« Le désir, c’est le moteur de nos existences » – Frédéric Lenoir

C’est la première fois que l’auteur et philosophe consacre un ouvrage au désir. Il a eu envie d’en explorer toutes les dimensions, qui vont bien au-delà de la sexualité. Il nous rappelle que les désirs qu’on nous impose sont loin de nous apporter le bonheur.
Un texte de Carmen Bourque
Frédéric Lenoir était à On va se le dire pour parler de son plus récent livre, Cultiver le désir et vivre aux éclats!
Ce qu’on a désiré longtemps est beaucoup plus fort.
Des sociétés orientées vers le désir
Au début des années 1900, un rapport sur l’économie américaine indique déjà l’insatisfaction des gens, qui désirent toujours plus de biens matériels.
Nos sociétés sont entièrement construites sur le désir. La société de consommation, c’est une société qui cultive le désir à fond, mais on n’en a pas toujours conscience. Il y a des désirs collectifs, qui nous manipulent et dans lesquels on est entièrement pris. Donc, je trouve que c’est important d’avoir conscience qu’au fond, le désir, c’est vraiment ce qui organise toutes nos sociétés.

Vivre libre!
Pour vivre libre, il faut savoir distinguer nos désirs personnels de ceux imposés par la société. Frédéric Lenoir invite les lecteurs et lectrices à entreprendre un travail d’introspection afin de déterminer ce qui a vraiment de l’importance à leurs yeux.
Comment je peux réorienter mes désirs, pas uniquement vers des choses matérielles, mais aussi vers des choses de l’être, vers l’amour, vers la créativité, vers la spiritualité. Il y a plein de choses dans lesquelles on peut orienter son désir. Je pense que cette lucidité, elle fait parfois défaut.
L’endroit où l’on vit détermine inévitablement nos désirs. Le philosophe nous en donne un exemple.
Vous savez, il y a un publicitaire français, Jacques Séguéla, qui avait dit, il y a 10 ans : Si on n’a pas une Rolex à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie.Ça veut dire que la Rolex est devenue objet de désir collectif. Mais il suffit d’aller dans une autre société et tout le monde s’en fout des Rolex!

La sexualité des jeunes
Une étude a révélé que la moitié des jeunes de 15 à 25 ans en France n’avaient eu aucune relation sexuelle au cours de la dernière année. Pour l’expliquer, elles et ils ont dit se sentir « trop écrasés par la pression du désir, de l’immédiateté ». Ces jeunes ont dit préférer développer une amitié et une complicité avec une personne avant de devenir intime avec elle, sinon, ils ou elles s’en désintéressaient rapidement.
Au cours de l’entrevue, il a aussi été question du désir mimétique (désirer ce que les autres désirent), du rôle des biens de consommation et des réseaux sociaux.
Regardez l’entrevue :
Compléments :
-Entrevue avec Frédéric Lenoir à l’émission Pénélope
-Cultiver le désir, une force vitale
-Chronique santé avec Marie-Eve Prince : distinction entre libido et désir sexuel
-« Je pense qu’en 2023, la clé pour aller de l’avant est de regarder un peu en arrière »
- Quoi regarder à la télé cet hiver?