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AnalyseLes pilotes ont sauvé la mise à Las Vegas

Des monoplaces de F1 roulent sur un circuit illuminé.

Le passage compliqué du premier virage au départ du grand prix sur le circuit de Las Vegas.

Photo : Getty Images / Chris Graythen

Les problèmes des organisateurs du Grand Prix de Las Vegas, étrangers aux us de la F1, ont commencé dès jeudi, et se sont poursuivis jusqu'au départ de la course. Ensuite, les images du circuit illuminé et la qualité de la course de 50 tours ont soulagé les sceptiques (sans les confondre), mais de gros ajustements seront nécessaires.

À la fin de la course, Max Verstappen, Charles Leclerc et Sergio Pérez ont été invités à monter dans une limousine. Mystérieux accroc au protocole. Mais où s'en allaient-ils donc?

Et les entrevues d'après-course? Direction le grand hôtel Bellagio pour les entrevues. Ah! Le podium est peut-être installé devant les gigantesques fontaines de ce célèbre hôtel.

Même pas. L'ancien pilote David Coulthard a réalisé les entrevues d'usage, les fontaines du Bellagio ont ensuite émerveillé les téléspectateurs, tandis que les trois pilotes sont repartis en sens inverse dans la limousine pour revenir sur la ligne droite des puits où avait lieu la cérémonie du podium.

Très curieux aller-retour à l'abri des regards, mais capté par une caméra miniature dans cet habitacle de très grand luxe. Vous savez comment on appelle le plafond d’une voiture? Un ciel de toit. Et dans cette limousine, le ciel était constellé. Sans blague. Comme pour nous rappeler que les vraies étoiles de cet hallucinant week-end, c'étaient les pilotes.

Trois pilotes de face, en combinaison, sont assis et discutent.

Max Verstappen,Sergio Pérez et Charles Leclerc à Las Vegas, dans la limousine les menant au podium.

Photo : TSN / Formula One

Liberty Media voulait en mettre plein la vue et a fait de gros efforts pour travestir la F1 à Las Vegas. On a eu droit à un trop-plein de strass destiné aux visiteurs étrangers et à la retransmission télévisée, au prix d'un gros stress pour les organisateurs et la population locale, car cette première édition ne s'est pas déroulée sans heurts.

Au lendemain du passage de la F1, Las Vegas se réveille avec un très gros mal de tête. Il faut tout démonter d'ici Noël, dit la ville. Il y a encore des factures à payer et il faut maintenant tirer les enseignements de ce premier week-end.

Ce sont les pilotes qui ont sauvé cette première édition du Grand Prix de Las Vegas, en offrant 50 tours de grande qualité sur le bitume trop lisse, illuminé par toutes les enseignes et les bâtiments multicolores.

Un jeune homme avec une casquette de baseball à l'envers sur la tête agite un drapeau à damier dans une structure métallique au-dessus d'un circuit.

L'artiste canadien Justin Bieber fait bouger (un peu) le drapeau à damier à Las Vegas. Pas très convaincant.

Photo : Getty Images

Pour une fois, Verstappen n’a pas fait cavalier seul et Ferrari a joué la victoire. La remontée du Néerlandais, qui a joué du coude pour passer, et le combat pour la deuxième place entre Pérez et Leclerc, qui s'est terminé à l'avantage du Monégasque, ont été de bons moments pour les amateurs.

Lance Stroll a été inspiré dans la nuit de Las Vegas. Il a bien sûr profité des largesses du peloton au premier virage pour gagner 10 places, mais il a pleinement profité de ce cadeau qui arrive rarement.

Le Québécois a clairement oublié sa frustration du Qatar, il a retrouvé sa confiance au volant et a piloté aussi bien qu’à Sao Paulo.

