Les Canadiennes pourront défendre leur couronne olympique à Paris
Le match de mardi a été présenté devant une foule record à Toronto.

Jordyn Huitema a inscrit le deuxième but du Canada d'une tête précise.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
TORONTO – Ce n’est pas parce que ça n’a jamais fonctionné ainsi que la question ne se pose pas : comment se fait-il qu’à titre de championnes olympiques, les Canadiennes ne soient pas déjà qualifiées pour les Jeux de Paris?
Les Norvégiennes, en 2004, et les Allemandes, en 2020, n’ont pas plus profité de ce privilège inexistant. Le champion de la Coupe du monde masculine précédente n’est plus qualifié automatiquement depuis celle de 2006. Dans le volet féminin, la règle n’a carrément jamais existé.
Pour l’équipe canadienne actuelle, c’est probablement mieux comme ça.
L’après-Mondial a été l'un de ces vilains lendemains de veille, du genre qu’on subit à l’adolescence et dont nos parents se souviennent dans l’hilarité générale tous les Noëls. Et c’est peut-être ce qui servira mieux les Canadiennes dans les prochains mois. Cette équipe, a souligné Bev Priestman après la victoire de 2-1 dans le match retour contre la Jamaïque devant une foule record au BMO Field de Toronto, mardi, montre son meilleur visage quand elle est en quête de quelque chose.
Oui, les championnes olympiques veulent reconquérir l’or. Mais ce n’est pas nécessairement la mentalité que Priestman veut les voir adopter à Paris.
Au bout du compte, nous avons l’objectif de corriger ce qui s’est passé à la Coupe du monde, a soutenu la sélectionneuse. Si on commence à avoir comme mentalité de défendre l’or, on est en train de reculer. Ce que je vois de ce groupe, c’est que ça va bien lorsqu’elles visent quelque chose et qu’elles se battent.
Elles réussissent bien dans le rôle des négligées. J’en ai marre de [ce mot], j’en suis écœurée! Mais au bout du compte, nous allons aborder ces Jeux olympiques après une Coupe du monde, et nous allons vouloir prouver quelque chose. C’est là que nous sommes à notre mieux.
Peut-être était-ce alors inévitable que les Jamaïcaines marquent le premier but à Toronto – leur 2e en 11 matchs contre les Canadiennes, dont la fiche demeure parfaite contre les Reggae Girlz.
Comme à Kingston quatre jours auparavant, les représentantes de l’unifolié montraient encore leurs nouvelles intentions sur la pelouse torontoise, celles d’une équipe qui souhaite avoir son destin en main. Les Rouges ne laissaient pas l’occasion dicter leurs faits et gestes. Tout semblait revenir au plan, aux intentions.
Puis, il y a eu ce coup franc de Drew Spence, la milieu de terrain de Tottenham, qui a placé sa frappe là où on envoie les enfants turbulents : dans le coin. Les Canadiennes ont aussitôt formé un cercle.
Nous avons pris un moment, en groupe, pour nous concentrer à nouveau, a expliqué l’attaquante Adriana Leon. Il fallait reprendre notre souffle, communiquer de manière positive. Nous avons remis les choses en place et fait en sorte que ce soit nous qui inscrivions le but suivant.
Il allait de soi que la nouvelle attaquante d’Arsenal, Cloé Lacasse, égalise la marque pour répliquer à une joueuse des Spurs. En 180 minutes, le but de Lacasse aura été le seul que le Canada n’a pas marqué dans le cours du jeu. Pas mal pour une équipe qui, même avant la Coupe du monde, semblait avoir toutes les misères du monde à trouver le fond du filet.

Le résumé d'Olivier Tremblay
Cloé Lacasse, la fierté de Sudbury qui marque au lendemain du Jour des Franco-Ontariens, une juste récompense d’ailleurs pour l'une des rares joueuses à s’être distinguée en Australie. C’est déjà une belle histoire, même si la principale intéressée a savamment fait semblant en zone mixte que tout était prévu pour rendre hommage à sa famille. Salutations à grand-maman Nanette.
Mais surtout, il semble naturel qu’une joueuse qui, malgré ses 30 ans, ne fait partie du programme de l’équipe nationale que depuis 2021, marque le but qui permet au pays de mieux respirer, avant celui de la confirmation par Jordyn Huitema.
Un nouveau cycle s’amorce, et le renouveau vient d’un peu partout. Des joueuses au développement plus tardif, comme Lacasse. Mais aussi des plus jeunes, bien sûr. Simi Awujo est montée au jeu, tout comme Olivia Smith, la cadette de la sélection, qui n’a pas décoché une des fusées
qu’on peut voir à l’entraînement, selon Bev Priestman, mais qui aurait pu marquer deux ou trois buts
, selon Lacasse.
Les jeunes sont rentrées, elles jouent davantage de matchs, elles prennent de l’expérience, a indiqué Priestman. Mais je reviens au caractère. Et ce groupe est tissé serré. Quand ça va mal, on peut partir dans toutes les directions, mais ce groupe reste sur la même longueur d’onde. C’est excitant. On ne doit pas s’emporter, parce qu’il y a beaucoup de travail à faire. Et retourner sur le podium, ce sera plus difficile que jamais.
Sans caractère, on perd le cœur de cette équipe.
En plus de s’emparer de ce billet pour les Jeux olympiques, les Canadiennes évitent de devoir passer par les qualifications de la Gold Cup, puisqu’elles accèdent désormais directement à cette compétition. Pas de voyage au Guatemala et au Panama cet automne, donc. Priestman n’a pu s’empêcher de pousser un soupir de soulagement à ce sujet en conférence de presse.
Cela dit, comme nous le faisait remarquer un officiel de Canada Soccer mardi, la fédération a peut-être le luxe de gérer ses prochaines fenêtres internationales comme bon lui semble, mais elle n’a qu’un mois pour tout organiser. Peut-être Priestman en sait-elle plus, puisqu’elle a parlé de projets enthousiasmants pour ces périodes, sans rien confirmer.
Après tout, quand on vient de confirmer qu’on tient un billet pour Paris après avoir atteint le fond du baril
contre l’Australie, pourquoi s’emballer pour autre chose immédiatement?

Mission accomplie pour les Canadiennes qui ont obtenu leur qualification pour les Jeux olympiques de Paris.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette