Apocalypse : la paix impossible, un véritable examen de conscience

Le 11 novembre prochain, des millions de Canadiens arboreront le coquelicot rouge à l'occasion du jour du Souvenir : ils célébreront alors le centième anniversaire de l'Armistice. Mais 100 ans plus tard, se souviennent-ils réellement des hostilités de la Grande Guerre? Pas vraiment, croit Josette D. Normandeau, coproductrice de la série documentaire à succès Apocalypse : la Première Guerre mondiale.
L’absence de mémoire collective au pays a encouragé la productrice québécoise à se donner corps et âme à cette grande aventure cinématographique. Après Apocalypse : la Première Guerre mondiale, qui a connu un succès monstre sur la scène internationale, elle présente aujourd’hui Apocalypse : la paix impossible (1918-1926) , dont l’histoire prend forme peu avant la signature du traité de Versailles.
Afin de réaliser ces documents didactiques, des centaines d’heures d’archives ont été restaurées, mises en couleurs et sonorisées. Au total, plus de 200 personnes ont travaillé sur cette coproduction entre le Canada et la France, ainsi que sur son penchant numérique, Apocalypse : 10 destins, réalité augmentée .

« Je trouve qu’au Canada, on n’enseigne pas l’histoire », exprime Josette D. Normandeau, qui aspire à inculquer des connaissances historiques aux Canadiens avec ses films. À son avis, ces lacunes présentes chez plusieurs d’entre eux nuisent à la formation d’une forte culture identitaire, en plus de favoriser la répétition des erreurs du passé.
« On oublie que nos parents, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents sont allés au front. Ils se sont battus pour notre liberté, notre indépendance, bref, pour notre pays que nous avons à présent », souligne celle qui préside la compagnie de production médiatique Idéacom International. En effet, plus de 61 000 Canadiens ont péri au combat de 1914 à 1918, selon l’Encyclopédie canadienne.
Les séquelles invisibles
Pour Josette D. Normandeau, la diffusion d’Apocalypse : la paix impossible (1918-1926) sur les ondes nationales pourrait favoriser une prise de conscience collective sur les événements cauchemardesques du passé. « C’est important que les jeunes et les moins jeunes se rappellent que la guerre n’est pas une partie de plaisir, qu’elle est plutôt extrêmement violente et qu’elle laisse des séquelles épouvantables », soutient-elle.

Certaines images diffusées dans cette minisérie se révèlent extrêmement difficiles à regarder : corps morts empilés, visages défigurés, assassinats, etc. La colorisation des archives accentue d’ailleurs la sordidité des massacres. « Il faut que l’on sache ce qui s’est passé. Surtout qu’au Canada, contrairement aux pays européens, il n’y a pas de traces tangibles de la guerre, comme des trous de balle et des quartiers anéantis », dit-elle.
Au contraire, celle qui a de plus produit le documentaire Deadly Arts précise que plusieurs militaires canadiens de la Première Guerre mondiale ont vécu un choc post-traumatique qu’ils ont dû garder pour eux, puisque cet état était à l’époque incompris par la société. S’en sont suivis multiples problèmes d’alcoolisme et suicides.
« Je me rappellerai toujours d’un mec d’une trentaine d’années qui est venu me voir à Vancouver après la projection d’Apocalypse : la Première Guerre mondiale, raconte-t-elle. Les larmes aux yeux, il m’a dit : -“Mon père aurait dû voir votre film. Il aurait ainsi compris son propre père.” » Josette D. Normandeau a alors compris que le grand-père du jeune homme était revenu de la guerre complètement changé, incompris de sa famille. Selon elle, c’est la preuve qu’une série documentaire peut réellement faire évoluer les mentalités.

Afin de démocratiser l’accès à ces connaissances historiques au maximum, la productrice a également travaillé sur la réalisation de « produits dérivés » tels qu’un livre et une application numérique pour iPhone et Android.
La minisérie Apocalypse : la paix impossible (1914-1918) sera présentée en deux épisodes, les samedis 10 et 17 novembre, dans le contexte de l’émission Doc humanité sur les ondes d’ICI Radio-Canada Télé.
Le narrateur Mathieu Kassovitz parle d'Apocalypse : La paix impossible