« Je pense qu’on est dû pour une minirévolution sexuelle » – Kim Lévesque-Lizotte

Dans le documentaire Allô, voici mon pénis, Kim Lévesque-Lizotte se demande pourquoi des hommes envoient des photos non sollicitées de leur pénis (dick pics) à des femmes. Selon l’autrice, il est grand temps que les hommes et les femmes se parlent et changent ensemble les règles du jeu des relations hétérosexuelles. Elle était à Tout le monde en parle dimanche pour en discuter.
Un texte de Carmen Bourque
Les carences en éducation sexuelle
Selon Kim Lévesque-Lizotte, la majorité des hommes qui envoient des photos de leur anatomie intime ne sont pas mal intentionnés, et le font par manque d’éducation sexuelle. Depuis qu’ils sont petits, les garçons intègrent le message de l’importance du pénis et de sa grosseur, et du pouvoir qui en résulte. Les vestiaires sportifs y contribuent à leur façon. Dans la pornographie, où beaucoup de garçons font leur éducation sexuelle, le pénis est au centre de tout.
Ma conclusion du documentaire, c’est qu’il est temps qu’on se parle. Il est temps qu’on ouvre une discussion sur ce qu’on a envie de vivre comme sexualité, sur ce qui engendre du désir. Parce que les dick pics, ça ne marche pas tellement pour susciter le désir d’une femme. Il y a des hommes qui sont convaincus que ça marche.

Les 5 raisons qui motivent l’envoi d’une photo de son pénis
Par ordre d’importance :
1. L’échange transactionnel (la majorité, 46 %) : j’envoie une photo de mon pénis en espérant recevoir une photo érotique en retour.
2. La chasse aux partenaires : trouver une partenaire sexuelle.
3. La glorification : besoin de se vanter, de se faire complimenter sur son anatomie.
4. Le contrôle et le pouvoir : quand une femme ne répond pas aux demandes d’un homme, la photo sert à exercer un pouvoir sur la discussion.
5. La misogynie : c’est la plus violente. Elle prend la forme d’une agression. Les personnalités publiques féminines sont celles qui en reçoivent le plus.
Selon une étude de l’UNESCO réalisée auprès de 2000 femmes dans le monde, 73 % des journalistes femmes reçoivent chaque jour des insultes, du harcèlement, des photos de pénis ou des menaces.
L’intimité numérique
Kim Lévesque-Lizotte n’a pas envie de culpabiliser les hommes qui envoient des photos de leur pénis.
La sexualité numérique, elle est saine quand elle est faite entre deux personnes consentantes. Quand c’est dans une relation consensuelle, c’est de l’érotisme, c’est de la connexion avec l’autre, ça peut être un échange intéressant.

« Le consentement, ça peut être sexy! »
Les souhaits de celle qui a mené le documentaire : qu’on se parle davantage, qu’on réinvente ce qui est érotique et qu’on valorise le plaisir dans nos rapports sexuels.
Ce serait le fun de se parler entre gars et filles et faire : “heille, le consentement, ça peut être sexy!”. Puis on peut vivre différemment notre sexualité. […] Demander la permission et le consentement, c’est un rappel à vivre notre érotisme, à changer les règles du jeu, à changer le terrain de jeu, à avoir du fun et à ramener la notion de plaisir.
Regardez l’entrevue avec Kim Lévesque-Lizotte :
Tout le monde en parle, dimanche à 20 h sur ICI Télé
Allô, voici mon pénis est offert sur Crave et sur Noovo.