La F1 est un sport où le mental joue un grand rôle. Vous devez avoir la tête à la bonne place, et Lance semble avoir évacué toute la frustration qui l’habitait. C’est la meilleure façon de conclure sa saison et de préparer 2024, a dit le champion du monde de 2009 Jenson Button, devenu analyste pour la télévision britannique.

Une monoplace de F1 sort d'un garage illuminé.

Lance Stroll à Las Vegas

Photo : Getty Images / JIM WATSON

S’il avait fallu que la course se transforme en procession, les amateurs de F1 l'auraient mal pris.

Les pilotes ont trouvé le moyen d’attaquer sur un mélange d’asphalte qui ne convenait pourtant pas, car pas assez adhérent pour des pneus mis à mal par la température très fraîche de l’endroit.

Ce pavage luisant ressemblait à de la glace noire. Plusieurs pilotes, dont Russell et Daniel Ricciardo, ont demandé à ce que Las Vegas remplace son mélange d’asphalte par celui utilisé à Jeddah pour le Grand Prix d’Arabie saoudite.

Après tous les problèmes causés par le surfaçage des six kilomètres de rues, la Ville acceptera-t-elle de refaire la Strip avant la course de 2024? N-O-N.

Le pilote britannique George Russell l’avait prédit : Il faudra survivre aux cinq premiers tours. Et c’est précisément ce qui s’est passé. Il a fallu cinq tours aux pilotes pour monter leurs pneus mi-durs correctement en température. Les gommes dures ont semblé mieux convenir.

Au départ, le premier virage a donné des sueurs froides aux stratèges des équipes.

Certains pilotes ont glissé, comme Verstappen qui tentait de surprendre Leclerc et qui l’a plutôt emporté avec lui hors trajectoire. Heureusement que le pilote monégasque a été assez perspicace pour éviter l’accrochage. Certains pilotes sont partis en toupie, comme Fernando Alonso par l’intérieur et Carlos Sainz fils par l’extérieur. Des manœuvres téméraires?

Oui, mais il y avait de l’huile sur la piste entre la ligne de départ et le premier virage, ce qui a compliqué les choses.

Trois personnes en combinaison étendent du sable sur une piste de course.

Le personnel de piste balaie le circuit de Las Vegas pour tenter d'absorber l'huile.

Photo : Getty Images / ANGELA WEISS

En effet, deux voitures d’époque utilisées pour la parade des pilotes, celles destinées à Oscar Piastri et à Lewis Hamilton, ont craché de l’huile sur la piste au point que le personnel a dû répandre du sable pour absorber le mélange visqueux. Mais ça n’a visiblement pas suffi.

Grosse bourde de l'organisation qui aurait pu avoir de grosses conséquences. Imaginez un autre délai! Remarquez, la direction de course y a peut-être pensé, mais les télévisions du monde étaient en direct.

Un pilote de F1 sort d'une vieille voiture sur une piste de course éclairée par des projecteurs.

Lewis Hamilton sort de la Mercedes-Benz d'époque, moteur calé sur la grille de départ. On voit qu'elle perd de l'huile.

Photo : Getty Images / ANGELA WEISS

Heureusement que les belles d’époque dans le défilé n’ont pas gâché la fête, car les organisateurs déjà malmenés auraient subi les foudres des équipes et de la FIA et auraient eu du mal à s’en remettre.

L’incident de la bouche d’égout jeudi avait déjà fragilisé leur crédibilité aux yeux des amateurs, bien que la FIA ait aussi sa part de responsabilité dans cet onéreux contretemps pour Ferrari. L’inspection obligatoire avait-elle révélé cette faiblesse? L’incident a eu des répercussions que l’organisateur n’avait pas prévues et n’a pas su gérer.

On a clairement senti que tous les efforts avaient été mis sur l’aspect festif de l’événement.

On comprend pourquoi Las Vegas voulait présenter la course en nocturne. La ville brillait de mille feux (artificiels) à la télévision. Les images prises d’hélicoptère étaient spectaculaires. Mais il y a peu d’images du public dans les gradins plongées dans le noir.

