Des objectifs climatiques contraignants et fondés sur la science, le respect de la souveraineté autochtone et l'investissement dans une « économie florissante, régénératrice et à zéro émission » sont les principales demandes de plus de 140 organisations qui ont lancé la Campagne ontarienne d'urgence climatique (OCEC) à l'Assemblée législative provinciale mercredi.
Radio-Canada avec Anne-Marie Trickey
La coalition venue de multiples secteurs de la société civile dit représenter 500 000 personnes et lance sa campagne un peu plus d'un mois avant que les Ontariens ne se rendent aux urnes.
Elle exhorte les candidats de toutes allégeances politiques en vue des élections du 2 juin à approuver un plan d'action climatique en 12 points.
L'Ontario n'est pas sur la bonne voie pour atteindre son objectif de réduction des émissions de 30 % d'ici 2030
, expose Lana Goldberg, gestionnaire du programme climatique de l'Ontario à Environmental Defence Canada. Et même si c'était le cas, ça ne serait toujours pas suffisant pour que l'Ontario fournisse sa part d'efforts pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Cela nécessiterait une réduction de 60 % d'ici 2030.
Elle remet en cause le projet énergétique de la province visant à accroître l'utilisation des usines à gaz naturel pour produire de l'électricité, ou encore les plans pour construire de nouvelles méga-autoroutes
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Nous avons besoin d'un gouvernement qui investira dans les transports en commun, protégera les zones naturelles et investira dans les énergies renouvelables pour s'assurer que l'Ontario est sur une voie durable et un endroit sain où vivre.
Deena Ladd, directrice générale du Workers Action Centre, met l’accent sur les personnes vulnérables, qui génèrent moins d’émissions de carbone
.
Des représentants d'organismes de défense des travailleurs, de l'environnement, de la santé et des personnes vulnérables ont discuté de l'urgence climatique en Ontario. Photo : Radio-Canada Pour elle, transformer des emplois faiblement rémunérés et faibles en émissions de carbone en emplois bien rémunérés est en soi une solution climatique
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La voie à suivre est d'agir ensemble de toute urgence pour sauvegarder le présent et assurer l'avenir pour nous-mêmes, pour nos enfants et pour les prochaines générations.
En plus des trois principaux éléments, le plan d'action du groupe demande à la province de :
- Mettre fin à toutes les subventions aux combustibles fossiles et de réduire progressivement leur utilisation
- Traiter l'urgence climatique comme la plus grande crise de santé publique en Ontario
- Accélérer la transition vers des bâtiments zéro émission
- Réaffecter les fonds prévus pour l'autoroute 413 et d'autres agrandissements d'autoroute pour soutenir une transition plus rapide vers un transport à zéro émission
- Protéger d'urgence la biodiversité
- Investir dans l'agriculture et les systèmes alimentaires locaux, biologiques et régénérateurs
- Lancer une
vaste campagne d'éducation du public
sur les crises du climat et de la biodiversité - Rétablir un bureau indépendant du commissaire à l'environnement
- Assurer une transition juste et inclusive pour les communautés autochtones, dépendantes des ressources, éloignées et marginalisées
Les groupes à l'origine de la campagne proviennent d'un mélange de communautés et de secteurs, dont l'agriculture, les arts et la culture, les entreprises, les professionnels de la santé, le travail, les groupes communautaires, l'éducation, l'environnement et l'action climatique.
Nous avons besoin de voir les citoyens se lever et demander une action climatique
, réagit Dianne Saxe, cheffe adjointe du Parti vert de l’Ontario.
Presque tout ce qu'ils demandent est déjà sur notre feuille de route vers le net zéro
, assure-t-elle à Radio-Canada, en affirmant que son parti est le seul
à proposer une action vraiment solide
pour y répondre.
Dianne Saxe est la cheffe adjointe du Parti vert de l’Ontario. Photo : Commissaire à l'Environnement de l'Ontario Cette avocate spécialisée dans la défense de l’environnement mentionne de plus trois éléments essentiels qui ne sont pas mentionnés par la coalition : un budget carbone équitable, un prix du carbone réaliste
et l’amélioration de la production électrique pour se passer des énergies fossiles.
Nous avons effectivement besoin d’action et l’appel [de la coalition] fait de manière publique augmente la pression sur toute la société pour bouger
, appuie Peter Tabuns, critique du NPD de l’Ontario sur l’énergie et la crise climatique.
Lui aussi avance que la plateforme de son parti, dévoilée lundi, est plutôt compatible avec ce qui a été mis de l'avant aujourd’hui
. M. Tabuns cite les objectifs du NPD d’électrification des transports, d’efficacité énergétique des bâtiments et de réduction de 100 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Ce qu’offre l’OCEC est un portrait exhaustif, très complet, un bon guide pour le prochain gouvernement
, d’après Lucille Collard, porte-parole libérale en matière d’environnement. Le gouvernement Ford a mis un frein aux progrès initiés par celui qui le précédait, dit-elle.
Si la plateforme électorale du Parti libéral est encore en finalisation
, Mme Collard assure qu’elle sera ambitieuse et réaliste
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