Louise Archambault nous dit Merci pour tout

Le nouveau film de la cinéaste prend l'affiche le 25 décembre.
Quelques mois à peine après avoir ému le Québec avec Il pleuvait des oiseaux, la cinéaste Louise Archambault s’allie à la scénariste Isabelle Langlois (Lâcher prise) pour ajouter du rire à l’émotion, en suivant deux sœurs pour le moins éloignées que la mort de leur père va envoyer jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine dans un road trip au cœur tendre.
Nous avons rencontré Louise Archambault.
Que trouviez-vous séduisant dans l’écriture d’Isabelle Langlois?
Louise Archambault : Ses personnages, que je pourrais décrire comme joyeusement imparfaits, râpeux mais en fin de compte attachants. Son sens de la répartie. Et puis aussi, ce road trip qui nous emmène jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine en hiver : photographiquement, c’était très alléchant.

Comme toute comédie et tout road movie, l’attrait repose forcément aussi sur la personnalité des comédiennes choisies. Comment avez-vous arrêté votre choix sur Magalie Lépine-Blondeau et Julie Perreault?
L. A. : J’avais travaillé avec Julie sur la série Catastrophe pendant deux saisons et je connaissais son registre, autant dans l’humour que dans le drame. J’avais eu beaucoup de plaisir à travailler avec elle et je l’imaginais bien dans ce personnage. Magalie, ça faisait longtemps que je voulais travailler avec elle, depuis que je l’avais vue dans le court métrage Quelqu’un d’extraordinaire, de Monia Chokri, en fait. On s’est donc rencontrées, toutes les trois, et finalement – on était peut-être un an avant le tournage –, elles se sont vues toutes les deux de plus en plus souvent et se sont liées d’amitié. C’est assez beau, je trouve.
Et puis, toutes les deux ont vraiment un grand registre qui leur permet d’insuffler de la vérité, même dans une comédie, ce qui est tout un défi. Elles sont complémentaires, en ce sens que l’insécurité de l’une fait la force de l’autre, et vice-versa.
Ces deux filles se sont trouvées, autant dans le jeu que dans leur vie personnelle.
En 2019, vous aurez réalisé deux films (Il pleuvait des oiseaux et Merci pour tout) et une série télévisée (Trop, saison 3). Avez-vous le sentiment que réaliser pour l’un ou l’autre média est différent?
L. A. : Idéalement, oui. Parfois, les contextes de production et le manque de temps de tournage font que c’est plus difficile de faire une distinction. J’ai fait deux films, avec 26 jours de tournage, dans le bois, puis en hiver, sur la route : c’est sûr que j’aurais aimé avoir plus de temps pour peaufiner mes mises en scène, et que ça fait que je dois arriver très préparée et qu’on ait déjà développé un vocabulaire commun avec mes acteurs.
Le cinéma et la façon dont on peut y faire vivre les émotions m’interpellent beaucoup : on peut, par de petits moments, aller plus dans l’introspection, simplement parce que ce sont des temps différents.
Mais il y a aussi une distinction, je pense, sur le plan de la trame narrative : en film, tu as deux heures pour faire comprendre l’arc des personnages, du point A au B, alors qu’en série télé, tu construis au fil des épisodes une trame qui peut s’étaler plus longuement et avoir plus de ramifications. J’aime les deux. En écriture, je suis plus à l’aise en long métrage, mais je trouve mon compte avec les séries aussi, où je peux raconter plusieurs personnages, les amener plus loin, trouver un élan, si ça dure plus qu’une saison, notamment avec les acteurs et actrices avec qui ça devient très agréable. Mais en même temps, la bouffée d’un long métrage que tu reçois en pleine face en le regardant, j’adore ça! J’adore la fabrication aussi, chaque parcelle, chaque détail peut magnifier un film.

Merci pour tout est à sa façon un film de Noël. Lequel est votre préféré?
L. A. : (Rires.) J’en ai beaucoup regardé avec mes enfants, mais je dirais L’étrange Noël de Monsieur Jack, un classique de Tim Burton. Ou sinon, les Charlie Brown, quand j’étais enfant, j’étais complètement amoureuse, je le trouvais trop cool! Et puis Le père Noël est une ordure, bien sûr.
Que pourrions-nous vous souhaiter pour 2020?
L. A. : Un long métrage! Tourner un sujet qui fait vibrer les gens, qui touche les spectateurs. Ce que je préfère dans la vie, et de loin, c’est être sur un plateau de tournage, je m’y sens bien, et de collaborer avec mes collègues, ce qui est un grand bonheur. Je suis en écriture en ce moment, on verra ce qui se profile.
Et vous, que souhaiteriez-vous au cinéma québécois pour la nouvelle année?
L. A. : Qu’il soit audacieux. Que le public continue à aller voir nos films. Qu’on s’encourage et qu’on accepte la différence et l’imperfection. Je nous trouve beaux dans notre cinématographie. Notre cinéma, il raconte qui on est comme société, et il faut encourager cela.
Merci pour tout, en salle le 25 décembre. La bande-annonce (source : YouTube)
