Pieds nus dans l’aube : quatre questions à Roy Dupuis
Dans Pieds nus dans l'aube, sur ICI Télé vendredi 15 janvier, à 23 h 05, l'acteur joue le père de Félix Leclerc sous l'œil du fils de ce dernier, devenu cinéaste.
C’est un film doux, bienveillant. Un film sur l’enfance, en 1929, d’un homme qui allait incarner le Québec, sans jamais le chercher ou le forcer. Un film qui, à sa façon tendre et impressionniste, fantasme une identité québécoise belle et touchante, fondée sur un respect de la nature et de l’autre aussi fondamentale qu’inspirante. Cette identité, ces valeurs, ce sont entre autres celles du père de Félix Leclerc, qu’il lui a transmises. Dans Pieds nus dans l’aube, adapté du roman de Félix Leclerc par son fils Francis, c’est le toujours aussi charismatique, mais beaucoup moins bourru Roy Dupuis, qui interprète Léo Leclerc. Nous avons rencontré l’acteur.

Après Mémoires affectives et Un été sans point ni coup sûr, c’est votre troisième collaboration avec Francis Leclerc. Qu’est-ce qui vous plaît dans sa façon de travailler?
Roy Dupuis: C’est lui, d’abord. L’homme me plaît beaucoup. Et puis, pour Mémoires affectives, c’est un des premiers films où, quand j’ai vu le résultat, ça dépassait ce que j’avais imaginé. C’est un des premiers réalisateurs qui m’ont vraiment surpris. À partir de là, j’ai eu un immense respect pour lui. Et donc, depuis, ça va de soi pour moi de travailler avec lui. Ça serait difficile de lui dire non.
Je suis presque sûr que si Pieds nus dans l’aube avait été réalisé par quelqu’un d’autre, je ne l’aurais pas fait. Et puis, savoir qu’il a pris l’histoire de son père pour en faire un film, qu’il y a réfléchi longuement et qu’il m’a donné ce rôle-là, en me donnant le scénario le jour de ma fête…
Il m’a offert Léo et ça me touche, parce que je sais à quel point c’est important pour lui. Il a appelé son fils Léo! Même si je n’avais jamais lu Pieds nus dans l’aube, je savais ce que ça représentait pour lui, à quel point ce personnage était important à ses yeux. C’est un cadeau et une preuve d’amitié et de respect qu’il m’a donnés.

Est-ce que là aussi le résultat a dépassé vos attentes?
R.D.: Un peu quand même. Même si c’est sûr que maintenant, je suis plus habitué à travailler avec Francis donc je savais un peu plus ce que ça allait être. Et puis, il y a toujours une dimension artistique forte dans son travail. C’est un beau film, ce n’est pas cucul. Mais je trouve surtout qu’il y a quelque chose d’audacieux aujourd’hui à faire un film aussi simple. Après avoir lu le scénario, un des aspects que j’ai aimés et que je trouvais importants, [c’est la place et le rôle de Léo].
C’est que j’ai l’impression qu’au Québec, en tout cas dernièrement, on n’a pas beaucoup de beaux modèles d’hommes et de pères, dans notre cinéma ou même à la télévision. C’est important qu’on ait des modèles d’hommes sains, solides, créatifs et passionnés, qui ne sont pas plates.
Pas juste des pères qui trompent leurs femmes, les battent ou sont alcooliques. Là, je trouvais qu’il y en avait un et le défi était là.

Avant d’interpréter son père, que représentait Félix Leclerc pour vous?
R.D.:
C’est un père. Un modèle. Une de nos marches d’escalier dans l’évolution de notre société, un de nos piliers. C’est un de ceux qui nous rendent fiers.
Bon, c’est sûr, Léo, son père, pas grand-monde le connaît, mais je savais qu’il avait une importance pour Francis. Je pensais surtout à lui faire plaisir, qu’il soit content. Avec le recul, j’ai vu le film et je suis fier. Ça aurait pu être un bonhomme plate! Il est tellement sain, Léo, tellement bon, mais je suis fier parce qu’on sent quand même quelque chose qui émane de lui, une animalité. Il reste vivant. Et il est très masculin. Et ça, j’aime ça. Il l’est, sans gêne, et je trouve ça beau. Et important. Le cinéma, c’est un peu ça aussi : offrir des modèles.

Finalement, votre chanson préférée de Félix Leclerc, c’est laquelle?
R. D.: Bozo, je pense. Ou Le p’tit bonheur. Ce sont les premières qui me viennent en tête. Probablement parmi les premières que j’ai apprises. Ça ramène des souvenirs d’enfance, d’Abitibi, du bois. J’associe beaucoup Félix au bois. Et puis, c’est quelqu’un qui a toujours été là. Je ne me suis jamais acheté un disque de Félix, mais il a toujours été là, par vagues. À l’école, à la radio. C’est quelqu’un qui fait partie de nous.
Complément
Pieds nus dans l’aube, sur ICI Télé vendredi 15 janvier, à 23 h 05.
La bande-annonce (source : YouTube)
