C'est par un frisquet matin de décembre 2018 que Maxime Lizotte nous reçoit dans son appartement du quartier Limoilou, à Québec. Âgé de 22 ans, ce jeune passionné de cuisine a l'avenir devant lui. Et une identité qu'il apprend encore à connaître.
Un texte de Jérôme Lévesque-Boucher
Ce n’est que tout récemment que le jeune cuisinier du restaurant La Légende, situé dans les bucoliques rues du Vieux-Québec, a pris connaissance de ses origines malécites. Son plaisir, c’est de laisser parler sa cuisine.
« Viens, je vais te montrer quelque chose », me dit Maxime en empruntant le couloir de son appartement.
Derrière l’une des portes, on découvre une chambre de fermentation. Maxime y mène avec souci et attention ses expériences culinaires. Des sauces, des marinades et des aliments de toutes sortes s’y trouvent.
« Ce que je prône, c’est une cuisine québécoise contemporaine, autochtone et avant-gardiste », explique-t-il.
Ce talent et cette passion sont de plus en plus reconnus sur la scène culinaire de Québec. Tant et si bien que quelques jours après notre rencontre, Maxime s’envolait pour la Belgique. Le jeune Malécite allait titiller les papilles européennes tout en allant donner un atelier dans une école hôtelière.
Nom : Lizotte
Prénom : Maxime
Âge : 22 ans
Profession : cuisinier
Nation : Malécite
Lieu de résidence : Québec, Québec
Le plus grand rêve : Faire d'un restaurant canadien l'un des meilleurs au monde
Le principal enjeu pour l’avenir des Autochtones : « Que les jeunes retrouvent leur identité et en soient fiers. »
Pour Maxime, donner une identité à sa cuisine revêt un certain symbolisme. Découvrir sa descendance malécite lui a permis de tracer la voie.
« J’avais une identité professionnelle, j’en ai maintenant une personnelle. Pouvoir marier les deux tout en me rapprochant des techniques traditionnelles des Malécites, c’est un privilège. »
Maxime Lizotte est par ailleurs heureux de constater que les jeunes Malécites sont, comme lui, désireux de retrouver leur caractère propre. Pourtant, la nation est passée à un cheveu de disparaître au cours du XXe siècle.
« On a été la dernière nation à être reconnue. C’est une fierté de savoir que malgré tout, nous sommes encore là. C’est une occasion d’en apprendre plus sur moi-même. Quand on sait d’où on vient, on sait où on va. »
Si le jeune cuisinier attend encore ses papiers officiels du gouvernement fédéral attestant qu’il est bel et bien un membre de la nation malécite, Maxime Lizotte affirme qu’il est déjà reconnu par sa nation.
« Le papier, c’est un symbole. Ça confirme qui je suis. Mais au-delà des préjugés qu’on peut avoir contre les Premières Nations, pour moi, c’est une façon d’en être fier et de me donner une ligne à suivre. »
Maxime Lizotte, chef cuisinier de la nation Malécite Photo : Radio-Canada/Jérôme Lévesque-Boucher Au fait que le grand chef de la nation malécite de Viger, Jacques Tremblay, caresse des projets de développement pour le peuple, Maxime Lizotte n’écarte pas l’idée d’un retour sur les terres ancestrales éventuellement. Mais pas tout de suite.
« La scène gastronomique de la ville de Québec bouillonne. Dans une éventualité où je serais à mon compte, peut-être. Les prix des maisons sont alléchants, en plus! Mais pour l’instant, je suis bien ici », tranche-t-il.
Après une discussion dans son appartement, nous nous sommes rendus sur son lieu de travail, au restaurant La Légende. À le voir nous montrer son poste de travail et nous présenter un collègue, il était difficile de ne pas ressentir la profonde affection qu’il a pour son métier.
Un moment de réflexion. Maxime se tourne vers nous.
« Ce que j’aimerais, c’est amener un restaurant canadien dans le classement des meilleurs restaurants du monde. Dans 10, 20, 40 ans s’il le faut, j’aimerais dire que je fais partie de ceux qui ont mis le Québec sur la carte des meilleurs endroits où on peut manger dans le monde. »
« Est-ce que ce serait un juste retour des choses que ce soit un membre des Premières Nations qui le fait, Maxime? »
Il sourit.
« C’est sûr que ce serait drôle, hein? »