Fred Pellerin nous fait voyager au cœur de la forêt

En parallèle de la COP15, une conférence internationale des Nations unies sur la biodiversité qui se tient à Montréal à partir du 6 décembre, Fred Pellerin raconte qu'il a contribué à la protection de la nature. Le conteur a acheté une terre de 60 hectares dans son village, Saint-Élie-de-Caxton. De cette expérience, il a tiré une série documentaire, Il était une forêt, dont il a parlé lors de son passage à Tout le monde en parle.
Les quatre épisodes de la série documentaire seront présentés sur ICI Tou.tv Extra à partir du 16 décembre et sur ICI Télé à compter du 14 janvier.
Si Fred Pellerin évite d'en parler comme étant « sa » forêt, c’est qu’il ne pense pas qu’elle lui appartient. Je me suis invité chez elle. Ce n’est pas elle qui est chez nous
, dit-il au début du premier épisode.
J’habite cette forêt depuis deux ans et je me rends compte qu’il y a beaucoup de choses qu’on ne sait pas. On pense seulement à des arbres, mais en commençant à côtoyer des gens qui les connaissent, on se rend compte que c’est très riche.
Il a aussi constaté qu’il existe une lenteur dans la forêt et que c’est thérapeutique. On arrive dans un univers où il y a un incroyable équilibre
, a-t-il dit à Guy A. Lepage.

Vivre avec la forêt
Fred Pellerin n’a pas acheté cette forêt pour l’exploiter, et il aborde le tout avec humilité. Il y a fait quelques sentiers et utilise les arbres coupés pour faire du bois de chauffage.
D’ailleurs, il avoue qu’il y a trouvé une manière de bouger et de faire du sport.
Jusqu’à l’âge de 40 ans, je vivais dans des romans, dans des contes, puis dans des tounes. À la rencontre d’une forêt, je me suis découvert un corps, une scie mécanique, des bras.
Évidemment, le conteur voit également une certaine poésie dans l’utilisation de la scie mécanique par le bûcheron qui s’occupe de l’entretien. C’est Julien Lampron. Il travaille avec ses chevaux. Il n’a pas de tracteur, pas de coupeuse, il fait tout ainsi. Quand il coupe les arbres, il y a une chorégraphie avec ses chevaux. [...] C’est magnifique, on peut regarder ça des heures.
Apprendre à connaître la forêt
Dans cette série, le conteur nous fait part de sa découverte de la forêt, de sa diversité et du fait que c’est aussi un garde-manger. Toutefois, il avoue qu’il serait bien incapable d’y survivre. Je me trouve au bas de la pyramide de la chaîne alimentaire. Il y a l’écureuil et je suis en dessous. Je tiendrais 25 minutes sans gourde d’eau
, a-t-il affirmé en riant.

Toutefois, Fred Pellerin vit dans la forêt et il l’observe. Je la vois changer, je vois les feuilles qui virent de bord
, explique-t-il. Il y a même installé une caméra et nourrit un chevreuil en hiver.
Le coanimateur de cette dernière émission de 2022, Boucar Diouf, a souligné que la nature aime la diversité. C’est ce qui en fait sa force.
On dit que la nature a voulu qu’on soit aussi différents les uns des autres que ne peuvent l’être les arbres d’une forêt. Si dans une forêt vous croisez deux fois le même arbre, dites-vous que vous êtes perdu.
D’ailleurs, Boucar Diouf pense que Fred Pellerin a essayé d'embrasser sa génétique de coureur des bois avec cette série. Les Québécois sont bien dans la forêt. Les francophones sont de rares individus qui ont des noms de famille accotés avec toutes les parties d’un arbre : il y a les Racine, les Dutronc, les Labranche, les Bellefeuille, les Lafleur, et les Fruitier. Toutes les étapes y sont.
L’érablière au centre du dernier épisode
Il y a un lac, qui est au centre du premier épisode de la série, et une érablière dans la forêt. La saison des sucres est le thème du quatrième épisode. On y voit même une famille moldave nouvellement arrivée au pays qui est initiée à la fabrication du sirop d’érable.
On voulait faire découvrir la richesse qu’est le sucre de l’érable et qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. On s’est dit qu’on pouvait être exotique dans les yeux de l’autre et s’enrichir d’un regard neuf sur [cette tradition]
, explique Fred Pellerin.

Boucar Diouf raconte qu’il a aussi vécu la visite d’une érablière lors de son arrivée au Québec, dans les années 90, mais il avait eu une explication un peu différente de la tradition des sucres. J’avais écrit à mes parents qu’au printemps, les Québécois sont tellement écœurés de l’hiver qu’ils essayent de bouffer les derniers bancs de neige en les mélangeant à du sirop d’érable.
Ils mangent des bines et se chauffent au gaz pour ne pas péter au frette.
Le français, aussi une passion du conteur
Fred Pellerin est également devenu membre de l’Ordre du Canada en juin dernier. Le fier nationaliste qu’il est n’y voyait pas de problème. J’accepte ça comme une reconnaissance de mon travail. [...] Je l’ai reçue avec grande fierté.
Le conteur a aussi parlé de sa volonté de faire rayonner le français en proposant quelques pistes de solution pour protéger la langue.
Des spécialistes pour en apprendre plus
Dans les quatre épisodes de la série, Fred Pellerin consulte des spécialistes pour parler de la forêt, de ce qu’elle offre, de sa survie et de ce qu’elle représente : le biologiste Pierre Magnan, l’ethnologue Isabelle Picard, le technicien forestier Gilles Séguin, les artistes visuelles Ariane Plante et Annie Boulanger, Ariane Paré-Le Gal et Gérald Le Gal, propriétaires de Gourmet Sauvage, le chef de l’auberge Saint-Mathieu du Lac, Samy Benabed et l’historien René Beaudoin.
Écoutez l'entrevue de Fred Pellerin à Tout le monde en parle
La série Il était une forêt sera présentée sur ICI Tou.tv Extra à partir du 16 décembre et sur ICI Télé à compter du 14 janvier.
Tout le monde en parle, dimanche 20 h sur ICI Télé, de retour le 8 janvier 2023.