Fini, la nudité dans les vestiaires au hockey mineur?

Un vestiaire de hockey
Photo : Getty Images
Depuis le 12 septembre dernier, tous les joueurs de hockey mineur au Canada doivent arriver à l'aréna vêtus d’un « vêtement de base » ou se changer dans un lieu privé.
Avec sa politique concernant les vestiaires
, Hockey Canada souhaite offrir un milieu sécuritaire et respectueux à tous et à toutes
.
Afin de promouvoir l’inclusion et le respect de l’intimité, Hockey Canada exige le port de certains vêtements de base pour tout le monde et en tout temps dans les vestiaires et les locaux équivalents où plus d’une personne est présente. On doit donc arriver à l’aréna en portant une couche de base (p. ex. : short et t-shirt, short et t-shirt de compression ou soutien-gorge de sport).
Les personnes qui ne la portent pas à leur arrivée à l’aréna peuvent utiliser un endroit privé adéquat (par exemple : cabine privée dans les toilettes, vestiaire inoccupé) pour revêtir leur couche de base avant de rejoindre les autres dans le vestiaire
, peut-on aussi lire dans le document.
Dans la même politique, Hockey Canada recommande le port du maillot de bain lorsque les douches ne comptent pas de cabine fermée.
Comme la directive provient de la fédération nationale, les joueurs de moins de 18 ans de toutes les provinces y sont assujettis. Hockey Québec l’a confirmé par courriel.
Plusieurs parents de joueurs à qui Radio-Canada Sports a parlé de cette nouvelle politique n’étaient toutefois pas au courant.
Chez les plus jeunes, certains parents optent déjà pour une formule où ils font enfiler à leur enfant l’équipement à la maison par souci d’efficacité et aussi parce que les vestiaires de plusieurs arénas sont exigus.
Cette politique soulève toutefois des questions lorsqu’il s’agit d’adolescents, surtout que certaines équipes exigent même que les joueurs se pointent à l’aréna vêtus selon un certain décorum.
Hockey Canada est bien consciente des contraintes physiques dans certaines installations et, de ce fait, encourage les associations à faire preuve d’ingéniosité et à travailler de manière proactive [...], conjointement avec les responsables des installations locales, pour garantir un accès à des vestiaires ou à des locaux équivalents appropriés pour quiconque préfère ne pas se changer dans le vestiaire d’équipe.
Une mère qui n’était pas au courant de cette mesure a fait remarquer que cela prendrait un temps fou si chaque enfant allait se changer dans les toilettes.
Un président d’association contacté par Radio-Canada Sports a reconnu avoir reçu de la documentation décrivant la politique, mais qu’avec le peu de ressources dont il dispose, c’est difficile à gérer
.
Il ajoute que plus les joueurs grimpent en âge, moins les bénévoles restent dans le vestiaire, justement pour une question d’intimité.
On leur demande [aux bénévoles] de rester proches des vestiaires pour assurer une sécurité en cas de dérapage.
Un autre dirigeant a quant à lui souligné que les équipes doivent quitter le vestiaire 20 minutes maximum après la fin d’un match tellement les horaires sont serrés. Il confirme aussi que ces règles seraient très difficiles à appliquer.
Les arbitres ne sont pas épargnés par cette mesure.
Puisque les vestiaires réservés aux arbitres et aux juges de ligne sont souvent utilisés en même temps par des personnes d’âge, de genre et parfois même de sport variés, la sécurité et l’intimité sont primordiales. Afin de créer un milieu sécuritaire et accueillant pour tout le monde, la règle des vêtements de base et les recommandations sur l’utilisation des douches devraient être appliquées
, souligne Hockey Canada dans le document.
La politique concernant les vestiaires ne fait toutefois pas mention de ce qui pourrait advenir à une association ou à un club qui refuserait de s’y plier.
Dans un courriel, une porte-parole de Hockey Canada a rappelé que cette politique vise à offrir un milieu sécuritaire
.
Les participants et participantes ont le droit d’utiliser le vestiaire, ou un endroit équivalent jugé adéquat, dans le respect de leur identité ou expression de genre, de leurs croyances religieuses, de leurs préoccupations relatives à l’image corporelle ainsi que de tout autre motif lié à leurs besoins individuels
, lit-on dans le courriel.
Hockey Canada rappelle aussi que la supervision des « vêtements de base » s'aligne « sur les principes de la Règle de deux », c'est-à-dire que deux adultes formés et dont les antécédents ont été vérifiés soient présents dans le vestiaire ou juste à côté du vestiaire, avec la porte légèrement entrouverte, dans le but d’en assurer la surveillance et de prévenir toute forme de maltraitance
.