L’avenir incertain des quartiers chinois

L’avenir des quartiers chinois est menacé. Les communautés de plusieurs grandes villes d’Amérique du Nord se mobilisent pour conserver leur patrimoine et leur milieu de vie. C’est le cas notamment à New York, à Montréal, à Toronto et à Vancouver. Le documentaire Haute tension à Chinatown, qui a été diffusé à Doc humanité, aborde la question.
Un texte de Carmen Bourque

Mei Lum et son mari, Gary Lum, sont les propriétaires de Wing On Wo & Co., la plus vieille boutique du quartier chinois de New York, construite en 1890.
On est en Amérique depuis cinq générations et on bâtit nos maisons ici. Personne ne va nous mettre à la porte de notre quartier. On est chez nous. Je n’appelle pas ça de la résistance, c’est défendre le droit de rester chez soi.

L’appétit des promoteurs immobiliers
Le documentaire Haute tension à Chinatown nous apprend qu’un tiers du quartier chinois de Montréal a été rasé lors de la construction du Complexe Guy-Favreau. À Vancouver, 11 pâtés de maisons du quartier chinois ont été détruits dans l’exercice de sa revalorisation. New York n’est pas à l’abri non plus.
Il faut savoir qu’à New York, le quartier chinois a pour voisins beaucoup de quartiers qui sont très riches et aisés. C’est pourquoi la Ville aimerait bien remettre la main sur notre quartier. Elle pourrait développer ce territoire, le reconstruire à neuf et en obtenir beaucoup d’argent.
Un fond de racisme?
Pour l’historien Henry Yu, la fragilité des quartiers chinois n’est pas étrangère à une certaine forme de racisme.
Si l’on veut que ces gens s’en aillent, il faut se débarrasser de leurs symboles, de leurs lieux de rassemblement, de leurs enseignes en langue chinoise, de leurs commerces remplis de marchandises et de ceux qui les dirigent. Tout ça doit disparaître. Si vous voulez vous débarrasser des Chinois, prenez pour cible les quartiers chinois.

La mobilisation
À New York comme à Montréal, les gens se mobilisent pour garder leurs quartiers vivants. Dans la ville qui ne dort jamais, on tente d’empêcher la construction d’une nouvelle prison qui mettrait en péril la communauté chinoise, selon celle-ci.
On va subir des années de démolition, des années de travaux dangereux, qui vont générer des années de poussières toxiques. Les commerces et la communauté ne vont pas survivre à 10 ans de travaux.
À Montréal, le Groupe de travail sur le quartier chinois a réagi fortement à la vente de l’immeuble Wings et à la construction de condos près des arches du quartier. Les gens se sont mobilisés, ce qui a conduit à la reconnaissance d’une partie du quartier comme lieu historique. De plus, l’accord du gouvernement du Québec sera désormais nécessaire pour le développement du quartier.
Le quartier chinois est un lieu de traditions vivantes, et nos aînés en sont la mémoire. Ils gardent le souvenir de nos luttes et de notre survie. Le quartier chinois accueille nos associations familiales, nos résidents, les entreprises reçues en héritage, qui sont l’identité même de toutes les communautés asiatiques. Le quartier chinois n’est pas un musée, c’est notre maison! Rendez-nous notre qualité de vie!
Regardez le documentaire :
Doc humanité, samedi 22 h 30 sur ICI Télé
Ce texte a été écrit à partir du documentaire Haute tension à Chinatown.
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