Martine Delvaux et les boys’ club

« Ma définition du boys' club, c'est des hommes, le plus souvent blancs, le plus souvent un peu plus âgés, le plus souvent hétérosexuels, le plus souvent assez riches, qui fonctionnent en circuit fermé. » – Martine Delvaux
Un texte de Carmen Bourque
L’essai Le boys’ club, que publie l’écrivaine, professeure et militante féministe Martine Delvaux, trace l’historique et dénonce les ramifications de ces lieux de pouvoir où les femmes, les minorités sexuelles et les personnes racisées sont exclues.
Ils sont partout. Ils sont dans les salles de médias, ils sont dans les banques, ils sont au gouvernement, ils sont en architecture, en politique; ils sont partout.
Regardez l’entrevue avec Martine Delvaux à Tout le monde en parle :
L’autrice, qui s’intéresse depuis longtemps aux questions concernant les femmes, n’avait pas envie d’écrire ce livre, mais l’affaire de la ligue du LOL qui a éclaté en France l’hiver dernier l’a fait changer d’idée.
L’affaire de la Ligue du LOL
L’affaire de la Ligue du LOL, c’est un groupe de journalistes et de rédacteurs en chef de différents médias en France qui, il y a une dizaine d’années, avait fondé un groupe Facebook privé. Et dans ce groupe Facebook, ils intimidaient, ils humiliaient des jeunes femmes en train de devenir journalistes. C’est au début de Twitter, donc, on se servait aussi des réseaux sociaux pour menacer ces femmes-là et se moquer d’elles. Ce n’était pas juste misogyne, c’était raciste, c’était homophobe.
Et au Québec?
Même si la situation semble différente au Québec, cette forme d’intimidation a également eu cours ici. La journaliste Chantal Hébert, présente sur le plateau de Tout le monde en parle, a ajouté qu’elle n’était pas surprise :
Au Québec comme au Canada, je regarde comment des partis ciblent systématiquement des journalistes féminines pour le même travail que leurs collègues. [Des partis] qui n’attaqueraient jamais, par exemple, mon collègue Andrew Coyne du haut de sa notoriété, mais qui attaqueraient les femmes qui participent aux mêmes activités journalistiques que lui, parce que ce sont des femmes. Et ça se pratique beaucoup, à tel point que la plupart de mes collègues, comme moi d’ailleurs, ne lisons jamais les commentaires.
Durant l’entrevue, on a rappelé que la manifestation de ce boys’ club est apparue de façon flagrante durant la campagne électorale fédérale. Ainsi, au cours d’un des débats des chefs, quatre hommes – Justin Trudeau, Andrew Scheer, Jagmeet Singh et Yves-François Blanchet – ont débattu, entre eux, de la question de l'avortement.
L’après-#MoiAussi
À savoir si la prise de parole des femmes autour du mouvement #MoiAussi a réussi à ébranler la forteresse des boys’ club, Martine Devaux se dit confiante, mais pas naïve :
Moi, je suis optimiste, mais je ne suis pas non plus naïve. Je ne pense pas que les choses changent du jour au lendemain. Je pense que ces choses-là changent très lentement, qu’il y a des ressacs, que des fois ça s’arrête, puis qu'il faut recommencer.
Pour en savoir plus
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