J’ai tué ma mère : l’éclatante première fois de Xavier Dolan
À l'occasion de la diffusion, vendredi 24 novembre, à 23 h 05, de J'ai tué ma mère, voici un palmarès de quelques-uns des premiers films les plus marquants de l'histoire du cinéma.
En 2009, le monde du cinéma québécois est pris par surprise. Un jeune homme d’à peine 20 ans débarque avec un premier film en forme de cri du cœur sous le bras. Il s’appelle Xavier Dolan, et son film, J’ai tué ma mère, va faire le tour de la planète en commençant par le Festival de Cannes, où il sera primé plusieurs fois.
Si les premiers films sont toujours un petit peu plus émouvants que les autres, certains, réalisés par de jeunes prodiges, sont en outre particulièrement marquants. Voici notre sélection des 10 meilleurs.

J’ai tué ma mère, 2009, Xavier Dolan (20 ans) : Un jeune homme de 16 ans ne supporte plus sa mère. Sur cette idée simple mais porteuse, Dolan construit un drame fulgurant et rageur, dont l’énergie – et la prestation intense d’Anne Dorval – emporte tout sur son passage.
Citizen Kane, 1941, Orson Welles (26 ans) : C’est le seigneur des premiers films. Le cador. Celui qui sert d’étalon à mesurer. Une leçon de montage et d’inventivité mariant à l’épopée grandiose et décadente de Charles Foster Kane des idées de mises en scène aussi simples qu’ingénieuses.
La vie de Jésus, 1997, Bruno Dumont (39 ans) : Ancien prof de philo, Dumont détaille la vie et les misères du jeune Freddy à Bailleul. Le choc est palpable : mise en scène âpre, rugueuse, sentiments qui cognent, comédiens non professionnels à la vérité cinglante : le nouveau cinéma-vérité est né!

Sexe, mensonges et vidéo, 1989, Steven Soderbergh (26 ans) : Des femmes confient leurs désirs les plus secrets à une caméra, Andie McDowell dans son meilleur rôle, la moiteur de la Louisiane, un scénario écrit en huit jours, et à la clé, une palme d’or pour ce jeune inconnu… C’est tellement incroyable que si l’on en avait écrit le script, on n’y aurait peut-être pas cru.
Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, 1986, Spike Lee (29 ans) : Une jeune femme de Brooklyn ne sait que faire de ses trois amants. Frais, léger, moderne, Spike Lee donne un grand coup de pied dans la fourmilière du cinéma américain. Tellement marquant qu’un certain Mathieu Kassovitz ne se gênera pas pour en piller l’intrigue au moment de faire lui aussi son premier film, Métisse.
À bout de souffle, 1960, Jean-Luc Godard (30 ans) : Truffaut et Chabrol sont dans l’ombre de ce film-là. Mais à l’époque, seuls les lecteurs des Cahiers du cinéma connaissent les noms de ces joyeux mousquetaires. Références à Gun Crazy, dédicace à Monogram Pictures, présence de Jean-Pierre Melville : l’hommage à la série B signé Godard réinvente le genre à l’aune de l’existentialisme et de la liberté et « invente » la Nouvelle Vague. Il en fallait du culot!

Duel, 1971, Steven Spielberg (25 ans) : Sur le papier, personne n’y croyait. Un film pour la télé, adapté d’un roman de Richard Matheson, dans lequel un conducteur de voiture est poursuivi par un gros camion. Mais derrière la caméra, un jeune chien fou prénommé Steven va se servir du cadre peu impressionnant du projet pour redonner toutes ses lettres de noblesse au suspense. On ne se promènera plus jamais comme avant sur les routes californiennes.
Une ville d’amour et d’espoir, 1959, Nagisa Oshima (27 ans) : C’est à la fois formellement et socialement qu’Oshima dynamite les carcans japonais avec l’histoire désenchantée de ce jeune fraudeur, vendeur de pigeons. C’est le point de départ d’une œuvre qui n’aura de cesse de réinventer son pays.
Reservoir Dogs, 1992, Quentin Tarantino (29 ans) : Ou comment un jeune employé de club vidéo est devenu une star du jour au lendemain. L’histoire fait encore rêver dans les écoles de cinéma. Mais plus que la personnalité de son auteur, Reservoir Dogs, superbe éponge de l’air du temps, marque surtout par son incroyable énergie formelle et sa mise en scène à décortiquer, bien plus rusée qu’elle n’en a l’air.

Pour la suite du monde, 1963, Pierre Perreault et Michel Brault (36 et 35 ans) : La pêche aux marsouins à L’Isle-aux-Coudres? A priori, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat, ni de quoi se retrouver en sélection officielle à Cannes. Mais c’était sans compter sur la poésie du regard des deux grands hommes, sur leur incroyable et communicative fascination pour l’autre, sur leur captation-témoin d’une histoire, d’une langue, d’une culture. Et en prime, un des plus beaux titres de l’histoire du cinéma.
La bande-annonce de J’ai tué ma mère, diffusé à Notre cinéma vendredi 24 novembre, à 23 h 05.
