All You Can Eat Bouddha : voyage en terre inconnue

Le premier film de Ian Lagarde est un ovni, à voir sur ICI Télé le 21 janvier à 23 h 34
Dans All You Can Eat Bouddha, sorti sur les écrans en 2018, il y a un tout-inclus dans les Caraïbes, des violons stridents, un homme (formidable Ludovic Berthillot, acteur français qui portait déjà sur ses larges épaules l’épatant Roi de l’évasion, d’Alain Guiraudie) qui mange et mange et mange encore au point de s’attirer ennemis et admiration, des surimpressions, de l’aloès pour soigner les brûlures et une pieuvre géante qui parle. Entre autres…
Car ce qu’il y a surtout, dans ce premier long métrage réalisé par le directeur photo Ian Lagarde (pour Vic+Flo ont vu un ours ou À tous ceux qui ne me lisent pas), c’est un univers à la fois éclaté et parfaitement maîtrisé, nous aidant à naviguer vers des rives d’un surréalisme qu’Alejandro Jodorowsky ne renierait pas.

Un appel d’air rafraîchissant
Satire autant qu’expérimentation formelle, objet fantastique et mental aux contours aussi déroutants que fascinants que le cinéma québécois produit peu, All You Can Eat Bouddha est assurément un ovni.
Et il faut l’avouer, dans une cinématographie où l’on préfère en général les drames de cuisine taiseux, il fait un bien fou.
Comme un appel d’air vers un ailleurs que l’on ne s’autorise pas si souvent à fréquenter.

L'imagination au pouvoir
Comme Buñuel ou Marco Ferreri en leurs temps, comme tous ces cinéastes rares dont les films semblent une transposition de l’expression « l’imagination au pouvoir » et qui paraissent avoir la subversion chevillée à la lentille, Ian Lagarde conçoit clairement le cinéma comme un lieu d’expérimentations autant que d’évasion.
Le mot est peut-être cliché, mais il va comme un gant à All You Can Eat Bouddha : le film est bel et bien une expérience, onirique et sensitive, charnelle et spirituelle.

Fantastique, existentialisme et symbolisme
Mêlant à une certaine idée de la fin du monde une critique à peine voilée de la société de consommation et un regard perçant sur les relations humaines, cette expérience, qui fait exploser l’idée même de narration classique, transforme alors cette station balnéaire cubaine en incubateur à absurdité, en terreau fou où poussent fantastique, existentialisme, et symbolisme.
Et lorsque le cinéma refuse autant les carcans et les conventions, qu’il ose se découvrir ainsi de nouveaux horizons, de nouveaux rêves, qu’il expérimente de la sorte la liberté, on ne peut que s’enthousiasmer. Et attendre la suite.
All You Can Eat Bouddha, sur ICI Télé le 21 janvier à 23 h 34
La bande-annonce (source: YouTube):
