 10 ans en France. Et là encore, ils réussissent l’impossible : traiter d’un sujet foncièrement dramatique (adapté d’un récit de Delphine Coulin, bénévole durant cinq ans auprès de sans-papiers) en adoptant un tempo de comédie (tant dans le montage que dans les dialogues et situations).
Sans rien minimiser ni ridiculiser, Samba est en fin de compte à l’image de son interprète principal : un doux mélange d’ironie, de candeur et de charme pudique.
Sans oublier une Charlotte Gainsbourg étonnante dans un rôle tissé à l’humour noir et à la dépression!

Rire dans un camp de concentration: La vie est belle, de Roberto Benigni (1998)
En 1998, Roberto Benigni réussit l’impossible : une comédie, enlevée et poétique, dans l’univers atroce des camps de concentration, où vont se retrouver un père et son fils en 1943.
Ramenée à hauteur d’enfant, l’Histoire prend alors des allures de leçon de vie, sans qu’une seule seconde de ce récit soit trivialisée ou banalisée. Un coup de maître, récompensé un peu partout (dont aux Oscar et à Cannes), capable de prouver que les plus belles des résistances à l’horreur sont bien l’humour et la tendresse.

Rire du racisme: Le shérif est en prison, de Mel Brooks (1974)
L’humour est peut-être plus assumé dans cette farce géniale, signée Mel Brooks, qui évoque l’arrivée dans un petit village frontalier de l’Ouest américain (dont tous les habitants sont blancs) d’un shérif noir, en 1874. Anachronisme, satire, burlesque : toute la fine équipe du film s’en donne à cœur joie (en particulier Brooks dans le double rôle d’un gouverneur pétomane et d’un chef autochtone parlant le yiddish).
Mais les rires ne font pourtant pas oublier le véritable propos de cette satire irrésistible : dénoncer le racisme qui gangrène les États-Unis depuis trop longtemps.

Rire du terrorisme: We Are Four Lions, de Chris Morris (2010)
S’il y a bien une chose qui, a priori, ne prête pas à rire, ce sont les attentats terroristes. Pourtant, les Anglais, qui, décidément, ne reculent devant rien en matière d’humour, ont osé.
Et le résultat est impayable. Il met en scène quatre jeunes hommes trop stupides pour réussir à mener à bien leur projet de devenir des soldats du djihad sur le territoire britannique… et vogue la galère de cette comédie corrosive, pleine d’acidité et de mauvais esprit, et qui redonne tout son sens au mot cathartique
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Rire de la criminalité: Neuf mois ferme, d’Albert Dupontel (2012)
Une juge célibataire découvre qu’elle est enceinte. Encore plus troublant : les tests de paternité désignent, sans doute possible, un criminel endurci comme père, alors qu’elle ne se souvient de rien. Que s’est-il passé? Comment la loi a-t-elle pu s’acoquiner au plus illicite?
Albert Dupontel s’offre le rôle du fou dangereux et confie à Sandrine Kiberlain celui de la juge tout en tricotant sur un rythme effréné un récit où la tragédie et la comédie deviennent les meilleurs amis du monde et où les injustices, nombreuses et parfois insoupçonnées, sont dénoncées avec force.
Samba, sur ICI Télé, le dimanche 30 janvier à 0 h 50. La bande-annonce (source : YouTube)
