Le meilleur de la télé selon France Beaudoin
« Je prenais des cassettes et j’essayais de recréer Les tannants. J’étais Shirley Théroux et ma sœur était obligée d’être quelqu’un d’autre. »

Qu’est-ce qui meuble l’univers télévisuel de France Beaudoin? L’animatrice a été bercée dans son enfance par les émissions de variétés qui faisaient rire toute sa famille. Elle jouait à être Shirley Théroux, a pris Claire Lamarche comme modèle et suivi Unité 9 avec son fils lorsqu’il avait seulement 7 ans…
Un texte de Lisa Marie Noël
On a demandé à des personnalités télé de nous faire part de leurs goûts télévisuels et de leurs souvenirs du petit écran. Qu’est-ce qui meuble leur univers télévisuel, toutes époques et tous pays confondus?
Quel genre de téléspectatrice êtes-vous?
J’écoute beaucoup la télévision pour me documenter avant de faire mes entrevues. Je suis devenue, par la force des choses, une consommatrice à la carte et sur la tablette. C’est le fun de pouvoir écouter ce qu’on veut quand on veut, mais je trippe encore beaucoup sur l’événementiel. Ça me fait tellement vibrer quand on est tout le monde en même temps à regarder la même affaire et qu’on sait que les épiceries sont vides! Le sport crée encore ça, la soirée du jour de l’an aussi, et dans le temps, il y a eu la dernière de Chambre en ville et de Lance et compte. Une partie de moi tente de créer l'événement à la télé. C’est plus fort que moi!
Quels sont vos coups de cœur télévisuels?
Plan B, avec Pier-Luc Funk. Il est tellement extraordinaire là-dedans. J’ai beaucoup aimé Chouchou et Avant le crash. J’ai aussi englouti la série The Bear [série américaine dans laquelle un ancien chef gastronomique hérite de la sandwicherie de son frère].

Quel moment de télévision vous a fait pleurer?
Quand mon fils est passé à Révolution, j’ai failli mourir dans les estrades. Ce qui me fait pleurer dans cette émission, c’est de voir à quel point la télévision peut être utile et changer des vies. Dans la première saison, une des coachs a dit à un jeune garçon, je pense que c’est Lydia, que c’est hot de danser du contemporain. Mon fils a vu ça et m’a dit : Maman, c’est ça que je veux faire!
, alors qu’il se cachait avant! Il a pu sortir de sa cage. Je parle de mon fils, mais je l’ai entendu de plein d’autres danseurs. Ç’a vraiment changé quelque chose.
Quel est votre tout premier souvenir comme téléspectatrice?
C’est Fanfan Dédé [1975-1982]! J’ai vu le comédien, André Richard, dans un des premiers galas où j’étais en nomination. Je me suis retrouvée assise directement en arrière de Fanfan Dédé!

Tous les soirs chez nous, la télé était ouverte. Le samedi, on écoutait La soirée canadienne. C’était très fort dans notre coin, à Disraeli près de Sherbrooke [l’émission a été conçue là]. Il y avait aussi Les tannants, avec Pierre Marcotte. Ça riait dans la maison quand ça jouait. On y voyait du monde qui avait du fun et une franche camaraderie. Je me souviens que je voulais comprendre comment se faisait cette émission. Je voulais donc savoir où était le bouton pour le faire tomber dans la piscine!

Je prenais des cassettes et j’essayais de recréer Les tannants. J’étais Shirley Théroux et ma sœur était obligée d’être quelqu’un d’autre.

Quelle émission ou série vous fait rire?
La petite vie me fait encore rire. J’écoute toujours le dernier bout parce qu’on entre en ondes tout de suite après, le samedi soir. J’ai souvent le générique dans la tête quand on commence En direct de l’univers. Infoman me fait vraiment beaucoup rire. C’est important qu’on ait quelque chose qui dérape avec une liberté de pensée éditoriale.

Y a-t-il une émission ou une personnalité qui vous a donné envie de faire votre métier?
Celle qui a fait école pour moi, c’est Claire Lamarche. Cette femme-là, je lui donnerais encore plus de reconnaissance.
Je l’ai connue à Droit de parole, à Télé-Québec, et mon Dieu que je trouvais ça extraordinaire de mettre tout le monde qui était concerné par le sujet, avec des points de vue différents, dans une même salle à essayer de peut-être régler un problème!
Plus tard, dans son émission d’après-midi, elle incarnait un modèle d’empathie auquel j’aspirais. Elle touchait les gens, elle mettait sa main sur leur épaule. Elle m’a beaucoup marquée dans sa façon de faire. Moi aussi par la suite, je me suis beaucoup fait dire que je touchais trop le monde…
Quel générique d’émission mettriez-vous comme sonnerie de cellulaire?
J’ai longtemps eu comme sonnerie, pour rire, le générique de La croisière s’amuse. Je trouvais ça kitsch à souhait, c’était formidable. Quand ça sonnait en réunion, tout le monde se mettait à chanter autour de la table et ça nous faisait rire.

Quelle émission regardez-vous en famille?
Heartstopper, les deux saisons. C’est FA-BU-LEUX. C’est une série pour ados sur la bisexualité et l’homosexualité. Comme disent mes enfants, ce n’est pas poussé. On n’y voit pas du drame ou du spectaculaire juste pour que ça soit vendeur. C’est la vraie vie. Pour les enfants qui ne se sentent pas comme les autres, c’est tellement magnifique. C’est une belle série à laquelle les jeunes peuvent s’identifier. Tous les archétypes sont représentés, mais pas de façon caricaturale. C’est ça qui est beau.

Qu’est-il nécessaire de voir à la télévision?
Des points de vue différents pour nous sortir de notre algorithme, pour nous sortir de nos vases clos de pensée. Il faut donner de la place aux scientifiques et aux journalistes, parce qu’on est beaucoup dans l’opinion. Savoir démêler le vrai du faux et exercer notre jugement critique, pour moi, c’est le nerf de la guerre. Tout le monde devrait regarder les bulletins de nouvelles et les émissions scientifiques.
Quelle émission avez-vous regardée avec vos enfants dans leur jeunesse?
Quand mon fils avait 7 ans, je me suis aperçue qu’il était captivé par Unité 9. Je trouvais ça un peu heavy pour son âge. Je lui disais qu’il allait faire des cauchemars. Mais il me répondait qu’il savait que ce n’était pas vrai, comme il savait que les enfants de son père [Vincent Graton], dans L’auberge du chien noir, n’étaient pas ses vrais enfants. J’étais aussi bien de le regarder avec lui plutôt qu’il ne le fasse en cachette. On s’est mis à regarder Unité 9. C’était notre rendez-vous. Cela dit, j’avais plus de fun que s’il avait écouté Caillou.

Quelle série ou quel téléroman avez-vous regardé plusieurs fois?
Habituellement, une fois que j’ai fini une série, je passe à autre chose. Mais je suis obligée de dire que si je vois Les filles Caleb ou La petite maison dans la prairie passer, même s’il est tard le soir, ça se peut que je m’accroche pour voir si ç’a bien vieilli. J’aime revoir des séries avec du recul.

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