Ce sont d’abord ses yeux qui frappent. Évidemment. Ses yeux d’un bleu clair où se reflètent le ciel, l’eau et tout ce qui rend notre monde un peu plus beau. Ses yeux lumineux et rieurs auxquels on s’accroche le temps de ce film merveilleux, pour mieux panser les maux d’une société qui oublie autant qu’elle discrimine.

Oui, Je m’appelle humain est un documentaire qui fait du bien. Comment pourrait-il en être autrement alors qu’il fait le portrait, en sa compagnie si attachante, de la poétesse innue Joséphine Bacon?

Superbement regardée et accompagnée par Kim O’Bomsawin (Ce silence qui tue) qui fait de ses images un cocon doux et transcendant, elle remonte alors pour nous le fil de ses souvenirs, de son arrivée à Montréal dans les années 60 à son retour sur sa terre natale, dans le Nushimit, sur la Côte-Nord.

Les paysages du Nord, magnifiquement mis en images, contrastent bien sûr avec plusieurs documents d’archives, souvent durs, évoquant les pensionnats ou l’inhospitalière Montréal où elle arrive jeune femme.

Mais son regard d’aujourd’hui sur ce passé douloureux n’est pas amer ou revanchard. Au contraire. Il est plein de cette humanité bienveillante et de cette envie de partage qui caractérise ces récits, et qui permet de croire, en toute lucidité, en des lendemains qui chantent.

« Je suis la survivante d’un récit qu’on ne raconte pas », dit-elle. Mais – et c’est tout l’intérêt de Je m’appelle humain –, à travers son parcours, c’est bien son histoire et la nôtre qui sont racontées. L’histoire d’une femme qui a publié pour la première fois en 2009, sans jamais avoir pensé être poétesse, et qui nous permet, à travers ses souvenirs et ses mots, de mieux comprendre la culture autochtone, elle qui se bat sans relâche pour la transmission de la langue et du patrimoine de son peuple.

Oui, ce sont bien les yeux de Joséphine Bacon qui frappent.

Car dans ces yeux, trésors d’intelligence et de douceur, véritables remèdes à la tristesse, ce qu’on trouve est plus précieux que l’or et les richesses. Ce que l’on y trouve se nomme l’espoir.

Et nous ne remercierons jamais assez Bacon et O’Bomsawin de ce don qu’elles nous ont fait.

Je m’appelle humain, sur ICI Tou.tv. La bande-annonce (source : YouTube)