Des histoires de patinoires de Cap-Seize à Villeray

Les patinoires font partie de l’ADN du Québec. Elles sont la source de beaucoup de souvenirs et un lieu de rencontres digne des plus belles histoires. De la Gaspésie à la Côte-Nord en passant par les ruelles de Villeray, à Montréal, Les joueurs d’hiver nous amène à la rencontre de ceux et celles qui contribuent à perpétuer une tradition bien ancrée.
Un texte de Carmen Bourque
La glace, ça s’apprend!
René et Jean-François, les pros de la ruelle
Il y a 11 ans, René a créé et pris en charge une patinoire dans une ruelle de Villeray. Au début, il l’a fait pour son fils, qui voulait s’exercer au hockey. Ensuite, il y a découvert le plaisir de jouer avec les gens du voisinage.
« J’ai eu tellement de plaisir à partager cette patinoire-là avec les voisins! C’est qui, ces personnes-là? Ce n’est pas ta famille, ce n’est pas des frères et sœurs. C’est des gens qui sont autour, peu importe leurs valeurs – qui sont possiblement différentes des nôtres. Cet échange-là se fait à travers le jeu. » – René

Jean-François fait partie de ceux et celles qui ont pris la relève de René. Il découvre au fur et à mesure les secrets d’une belle glace. Il se souvient avec émotion quand sa fille Anna, qui avait 3 ans à l’époque, a appris à patiner.
C’est quand même fantastique. Je m’en souviens, c’est un moment très émouvant pour moi, parce que je la voyais courageuse, je la voyais prendre des risques. Moi, ça m’a appris sur elle. C’est la première fois où je la voyais se dépasser.

Edmundo, l’aiguiseur de patins qui revient de loin
Edmundo est réparateur de bicyclettes dans le quartier Rosemont, à Montréal. Pour occuper ses hivers, il a un jour décidé d’apprendre à aiguiser des patins.
Ça prenait un Mexicain pour venir aiguiser des patins ici!
Son adaptation au Québec a été difficile. Sans argent, sans emploi, loin de ses proches et agressé par le froid, qu’il trouvait insupportable, Edmundo a voulu en finir avec la vie. Il a souffert de ce qu’il appelle le syndrome de l’immigrant. Comme il le dit, après avoir touché le fond, la psychothérapie l’a aidé à rebondir et à faire la paix avec l’hiver.
Il y a un parallèle avec les échecs et la vie : tant que la partie n’est pas finie, on joue de notre mieux.
Serge et Sylvain : le goût du travail bien fait
Une rivalité amicale oppose Serge et Sylvain, respectivement attitrés à la patinoire municipale de Cap-Seize et à celle de Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie. Qui fera la plus belle glace? Qui lancera la saison du patin en premier?
Les deux hommes s’appliquent et mettent du cœur à l’ouvrage. Serge, qui a fabriqué une zamboni
avec les moyens du bord, aime son travail et en tire une certaine fierté, même s’il précise ceci : J’ai rien que gratté, je n’ai pas sauvé le monde, là!

Pour sa part, Sylvain, qui reçoit parfois les confidences des enfants, se dit heureux de permettre à tout le monde de patiner.
Je suis heureux icitte, moi. Je suis à l’extérieur, je suis heureux avec les enfants. Tu as des enfants qui sont moins bien nantis qui viennent jouer icitte, parce que c’est les moyens qu’ils ont; ils ne peuvent pas jouer à l’aréna. […] Ça fait que moi, si je peux rendre ça beau comme ça pour n'importe quel enfant […], regarde, ça fait mon bonheur aussi. Je fais ça pour que tout le monde s’amuse.
Regardez Les joueurs d’hiver :
Le documentaire Les joueurs d’hiver a été présenté à l’émission Doc humanité, qui est diffusée le samedi à 22 h.
Compléments :
-Quoi regarder à la télé cet hiver?
-Quels sports pratiquer à l’extérieur en 2023?
-Une recette réconfortante : bœuf au brocoli
-Regardez Il était une forêt, avec Fred Pellerin
