La dénonciation et les lanceuses d’alerte au cinéma

Mettant en vedette la charismatique Rachel Weisz, La dénonciation sera diffusée sur ICI Télé le samedi 16 novembre, à 0 h 29.
Déterminé à faire éclater la vérité, courageux, souvent seul, le lanceur ou la lanceuse d’alerte est, dans la vraie vie, l’incarnation même du proverbial David contre Goliath. Mais qu’en est-il au cinéma? En particulier dans le cas d’une lanceuse d’alerte?

La dénonciation (The Whistleblower), de Larysa Kondracki (2011)
Six mois, une mission de paix sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU) en Bosnie en 1999 et un salaire exempt d’impôts : voilà qui devrait permettre à Kathryn (formidable Rachel Weisz) de déménager près de sa fille ado dont son père a la garde. Au départ, elle n’accepte l’offre que pour l’argent, mais sur place, cette policière du Nebraska découvre qu’elle ne peut pas traiter sa mission comme purement alimentaire, car rapidement, elle découvre l’horreur, la vraie, celle d’un réseau de trafiquants d’êtres humains, torturant et violant de jeunes filles mineures qu’ils offrent en esclaves à qui veut les acheter. Même des membres de l’escouade de Kathryn qui, faisant partie du personnel international, bénéficient de l’immunité diplomatique, et des gens plus hauts gradés qu’eux encore font partie de ce réseau. Seule contre tous? Oui, mais aussi incapable d’enterrer l’affaire, comme on aimerait qu’elle le fasse, elle porte ce film fébrile, violent et glauque, inspiré de faits réels, en nous faisant part de son indignation contre l’indifférence et l’impunité jusqu’au frisson.

Erin Brockovich, seule contre tous, de Steven Soderbergh (2000)
C’est peut-être la plus célèbre lanceuse d’alerte, celle qui a fait de la femme « ordinaire » devenant l’héroïne d’une cause presque un archétype. Il faut dire qu’il y avait tout : l’histoire (une affaire d’empoisonnement des sols, bien réelle), le personnage (une mère célibataire, en proie à une terrible pression financière, sans diplôme ni connexions, mais qui a son franc-parler et son énergie pour elle) et l’actrice (Julia Roberts dans son rôle le plus iconique, personnage qu’elle rend aussi fier que fougueux). C’est le tiercé gagnant pour un film de dénonciation efficace mêlé à un thriller judiciaire assez palpitant.

La constance du jardinier (The Constant Gardener), de Fernando Meirelles (2005)
Après l’assassinat de son épouse, une avocate militante, un membre du haut-commissariat britannique au Kenya reprend à son compte l’enquête sur les pratiques inhumaines de l’industrie pharmaceutique que menait sa femme. Sur papier, on pourrait penser qu’elle n’est pas le centre de l’action, mais c’est pourtant cette femme qui est autant à l’origine de la dénonciation que l’héroïne, tel que le dépeignent les nombreux retours en arrière. Dans cette adaptation poignante, entre don de soi et histoire d’amour à rebours, d’un roman de John Le Carré inspiré du destin tragique d’une militante, Rachel Weisz, encore elle, charge le rôle d’une volonté de fer, qui lui a valu de remporter l’Oscar du meilleur deuxième rôle féminin.

Le vent du nord (North Country), de Niki Caro (2005)
La mine est certainement un univers typiquement masculin, mais ça prend la force d’une femme, Josey Aimes, mère célibataire, pour que les dérives jusque-là habituelles de cet environnement (harcèlement, moqueries, etc.) puissent cesser. Est-elle la seule à avoir une colonne dans un monde pourri jusqu’à la moelle qu’elle dénoncera jusque devant une cour? Peut-être. C’est en tout cas la version qu’en donne ce film, inspiré de l’affaire Lois Jenson contre Eveleth, confiant à Charlize Theron le rôle de cette femme courageuse, poussée à se dépasser elle-même simplement parce qu’elle a voulu pouvoir travailler.

Le mystère Silkwood, de Mike Nichols (1983)
La réputation de Meryl Streep n’est plus à faire, mais en 1983, elle incarnait ce rôle qui allait l’aider à la construire : celui de Karen Silkwood, employée et syndicaliste dans une usine de traitement nucléaire menant campagne contre les dangers d’un tel travail, cachés par l’entreprise. Inspiré, lui aussi, d’un cas réel, Le mystère Silkwood fait du combat de cette femme le cœur d’un mélodrame particulièrement émouvant.
La dénonciation sur ICI Télé le samedi 16 novembre, à 0 h 29.
