Zombies, panache, humour: bienvenue dans Les affamés de Robin Aubert

Comment ça, le cinéma québécois n’en est pas un de genre?
Le cliché circule depuis tant d’années maintenant qu’on pourrait presque le penser vrai. Le cinéma québécois en est un rural, taiseux, naturaliste, se concentrant sur des drames de cuisine ou des histoires de famille. Mais comme toute idée reçue, il suffit de peu pour lui tordre le cou. Et Les affamés (comme d’autres avant lui, de Gina à Turbo Kid) fait partie de ces films monstrueusement merveilleux qui rappellent que le cinéma québécois en est d’abord un de la variété.
Un film de zombies, donc. Signé Robin Aubert en plus, lui qui avait justement commencé sa carrière de cinéaste en optant pour le cinéma de genre baroque et stylisé (Saint-Martyr-des-Damnés). Mais cette fois, finis les effets de style et la débauche,
les zombies version Aubert sont plutôt ramenés à l’essentiel : le réalisme (le vrai est le meilleur ami du genre, et Aubert plante ses crocs dans une campagne québécoise vide et immobile, tout ce qu’il y a de vraisemblable) et les touches de surnaturel amenées avec soin et parcimonie.
Compléments:

Comme un chasseur armé d’une caméra, Aubert guette alors ces zombies qui rôdent, tandis que les personnages – des Madame et Monsieur Tout-le-Monde transformés en survivantes et survivants parce que nécessité fait loi (en particulier Brigitte Poupart dans un rôle de femme forte qui se révèle à elle-même) – mangés à la sauce des frères Coen deviennent aussi drôles qu’attachants. Mention spéciale au cadet qui joue à faire peur sans réaliser ce qui se trame dans les bois…
Panache, aplomb, humour, touches de gore (même si le pire reste hors champ) et finale portant à réflexion : non, Les affamés n’a pas fait que prouver que le film de zombies avait sa place dans le cinéma québécois.
Il a tout simplement prouvé que Robin Aubert était un cinéaste attentif et doué qui nous donne faim de découvrir ses prochaines aventures.
La bande-annonce (source : YouTube).
