Gala Québec Cinéma 2020 : qui va gagner?
Les nominations sont connues, les trophées seront remis, mais qui l’emportera? Nous tentons quelques prédictions.

Les nominations sont connues, les trophées seront remis, mais qui l’emportera? Nous tentons quelques prédictions.
L’année cinéma aura assurément été celle des femmes. Enfin, les réalisatrices québécoises ont pu montrer ce qu’elles avaient dans la tête, et le résultat a été plus qu’à la hauteur des attentes, entre la folie douce d’une Monia Chokri, l’extrême sensibilité d’une Louise Archambault, l’héroïsme plein de panache de Sophie Deraspe ou l’humanisme sans mièvrerie de Myriam Verreault. Mais parmi tous leurs films, qui chacun vient prouver la formidable diversité de tons, de genres et de styles de notre cinéma, lequel pourra repartir couronné? On sort notre boule de cristal.

Meilleur film : sont nommés
- Antigone, de Sophie Deraspe
- Fabuleuses, de Mélanie Charbonneau
- La femme de mon frère, de Monia Chokri
- Il pleuvait des oiseaux, de Louise Archambault
- Jeune Juliette, d’Anne Émond
- Kuessipan, de Myriam Verreault
- Mafia inc., de Podz
La compétition est rude! Entre succès critiques, de festivals ou publics, tous ces films ont pu se tailler une belle place dans l’imaginaire collectif. Mais puisque dans de tels cas, le cœur doit parler, nous donnerons le prix à Kuessipan, œuvre audacieuse et riche, intime et collective qui chronique le quotidien de deux jeunes filles dans une réserve, en réussissant autant une adaptation de haut vol (du récit de Naomi Fontaine) qu’un travail de direction (et de découverte!) d’actrices remarquable.

Meilleur premier film : sont nommés
- Mad Dog Labine, de Jonathan Beaulieu-Cyr et Renaud Lessard
- Sympathie pour le diable, de Guillaume de Fontenay
- Le vingtième siècle, de Matthew Rankin
Une balade en Outaouais, une virée guerrière à Sarajevo ou un délirant voyage dans l’histoire canadienne? Si chacun peut prétendre au prix, nous le remettons à Matthew Rankin, dont la singularité, la cinéphilie décalée et la création d’un univers puissant et singulier alors qu’il évoque la vie fantasmée de William Lyon Mackenzie King ont marqué cette année cinéma de sa différence géniale!

Meilleure réalisation : sont nommées et nommés
- Monia Chokri, La femme de mon frère
- Guillaume de Fontenay, Sympathie pour le diable
- Sophie Deraspe, Antigone
- Matthew Rankin, Le vingtième siècle
- Myriam Verreault, Kuessipan
L’absence de Xavier Dolan dans cette catégorie en a surpris plusieurs. En effet. Mais manqueraient aussi, si nous étions honnêtes, Sophie Bédard Marcotte (L.A. Tea Time) ou Matthew Rankin (Le vingtième siècle), dont l’inventivité formelle avait de quoi séduire. Cela dit, parmi les nominations, personne ne démérite et le prix coifferait très bien les efforts de Monia Chokri, qui, pour une première fois, a épaté, en créant un univers décalé, vintage, drôle et mélancolique, au charme formel indéniable.

Meilleur scénario : sont nommées et nommés
- Louise Archambault, Il pleuvait des oiseaux
- Jean Barbe, Guillaume de Fontenay, Guillaume Vigneault, Sympathie pour le diable
- Sophie Deraspe, Antigone
- Anne Émond, Jeune Juliette
- Naomi Fontaine, Myriam Verreault, Kuessipan
Entre deux adaptations, notre cœur balance. Car tant Myriam Verreault que Sophie Deraspe auront fait preuve d’intelligence et d’inventivité en tirant la substantifique moelle d’œuvres complexes. Mais en l’adaptant à une réalité contemporaine, en faisant se fondre les contours d’une tragédie classique dans ceux de la question fort épineuse de l’immigration et surtout en inventant une figure d’héroïne moderne, Sophie Deraspe se sera assurément démarquée cette année.

Meilleure interprétation féminine : sont nommées
- Anne-Élisabeth Bossé dans La femme de mon frère
- Anne Dorval dans 14 jours, 12 nuits
- Léane Labrèche-Dor dans Le rire
- Andrée Lachapelle dans Il pleuvait des oiseaux
- Noémie O’Farrell dans Fabuleuses
On voit mal comment le prix échapperait à la regrettée Andrée Lachapelle. Fragile, émouvante, d’une douceur enfantine cachant à peine de profondes failles, elle pare son personnage de vieille dame devenant ermite en forêt d’une aura bouleversante. Mais le travail de Léane Labrèche-Dor, notamment dans la première scène guerrière du Rire, alors qu’elle fait partie d’un groupe de personnes condamnées d’une exécution, mériterait à lui seul plus qu’une mention.

Meilleure interprétation masculine : sont nommés
- Robin Aubert dans Jeune Juliette
- Marc-André Grondin dans Mafia inc.
- Patrick Hivon dans La femme de mon frère
- Niels Schneider dans Sympathie pour le diable
- Gilbert Sicotte dans Il pleuvait des oiseaux
À tout seigneur, tout honneur? Probablement. Car là encore, c’est bien Gilbert Sicotte, imposant de force tranquille, qui semble favori. À moins que Niels Schneider, impressionnant dans le rôle peu évident – car peu aimable et tête brûlée – du reporter de guerre Paul Marchand, ne séduise? Cela dit, on pourra regretter qu’une nomination ait échappé à Dan Beirne, impeccable de candeur perverse – ou le contraire – dans l’incomparable Le vingtième siècle. La compétition n’en aurait été que plus intéressante.

Révélation de l’année : sont nommées
- Catherine Chabot, dans Menteur
- Sharon Fontaine-Ishpatao, dans Kuessipan
- Alexane Jamieson, dans Jeune Juliette
- Nahéma Ricci, dans Antigone
- Lilou Roy-Lanouette, dans Jouliks
Qu’on aura découvert, avec bonheur, de nouveaux visages dans notre cinéma cette année! Rien que cette nouvelle réjouit. Mais puisque c’est le jeu, remettons le prix à Nahéma Ricci, choisie après un casting sauvage, dont le charisme magnétique, la détermination incandescente et la fougue impétueuse ont irradié nos rétines, en Antigone réinventée.
Les prix Iris du Gala Québec Cinéma seront remis le 10 juin en deux parties : à 19 h sur le web et à 21 h dans l’émission Bonsoir bonsoir! pour les prix : meilleure actrice, meilleur acteur, prix du public et meilleur film, en compagnie de différents invités dont Christine Beaulieu, Paul Houde, Alanis Obomsawin, Guillaume Lambert, Anne-Élisabeth Bossé, Léane Labrèche-Dor, Noémie O’Farrell, Gilbert Sicotte et Patrick Hivon.