Au poste! : bienvenue en Absurdie

Quentin Dupieux + un poste de police + un tête-à-tête = beaucoup de joie.
Depuis son premier long métrage – Steak, en 2007 –, le réalisateur français Quentin Dupieux a établi son fonds de commerce : l’absurde, l’absurde et encore l’absurde, parfois pour le simple plaisir de l’être, d’ailleurs (pensons à Rubber et ses aventures délirantes d’un pneu tueur en série…).
Néanmoins, Au poste! décale un tout petit peu la donne, juste assez pour que le film provoque autant d’étonnement que de pure jubilation, tout en se rendant moins hermétique que ses prédécesseurs.
Les ingrédients en sont simplissimes. Dans le décor pour le moins sommaire d’un poste de police, un commissaire interroge un suspect en garde à vue. Mais – et c’est là tout le génie de Dupieux – point de crescendo dramatique, de suspense arrangé avec le gars des vues, de plongée visqueuse dans les tréfonds de l’âme humaine. Non : Au poste!, ce seront plutôt des mises en abyme de mises en abyme astucieuses, des jeux spatio-temporels déments et de l’humour farfelu à tous les étages.

Commençant comme une parodie bon enfant des films policiers des années 70, le film s’éloigne alors des traditionnels codes du genre pour plutôt mettre nos deux zigotos en face du plus quotidien, du plus banal, du plus débile.
Et c’est alors à un genre de ping-pong entre les deux hommes, dopé à l’imaginaire et à l’inventivité, que nous assistons; souvent hilares, il faut le préciser. Car le principal moteur d’Au poste!, c’est le texte, virevoltant, verbomoteur et surprenant, remplaçant heureusement les habituelles béquilles visuelles de Dupieux.
Bien évidemment, ce genre de projet ne peut tenir que par l’abattage de ses comédiens et comédiennes. Sur ce point, Dupieux se (et nous) gâte :
entre les émérites Benoît Poelvoorde, génial en Belmondo des pauvres, et Anaïs Demoustier, irrésistible, il fait aussi découvrir Grégoire Ludig, humoriste au sens du rythme comique aussi parfait qu’inattendu.
Oui, nous sommes au poste, c’est garanti.
La bande-annonce (source : YouTube)
