Pourquoi la pauvreté suscite-t-elle l'indifférence?

Pourquoi détourner le regard devant la pauvreté? D’où vient ce malaise? L’année qui se termine nous incite, plus que jamais, à réfléchir aux inégalités qui persistent dans la société. En novembre dernier, des chroniqueurs et chroniqueuses d’On va se le dire en ont discuté à cœur ouvert.
Un texte de Carmen Bourque
La peur de connaître la pauvreté
Rose-Aimée Automne T. Morin, qui a connu la pauvreté durant son enfance et au cours de ses années d’études, est encore habitée par la peur de la vivre à nouveau. Elle garde de cette époque un sens de l’économie et un besoin d’avoir un frigo toujours plein. Elle croit que si l’on détourne notre regard de ceux et celles qui sont pauvres, c’est par crainte de se retrouver dans cette situation.
On aime ça, croire que les gens en situation de pauvreté le sont parce qu’ils ont fait les mauvais choix et qu’ils ne savent pas gérer. Mais au fond, on le sait, le sort est cruel, et ça pourrait tous nous arriver.
Un sentiment de culpabilité
Le metteur en scène Serge Denoncourt, également issu d’un milieu très modeste, a développé une tout autre façon de vivre. Son réflexe est plutôt de dépenser énormément son argent. Il parle de la culpabilité quant à la pauvreté, celle qui nous conduit à diriger notre attention ailleurs que vers les personnes les plus démunies.
Il reste qu’il y a une espèce de culpabilité de vivre dans une société riche et d’être confronté à la pauvreté tous les jours. Puis malheureusement, on se défend.
Vivre avec une piastre
Pour sa part, Kim Thúy, qui a fui le Vietnam avec sa famille pour s’installer au Québec en 1978, témoigne d’une expérience bien personnelle de la chose.
Quand on venait d’arriver, on n’avait pas de sous. J’ai le réflexe contraire. Dans le sens qu’aujourd’hui, je n’ai pas peur de la pauvreté parce que je sais comment vivre avec une piastre.
Un double discours
Au cours de la discussion, les chroniqueurs et chroniqueuses ont également abordé la question de la santé mentale et celle du double discours. Comme ils et elles l’ont souligné, l’empressement à faire un don contraste malheureusement avec le peu d’enthousiasme généré dans la société devant les propositions d’augmenter le salaire minimum ou de verser des allocations spéciales à ceux et celles qui en auraient besoin.
Regardez la chronique :
On va se le dire, du lundi au jeudi à 16 h, sera de retour le 4 janvier.
Compléments :
- Esther Duflo : l'économiste de la lutte contre la pauvreté
- Le revenu minimum garanti expliqué
-Travailler sous le seuil de la pauvreté
- Appel à investir autrement dans la lutte contre la pauvreté
- La pandémie plus difficile pour les gens dans le besoin
- Sujets coups de coeur de Rose-Aimée Automne T. Morin