Mads Mikkelsen peut-il tout jouer?

Nous profitons de la diffusion d'Une liaison royale, dimanche 29 septembre, à 0 h 25 sur ICI Télé, pour détailler l'attrait du magnétique acteur danois.
Ses traits semblent découpés dans de la roche. Précis, nets, profonds. Marquant un visage anguleux, mais aux yeux capables d’être aussi doux que rieurs. Un visage que l’on peut aisément croire qu’il existe pour définir le mot « expressif ». Si Mads Mikkelsen commence sa carrière dans son Danemark natal (dans la série des Pusher du provocateur Nicolas Winding Refn), c’est dès 2009 qu’il atteint une reconnaissance planétaire en jouant… un méchant dans James Bond (un niveau de consécration que confirmeront ses présences dans d’autres superproductions comme Rogue One ou Doctor Strange). Mais impossible de le réduire à un méchant d’opérette. Mads Mikkelsen a assurément un talent multifacettes. La preuve.

Il est capable d’une sentimentalité bouleversante
En 2013, dans le premier film de Nikolaj Arcel (coproduit par Lars Von Trier), Mads Mikkelsen endosse les habits d’époque d’un médecin, Johann Friedrich Struensee. Aux côtés du roi, qu’il doit soigner dans le Danemark de 1766, il distille ses idées libertaires influencées par la philosophie des Lumières et, peu à peu, séduit la reine délaissée, Caroline (Alicia Vikander, superbe de fraîcheur et de détermination). Mais surtout, dans un film aussi historique qu’intime, politique que sentimental, l’acteur est tout à la fois brûlant et raisonné, digne, noble et tempétueux, refusant tout cynisme ou tout second degré. Du genre dont les femmes tombent éperdument amoureuses et que des nations entières pourraient suivre les yeux fermés.

Il est un méchant d’une sophistication terrifiante
Dans Casino Royale, il était Le Chiffre, méchant forcément retors, forcément machiavélique, James Bond exige. Mais Mikkelsen, avec son visage taillé au couteau, n’a pas que le physique de l’emploi, il a aussi cette retenue, ce côté ténébreux et ce regard impénétrable qui laissent véritablement penser que le pire est en train de se tramer, derrière ses manières onctueuses et raffinées. Une attitude de reptile trop charismatique pour être honnête, qui s’est aussi magnifiquement exprimée lorsqu’il a endossé le rôle du psychiatre cannibale dans Hannibal, la série adaptée du Silence des agneaux.

Il est d’une brutalité sauvage impressionnante
S’il peut jouer la cruauté intérieure sans problème, il est aussi capable d’extérioriser magnifiquement le mal. Chez son compatriote, le réalisateur Nicolas Winding Refn, sa brutalité s’exprime avec une férocité particulièrement saisissante. Dans la série des Pusher, où il a commencé, mais aussi en 2010, dans Valhalla Rising dans lequel il joue avec une présence hallucinante un guerrier mutique et sans pitié en pleine terre viking. Le genre de rôle qu’on pourrait le croire né pour interpréter. La preuve, trois ans plus tard, il endosse à nouveau l’armure pour jouer un marchand de chevaux du 16e siècle qui mettra son coin de pays à feu et à sang pour réparer une injustice, dans l’austère et cruel Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières.

Il peut être à la fois doux et effrayant, d’une ambiguïté passionnante
C’est à nouveau chez un Danois, Thomas Vinterberg cette fois, que Mads Mikkelsen laisse éclater tout son talent, dans un rôle ultra difficile qui génère chez le spectateur autant d’empathie que de méfiance. Car tout l’art de Mikkelsen est d’avoir su jouer à plein la carte de l’ambiguïté en interprétant, dans La chasse, Lucas, un auxiliaire dans un jardin d’enfants accusé à tort de pédophilie et contre qui tout le village va se retourner. Une performance mémorable, fébrile, bouleversante, où il souffle constamment le chaud et le froid, et qui a logiquement valu au fantastique Danois le prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2012.
La bande-annonce d’Une liaison royale, diffusé dimanche 29 septembre, à 0 h 25 sur ICI Télé (source : YouTube)
