Sur le plateau campagnard de 5e rang
Dans la municipalité bucolique de Saint-Chrysostome, en Montérégie, on tourne depuis avril l'une des séries les plus attendues de 2019. Il s'agit de 5e rang, un thriller rural qui met en vedette Maude Guérin et qui est scénarisé par Sylvie Lussier et Pierre Poirier (L'auberge du chien noir). Intrigué par cette nouvelle proposition – qui semble éloignée de tout ce que le couple a écrit pour la télé jusqu'à présent –, on a enfilé nos bottes de pluie et on s'est rendu à la ferme familiale qui sert de décor pour voir ça de plus près.
Un texte de Mathieu Valiquette
C’est une ambiance plutôt zen qui nous attend dans la maison de Marie-Luce, le personnage principal de 5e rang qu’interprète Maude Guérin. C’est d’ailleurs elle qui nous accueille dans la cuisine. « On se sent à la maison ici, on se sent bien », nous dit-elle dans son accoutrement de fermière : jeans, casquette de camionneur et chemise de flanelle.
La ferme a été achetée par la production pour les besoins de la série. « C’est génial de tourner sur une ferme. La saison renferme 23 épisodes, donc on a le temps de s’installer ! C’est bon pour la concentration, cet éloignement : il n’y a pas de distraction dans un environnement comme ça », raconte Marie-Ève Milot, qui interprète Julie, la fille de Marie-Luce.
La scène à laquelle on assiste aujourd’hui est un segment de l’épisode 10. Inutile de rentrer dans les détails pour en dévoiler trop, mais on comprend que Julie et sa sœur Kim apprennent une nouvelle troublante relativement à l’enquête sur la mort de leur père. Car, oui, malgré ses moments plus légers, 5e rang est d’abord un drame : celui de Marie-Luce Goulet, qui voit sa vie fortement chamboulée après le décès sordide de son mari, Guy, dans le premier épisode.
On est loin du ton espiègle de L’auberge du chien noir. Autant sur le fond que sur la forme, les différences sont notables. Le réalisateur Francis Leclerc (Apparences, Les beaux malaises) a participé activement à la création de la série en réalisant les premiers épisodes, en s’impliquant dans le choix de la distribution et en étant l’un des producteurs. « On est ailleurs », lance Myriam Verreault (À l’ouest de Pluton), qui prendra le relais de la réalisation pour le troisième et dernier bloc de la saison. « Ça reste un téléroman, car le long terme permet un plus grand attachement aux personnages. En même temps, on est dans la qualité de la série avec beaucoup de scènes extérieures. »
Si la majorité des scènes sont tournées à Saint-Chrysostome – à la ferme familiale et dans les serres à proximité –, une bonne partie de l’intrigue se déroule à Saint-Rémi, à une vingtaine de minutes de là. On y trouve le restaurant où Mireille (Geneviève Brouillette) travaille, tout comme la maison de Réginald, l’ex-militaire qui vit à l’écart de la société (Maxime de Cotret), l’érablière de Charles (François Papineau) et le poste de police où travaille Fred, le seul policier du village.
Ce personnage, interprété Maxime Gaudette, devra enquêter sur la mort du mari de Marie-Luce et interroger les habitants de Valmont (le nom fictif du village) à ce sujet. Comme il connaît intimement les gens liés à l’histoire, ça donnera lieu à des situations délicates. Fred n’a pas les caractéristiques du policier plus classique comme on pouvait voir dans 19-2, par exemple. « C’est un policier dans un village où il ne se passe jamais rien. L’imagerie de ça a un petit côté "Fargo" », dit celui qui avait déjà interprété un policier dans le film Les trois petits cochons.
Parlant de cochons, impossible de passer sous silence les animaux de la ferme, qui font partie intégrante de l’émission. Lors de notre passage, on a bien sûr vu les porcs, mais également des poules et un magnifique bouc. En plus d’avoir appris à conduire un tracteur et un quatre-roues, Maude Guérin a dû travailler son aisance avec les bêtes pour un maximum de crédibilité.
La série expose des réalités modernes, comme celui de l’élevage bio. Selon Catherine Brunet (l’autre fille de Marie-Luce), il est clair que, sans être un documentaire sur les fermes bios, il y aura un côté éducatif à suivre les problèmes auxquels sera confrontée la ferme Goulet. « On connaît l’amour des auteurs pour les animaux [Sylvie Lussier et Pierre Poirier ont notamment créé l’émission Bêtes pas bêtes plus]. Ils se sont renseignés et savent de quoi ils parlent. On brise beaucoup de préjugés sur différents sujets. Je pense que ça va donner le goût aux gens de devenir fermiers », dit-elle en souriant.
Le tournage de 5e rang se termine à la fin du mois de novembre. L’émission sera diffusée l’hiver prochain sur ICI Télé.