Une monoplace roule de nuit sur un circuit illuminé par des affiches publicitaires, entre des grillages de sécurité.

Lance Stroll dans les rues de Las Vegas

Photo : Getty Images / Jared C. Tilton

Il se trouve que le public sur place qui avait payé le prix fort n’a pas été traité de la même façon. Et l’incident dans la nuit de vendredi est symptomatique des choix que le comité d’organisation a faits.

Il est inadmissible que le public, invité par les forces de l’ordre, ait eu à quitter les lieux juste avant la deuxième séance d’essais libres qui s’est déroulée dans un huis clos bien dissimulé dans la noirceur de la nuit.

Il n’y avait plus de personnel pour assurer la sécurité et le transport du public après 1 h 30. Il est difficile à concevoir dans cette ville qui se targue de ne jamais dormir.

Après tous ces investissements et ces efforts pour aménager les gradins le long du parcours, comment en est-on arrivé à les vider à mi-chemin des essais libres? Il y a peut-être une question syndicale, comprenez salariale, derrière.

Pris de court, l’organisateur n’a pas su comment réagir, a refusé de présenter ses excuses et d’offrir de rembourser les spectateurs lésés. Un chèque cadeau dans les boutiques de souvenirs, vraiment?

L’annonce d’un recours collectif au nom de 35 000 spectateurs pour demander des dommages et intérêts n’étonnera personne. L'incident de la bouche d'égout sera peut-être onéreux aussi pour les organisateurs. Et les images des spectateurs frustrés, qui ont fait le tour du monde, ont rappelé celles du Grand Prix des États-Unis de 2005 que la F1 tente de faire oublier depuis. C’est raté.

Las Vegas a une grosse côte à gravir pour que la F1 trouve sa place dans les habitudes de la ville.

Tous ceux qui se sont impliqués dans le projet cherchent maintenant des façons d'en donner plus à la population locale, a dit Steve Hill, président de l'organisme de promotion et de marketing de la région sud du Nevada (LVCVA) dans le Las Vegas Review Journal.

Nous voulions organiser un festival de la F1 en ville, mais nous n'avons pas voulu surcharger nos services municipaux, avec 20 000 personnes de plus sur le site. Mais maintenant, à la lumière de la première édition, nous pourrons nous ajuster, précise-t-il.

Parmi les ajustements à faire, il y a l'horaire des séances. Les équipes demandent aujourd’hui à la FIA de revoir l’horaire du week-end pour éviter à l'avenir de présenter une séance d’essais libres entre 2 h et 4 h.

Oui à une course nocturne, mais à une heure plus raisonnable. À Bahreïn, la course commence à 18 h et à Singapour, à 20 h.

Trois hommes discutent sans un garage, dont un en combinaison de pilote.

Christian Horner, Max Verstappen et Helmut Marko dans le garage de Red Bull

Photo : Getty Images / Mark Thompson

Tout le monde quitte Las Vegas sur le c**! D’une façon ou d’une autre, ce week-end a été éreintant pour ceux qui travaillent en coulisses, a dit sans détour le directeur de l'équipe Red Bull, Christian Horner.

Les équipes sortaient d’un programme triple : Austin-Mexico-Sao Paulo, et Liberty Media leur a imposé de décaler leur routine de travail et de les faire travailler en nocturne pour traverser le week-end de Las Vegas.

La FIA devra imposer à Liberty Media un changement d’horaire pour 2024. Les Américains devront apprendre de leurs choix et de leurs erreurs à Las Vegas.

La ville a souffert des travaux interminables, des embouteillages, des arbres abattus sur la Strip pour faire place aux gradins, des tarifs indécents imposés aux commerces bordant la piste. Et l'organisation, elle, a souffert d'un manque de considération pour le public et pour l'aspect sportif de l'événement.

La liste des choses à améliorer est longue pour que la F1 se sente bien à Las Vegas.

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