Isabelle Deschamps Plante, la nouvelle juge empathique mais franche
« Je me suis pincée jusqu’à la dernière émission tellement je ne réalisais pas ce qui m’arrivait. »

Deux fois candidate en 2013 et 2014, où elle s’est rendue en finale, Isabelle Deschamps Plante revient sur le plateau des Chefs! cette fois avec le rôle de juge. On l’a aimée comme candidate pour sa douceur, sa grande rigueur et son amour de la gourmandise. On l’aime maintenant comme juge pour sa pétillance et la justesse de ses propos quand vient le temps de se prononcer sur les plats de la brigade. Elle nous parle ici de son expérience.
Un texte de Lisa Marie Noël
À la fois impressionnée par la portée de ses nouvelles fonctions et un brin intimidée, Isabelle Deschamps Plante a rapidement su prendre sa place. Je suis plus qu’honorée d’être là
, dit-elle.
L’ancienne candidate devenue juge

Comment vous êtes-vous préparée à ce nouveau rôle?
Je suis arrivée avec le flow. L’équipe de production m’a aidée à me préparer.
Pasquale, Normand et Jean-Luc ont aussi été des mentors pour moi puisqu’ils sont là, ensemble, depuis 10 ans. Ils m’ont vraiment accueillie à bras ouverts.
Je n’avais aucune idée comment ça se passait du côté des juges; comment on observe les défis, comment on note les candidats, comment se passe la délibération... Ce sont eux qui m’ont enseigné mon nouveau rôle.
Comment ça se passe?
Pasquale s’occupe de faire les fiches. Chaque défi a sa propre grille de pointage selon différents critères. Il faut être juste et équitable pour tout le monde, parce qu’on a la destinée des candidats entre nos mains. Des fois, je trouvais que c’était un gros poids à porter.
Quand on déguste les plats, on ne se parle pas entre nous. On remplit nos documents, on prend des notes et on met les pointages. Hors caméra, on se rencontre, les quatre juges, dans un local et on donne notre classement personnel.
Avez-vous été étonnée de certaines choses précises?
La chose qui m’a le plus surprise est de voir à quel point, à chaque défi, on avait le même classement sans se parler. Quand on donnait chacun notre classement en délibération, ça concordait toujours.
Ce sont de gros pointages, sur 100 points. Des fois, ça ne joue que de quelques points de différence entre celui qui va gagner et celui qui va perdre! C’est souvent tellement serré...

Comment ça se passe lorsque vous commentez pendant l’exécution des défis?
C’est au feeling. J’ai appris à faire attention de ne pas parler les uns par-dessus les autres, parce qu’on réagit vraiment en temps réel. On a des écrans devant nous qui nous montrent les images des caméras qui sont dans la cuisine des chefs. Ce sont vraiment nos réactions spontanées quand on les regarde cuisiner.
Quand vous étiez candidate, vous disiez que les deux minutes avant la fin du défi sont les instants les plus stressants. Est-ce la même chose comme juge?
Ce n’est pas aussi stressant, mais c’est stressant quand même!
À tous les tournages, j’étais assise sur le bout de ma chaise, j’avais les joues rouges et j’avais chaud pour eux.
J’avais toujours le cœur très gros quand il y en avait un qui partait. Il a fallu que j’apprenne à vivre ça. Je savais tellement comment ils se sentaient, là, devant moi, avec la déception, dans leur visage, d’avoir raté un plat... Ce qu’on ne voit pas à l’écran, c’est que, par la suite, on prenait toujours le temps d’aller le voir avant qu’il quitte pour lui parler, lui ramener les points positifs et le féliciter du cheminement parcouru.
La fille de l’île d’Orléans
Vos racines familiales à l’île d’Orléans ont-elles eu une influence sur l’importance que vous accordez au terroir?
Mon père n’est pas agriculteur, il est capitaine de bateau. Mais j’ai ramassé des fraises toute ma jeunesse [entre autres chez Jean-Pierre Plante, le cousin de son père à l’île d’Orléans, dont l’entreprise est toujours en fonction] et je les ai vendues sur le bord du chemin ou au marché. J’ai vraiment grandi là-dedans. On avait un grand potager. Ma mère cuisinait beaucoup et faisait des conserves.
Mon rêve est de retourner à l’île d’Orléans. Quand tu es enfant ou adolescente, tu en prends moins la mesure, mais c’est maintenant que je me rends compte de la beauté de la chose [...] du bonheur de manger des fraises qui sont chaudes, au soleil, directement sur le plant. Tu ne veux plus manger de fraises des États-Unis après ça, parce que ça ne goûte pas les fraises!

Jusqu’à maintenant, on note que vous, ainsi que tous les juges, appréciez beaucoup les produits locaux et boréaux dans les défis. Est-ce une façon de rendre hommage aux producteurs et productrices de chez nous?
C’est aussi la notion de reconnaître tout le travail que ça prend pour en venir à avoir des fraises ou tout autre produit dans notre assiette. C’est tout un travail qu’ils font! Je vois ça comme une vocation.
La cuisinière-pâtissière

Vous êtes une cuisinière qui a bifurqué vers la pâtisserie. Colombe St-Pierre disait en début de saison que la pâtisserie est un art capricieux. Êtes-vous d’accord avec elle?
Oui! En cuisine, tu peux toujours t’en sortir en faisant une sauce à l'œil, une purée de légumes à l'œil ou une vinaigrette. Mais si tu fais une pâte à gâteau ou une crème pâtissière, ça prend un ratio d’ingrédients avec les bonnes mesures, sinon tu n’auras pas de bons résultats. Souvent, la pâtisserie est la bête noire parce qu’elle demande plus de minutie.
Le sucre est plutôt démonisé ces temps-ci, mais c’est un ingrédient indispensable en pâtisserie. Quelle est votre position par rapport au sucre?
Avec la pâtisserie, il faut rester dans la gourmandise et ne pas avoir peur de la quantité de sucre qu’on va mettre, malgré que maintenant, on désucre beaucoup les pâtes à gâteau. Tous les desserts sont beaucoup moins sucrés qu’avant. Le palais des gens a changé, mais je pense qu’il ne faut pas oublier l’effet de la gourmandise de manger un bon dessert sucré.

Justement, vous permettez-vous souvent de manger de gros desserts très sucrés?
Tout est dans l’équilibre. Autant je vais manger un bon gros morceau de gâteau, autant je mange beaucoup de fruits et légumes.
Un gros gâteau décadent, c’est du bonheur!
On n’est pas obligé d’en manger chaque jour. Je ne me gêne pas d’utiliser de bons produits, de mettre du beurre, et j’en mets, du sucre! Il faut se gâter de temps en temps. Et on ne mange pas un gâteau d’anniversaire chaque semaine non plus!
Les chefs!, lundi à 20 h sur ICI Télé.
Compléments :
- Isabelle Deschamps Plante à 5 chefs dans ma cuisine
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