L’astronaute David Saint-Jacques en 12 citations

L’astronaute québécois n’en revient toujours pas d’avoir pu s’envoler dans l’espace. Il en retient la beauté de la planète Terre, le génie humain et la capacité des différents peuples à travailler ensemble. À Tout le monde en parle, il a raconté son expérience exceptionnelle.
Un texte de Carmen Bourque
Le 3 décembre 2018, David Saint-Jacques est monté à bord de la capsule Soyouz en direction de la Station spatiale internationale. Il a encore du mal à réaliser ce qu’il a vécu :
C’est un peu comme si c’était arrivé à quelqu’un d’autre. C’est tellement déconnecté de la réalité quotidienne, une expérience pareille! Mais doucement, ça entre.
Ce qu’il retient de son voyage dans l’espace :
Surtout les conclusions personnelles, un peu philosophiques, que j’ai acquises qui sont mes trésors. […] On a tous vu ces images de la Terre qui flotte dans l’espace. […] Mais le voir de ses yeux, ça change tout. C’est vraiment touchant. La Terre qui est si belle, si gracieuse, avec la petite couche bleue phosphorescente dans le vide complètement mort de l’espace, avec la Lune qui est une roche, le Soleil, une boule de feu, les autres planètes qui sont complètement inhospitalières. Puis la Terre, c’est comme une oasis; c’est impossible là, c’est fou!
Quelque chose l’a rassuré, en plus de la robustesse de la Terre :
C’était l’expérience de ces années-là dans le programme spatial, la collaboration intense entre des pays qui, il y a quelques décennies, se faisaient la guerre. […] L’invention humaine, le génie humain, la capacité de travailler ensemble, l’étendue de l’imagination, c’est ahurissant! On est capables de travailler ensemble, puis de trouver des solutions techniques innovantes à des problèmes qui peuvent paraître impossibles.
Il a des frissons quand il regarde les images de sa sortie spatiale, qui a duré plus de six heures :
Des milliers de gens se sont creusé la tête pour résoudre des problèmes, puis ont fait que j’étais capable d’être là, dans mon scaphandre, dans le vide spatial, vraiment [à mon aise], avec juste le stress de vouloir bien faire mon travail. […] J’étais comme en train de faire de la mécanique automobile dans l’espace.
L’adaptation en orbite :
Tu arrives en orbite, c’est très dur de s’adapter. Ça prend plusieurs semaines. Tu es désorienté, tu as perdu le sens de l’équilibre […] le sang monte à la tête, tu es congestionné, mais tu t’habitues. L’évolution ne nous a pas préparés à ça, mais tu te retrouves après quelques semaines et tu es complètement adapté! À bord, c’est comme si j’étais né là.
Le vol de retour :
Aller dans l’espace, c’est très contrôlé. […] Mais revenir, c’est assez passif. On se détache de la station et on se demande pourquoi on est parti. On était bien! […] Et là, on ralentit d’à peine 1 % de notre vitesse. C’est juste assez pour casser la courbe de notre orbite, commencer à se rapprocher. Littéralement, on tombe du ciel. On tombe! On tombe de 400 kilomètres, doucement.
Revenir vivant :
Ce qu’on attend tous dans le cockpit, c’est l’ouverture du parachute [qui se déclenche] automatiquement à peu près à 10 kilomètres d’altitude avec un baromètre. […] Quand le parachute est ouvert, tu sais que tu devrais survivre à ton vol spatial.
Retrouver la forme physique et psychologique :
Physiquement, ça m’a pris peut-être deux ou trois mois avant de vraiment dire : je peux courir, je peux jouer au basketball. Cet hiver, je fais du ski alpin, je n’ai pas trop peur. Psychologiquement, ça a été plus long. C’est comme si tu étais sur un high d’adrénaline pendant des années, puis pouf, tu tombes. […] Puis ça m’a frappé, ma conjointe, Véronique, m’a dit : “C’est comme si tu étais abasourdi, comme si tu étais malade.”
David Saint-Jacques a remarqué cet état sur son ami, l’astronaute Nick Hague, qui a fait partie de la même expédition spatiale que lui :
Je l’ai rencontré au gym en réhabilitation. Je me suis dit : “C’est lui, mais comme une version ralentie. Il bouge un peu carré, pas trop vite, il parle plus lentement.” Ça prend du temps. Moi, ça m’a pris au moins trois ou quatre mois avant de me sentir moi-même enfin.
Garder un lien avec ses trois enfants durant sa mission spatiale :
Une idée géniale qu’on a eue : à bord, on avait des gaufres déshydratées et du sirop d’érable en tube. Tous les dimanches, on avait la chance de pouvoir faire une conférence vidéo, puis eux, ils se faisaient des gaufres avec du sirop d’érable. En faisant la même chose, là on pouvait connecter comme ça avec les enfants.
Le rôle important de Véronique Morin, sa conjointe :
Pendant des années, j’étais en entraînement à travers le monde, surtout en Russie. Le gros de la charge était sur les épaules de ma conjointe. C’est elle qui a gardé la cellule familiale à flot. Puis, les émotions du parent qui reste sont imitées par les enfants. Si maman trouve ça correct, c’est correct. On a bien réussi ça.
Le coronavirus :
J’ai eu l’occasion d’être trois fois en quarantaine. […] Ce n’est pas facile à vivre, mais si quelqu’un a l’impression que c’est ça, la bonne chose à faire, il ne faut pas hésiter. Moi, j’ai des parents âgés et je vais m’assurer de faire tout ce qu’il faut pour les protéger.
Regardez l’entrevue avec David Saint-Jacques :
Tout le monde en parle est diffusée le dimanche à 20 h.
David Saint-Jacques en orbite à Découverte
David Saint-Jacques : mission spatiale et retour sur terre à Découverte
David Saint-Jacques : astronaute et rêveur
Entrevue avec David Saint-Jacques à 24-60
L'astronaute David Saint-Jacques offre un vibrant plaidoyer pour la Terre