50 ans et toujours pertinente : La semaine verte

Un couple, avec le temps, peut parfois se tenir pour acquis. C’est un peu la même chose en télévision avec La semaine verte, qui célèbre cette année avec nous ses noces d’or. Comme l’émission a toujours été en arrière-plan dans ma vie, pour moi, son existence va de soi. C’est ce qui m’a longtemps empêchée de mesurer l’ampleur de sa pertinence, malgré sa forte tradition d’information. La semaine verte est toujours essentielle après 50 ans, et son actuelle animatrice, Catherine Mercier, nous dit pourquoi.
Un texte de Lisa Marie Noël
La semaine verte est diffusée le samedi à 17 h sur ICI Radio-Canada Télé.
Avec des équipes à Québec, Montréal, Winnipeg et bientôt Moncton, La semaine verte a un mandat d’information dans les domaines de l’agriculture, des pêcheries, de la foresterie et de l’environnement depuis 50 ans.
De la Chine à La semaine verte
L’animatrice et journaliste Catherine Mercier a inauguré la présente saison de La semaine verte en pleine pandémie. Avant de prendre les rênes de cette émission, en 2013, elle a été correspondante à New York et en Chine.
« En Chine, il y avait de la pollution atmosphérique, de la pollution des sols aux métaux lourds, de la pollution de l’eau à toutes sortes de substances chimiques… Je voyais les limites qu’on imposait aux écosystèmes. […] J’habitais au 33e étage d’une tour à logements à Pékin, et je n’arrivais pas à voir de l’autre côté de la rue tellement le smog était épais! » raconte-t-elle.
Elle était heureuse de revenir au Canada non seulement pour l’air pur qui lui manquait cruellement, mais aussi pour entreprendre son nouveau mandat d’animatrice dans lequel elle pensait pouvoir faire une différence.
La constante nécessité de parler d'environnement chaque semaine
La semaine verte, voilà une émission qui parle d’environnement où on peut peut-être montrer des solutions pour ne pas en arriver à l’issue dramatique que connaît la Chine.
C’est d’ailleurs le mot d’ordre de toute l’équipe de cette émission d’affaires publiques : parler des problèmes, nombreux, mais aussi présenter des solutions ou des pistes de réflexion.
Parfois, oui, on a des mauvaises nouvelles. On n’a pas le choix, il faut parler de la réalité. Mais le moins possible on veut laisser les gens en plan dans leur salon, sans solution.
Un des très précieux avantages de l’émission hebdomadaire est sa formule comprenant de longs reportages. Ils peuvent durer de 10 à 15 minutes! « La semaine verte a le luxe de pouvoir présenter des reportages plus longs qu’au Téléjournal, par exemple. On montre le problème, oui, et on montre aussi ce qu’on peut faire. C’est porteur d’espoir, et les gens ont besoin de ça », croit Catherine Mercier.

En début de saison, La semaine verte a diffusé un reportage de 13 minutes pour expliquer pourquoi des productrices bios alimentent leur serre au mazout et un autre de 11 minutes qui explique comment et pourquoi un rorqual a remonté le Saint-Laurent jusqu’à Montréal.
Le monde n’est pas noir et blanc. Il y a vraiment de la nuance. Nous, la nuance, [dans de longs reportages], on peut la montrer davantage.
La semaine verte en 50 ans d’archives : innovations et catastrophes
Et des archives, Catherine Mercier en a visionné des tonnes. D’ailleurs, l’équipe a mis en ligne plusieurs vidéos dans la section « 50e saison » du site Internet.
Ces archives montrent bien les géants pas qui ont été franchis. L’animatrice a été impressionnée de voir un reportage de 1971 sur un projet de recherche à l’époque très avant-gardiste sur la culture des tomates de serre à l’Université Laval. « Le chercheur disait que c’était une culture très risquée et que c’était probablement la culture la plus spécialisée qu’on ait jamais essayée […]. C’était tout nouveau alors que maintenant, des tomates en serre, tout le monde en mange. On a de grands producteurs de tomates en serre, et c’est une technologie qu’on a développée et qu’on maîtrise aujourd’hui très bien. »

D’un côté un peu moins reluisant, elle n’a pu que constater, au fil de plusieurs reportages, la catastrophe annoncée de l’effondrement des stocks de poissons dans les années 1970. À l’époque, en plus de la flotte de pêche locale, de nombreux bateaux-usines étrangers venaient se servir près des côtes canadiennes. La pression sur la ressource a été trop forte.
Le gouvernement a instauré une limite de 200 milles marins, donc les bateaux devaient demander un permis pour venir à l’intérieur des eaux territoriales. Mais même ces mesures n’ont pas pu freiner l’effondrement de plusieurs espèces. C’est extrêmement triste
, raconte Catherine Mercier.
Capsule sur les 200 milles marins
Plus ça change, plus c’est pareil
À travers le temps, il y a des constantes, comme la difficulté pour les jeunes de se lancer en agriculture tellement les fermes sont spécialisées et très chères, donc difficiles à acquérir.
Un producteur laitier nous dit dans un reportage de 1974 à quel point c’est difficile pour son fils de reprendre la ferme. J’écoute ça et je me dis qu’on pourrait avoir exactement la même clip aujourd’hui en 2020.
Peut-on voir un brin d’espoir à travers ces cinq décennies?
L’animatrice croit que la protection de l’environnement est un concept de plus en plus concret pour les gens, et la majorité y adhère.
Il y a une prise de conscience sur le plan de l’environnement autant du côté de la population que du côté du monde agricole et forestier. Ce sont des notions connues. Est-ce que ce qu’on fait est parfait? Non. Mais au moins il y a des règles qui sont en place, et la protection de l’environnement est désormais beaucoup plus concrète.
En complément
Récit numérique : La semaine verte, 50 ans de passion pour la nature
La section des archives 50e saison sur le site de La semaine verte