Un échangiste à la fois : Philippe Fehmiu

Il est écrit dans le concept de l'émission Les échangistes que les collaborateurs sont là pour pimenter nos soirées. Nous avons décidé de les rencontrer pour en savoir un peu plus sur eux.
On associe facilement Philippe Fehmiu à la musique parce que c'est dans les années 90 qu'il commence sa carrière à MusiquePlus. Aujourd'hui, il vibre chaque jour au son d'ICI Musique avec son émission Vi@Fehmiu.
Je vais tout de suite plonger dans le vif du sujet : comment ça se vit, la conciliation amour-travail, pour le couple McMiu (McQuade + Fehmui)? Avez-vous des codes secrets durant l’émission, comme « si je me gratte le nez, ça veut dire “je t’aime” »? Avez-vous des discussions sur l’oreiller au sujet de l’émission?
Je dois dire qu’on fait beaucoup de pillow talk, et on se donne la permission d’en faire parce que pour tous les deux, c’est notre métier, c’est notre passion. Il y a des fois où on passe de longues soirées à parler de l’émission, des réactions du public, des invités, et plus largement du milieu de la télévision et des communications.
En plus d’être un couple vedette, vous vous rejoignez sur tellement d'intérêts : la musique, l’animation, les voyages, la mode… C’est évident que vous vous stimulez mutuellement sur le plan professionnel. Est-ce que je me trompe?
Je dois dire que j’ai appris beaucoup sur mon métier aux Échangistes. Sur ce plateau, il y a des champions et des championnes dans tous les corps de métier. Je suis dans ce milieu depuis 25 ans et avec Pénélope, j’ai appris l’esprit de synthèse, la construction d’une phrase et son efficacité. Je l’applique déjà dans mes émissions à ICI Musique.
Quel est votre rôle au sein de cette émission?
Il vient de mes sujets de prédilection : la culture, la musique et la diversité. Je suis aussi un peu champ gauche.
Vous êtes dans le milieu des médias depuis longtemps. Pourquoi selon vous, en matière de diversité à l’écran, ça n’évolue pas ou pas plus vite?
Parce qu’au Québec, c’est vu comme un problème à régler. Il y a des gens qui n’ont pas cette connaissance de l’intégration de la diversité, et beaucoup de ces gens occupent des postes décisionnels. Ailleurs, c’est vu comme une occasion d’affaires. Quand tu vas au Canada anglais, par exemple, on sait que si on traite de sujets qui touchent la diversité ou s’il y a des têtes d’affiche issues de la diversité, on va chercher plus de parts de marché. Mais ici, j’imagine que ça ne dérange pas de se priver d’environ 30 % de la population. On dit que les médias sont en crise et on se prive de toute cette portion de la population. Dans quelques années, il y aura des gens dans des postes de décision qui seront issus de la diversité et ça va changer à ce moment-là. Ça sera donc pour la prochaine génération, pas la mienne.
C’est déjà la fin de la saison. Quel a été votre meilleur moment et celui qui vous a rendu le plus mal à l’aise?
Le meilleur moment, c’est lorsqu’on a reçu Dan Bigras et qu’il nous a annoncé qu’il était guéri de son cancer. Dans les coulisses, je lui avais demandé à qui il avait annoncé la nouvelle en premier et il m’a répondu : « Mon fils. » Une fois en ondes, je me suis dit que de lui demander une question à ce sujet était sûrement le déclencheur d’une émotion forte. Je ne l’ai pas fait pour faire un bon show, je l’ai fait parce que tout le monde a un ami, un parent qui a eu le cancer et que ça nous touche tous. De voir un gros Dan Bigras pleurer à la télé, je pense que c’est bon. Je pense que ça libère. Et nous, les gars dans la cinquantaine, on a un petit bout de chemin à faire pour être capables de libérer nos émotions.
Et le moment qui m’a rendu le plus mal à l’aise, c’était au début de la saison. J’étais nerveux et j'apprivoisais tout ce qui se passait sur le plateau. Il y avait beaucoup de monde qui parlait. On recevait Patsy Gallant et j’ai voulu lui poser une question sur la relation particulière qu’elle a avec son fils, mais je ne l’ai pas fait. Je l’ai regretté et j’ai réalisé qu’il valait mieux être malhabile que de ne pas en faire assez. Être effacé sur ce plateau, ce n’est pas la bonne chose, on se demande à quoi on sert!
À travers votre métier et vos intérêts, vous consommez plus de culture que le commun des ours. Avez-vous eu un coup de cœur cet été?
Rymz. Je le suis depuis un an, je l’ai vu au moins six fois en spectacle. Il a une dualité qui m’intéresse beaucoup. Il a une approche très frontale dans sa façon de s’exprimer et dans sa musique, et en même temps, il travaille avec les jeunes, il est très authentique. J’ai aimé le voir fleurir dans son professionnalisme : je l’ai revu sur scène, il est groundé, il est fort. Et que dire de son apport judicieux sur la chanson d’Ingrid St-Pierre et Stéphanie Boulay, Sorbet collant, un mélange des genres qui est parfait.
Pour moi, vous êtes le meilleur modèle masculin à la télé québécoise en matière de style vestimentaire. Je ne suis pas originale ni la première à vous en parler. Qu’est-ce que ça représente pour vous, la mode?
J’accorde d’abord de l’importance à mon confort. Ensuite, je tiens à être en harmonie avec mon environnement. Je le fais sans y réfléchir, mais je vais me coordonner avec les couleurs du plateau. Je veux être en complémentarité avec les sujets, les invités, l’ambiance. J’ai déjà pensé que c’était superficiel, mais plus maintenant.
Je crois aussi que ça vient de mon africanité. Les vêtements, c’est une affirmation de soi, un message qu’on fait passer. J’ai grandi avec un père africain et pour lui, bien se vêtir, c’était une marque de respect. Donc aujourd’hui, je l’assume parfaitement.
Avec quel échangiste voudriez-vous virer une brosse dans les coulisses?
Avec France Castel… Tant qu’à virer une brosse, j’imagine qu’on va parler et tant qu’à parler, j’ai envie d’entendre des histoires rocambolesques. Il y a une partie de sa vie que je ne connais pas. Et je dois dire que j’ai un béguin pour les femmes de 70 ans et plus. Je n’ai jamais aimé ma mère autant qu’aujourd’hui. J’aime la mère de Pénélope, j’aime Louise Latraverse, j’aime France Castel.
Avec quel échangiste voudriez-vous vous obstiner en ondes?
Avec Manal. Évidemment, elle aime débattre, elle le fait bien, d’une façon intelligente et respectueuse. Elle s’attaque aux idées, pas à la personne. J’ai à apprendre d’elle sur sa façon de débattre.
Avec quel échangiste voudriez-vous avoir un rapprochement amical?
Jay, pour le bromance, le brotherhood, la camaraderie. On pourrait aller à la pêche ensemble.
Cet automne, Philippe Fehmiu animera une nouvelle émission sur ICI Musique le dimanche à 14 h : Plus qu'un hit avec Philippe. Il sera aussi à la barre de son émission Vi@Fehmiu du lundi au vendredi à 12 h.
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Du lundi au jeudi à 21 h sur ICI Radio-Canada Télé
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