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Se méfier des pièges de la deuxième année

Le joueur de hockey pose son gant sur le casque de son coéquipier qui rit.

Arber Xhekaj (à gauche) et Juraj Slafkovsky ont célébré la victoire du Canadien contre les Coyotes ensemble.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Mythe ou réalité, la guigne de la deuxième année demeure un concept bien implanté dans l’imaginaire du sport professionnel. Si jamais une telle chose existe, le Canadien, avec sa bande de jeunes talents, compte une pléthore de candidats à cette chute brutale.

Huit. Ils ont été huit joueurs à être promus plus ou moins à temps plein dans la Ligue nationale avec le CH l’an dernier. Si certaines promotions étaient circonstancielles en raison de l’hécatombe à l’infirmerie, plusieurs des nouveaux venus font partie du futur noyau de l’équipe. Du moins, c’est ce que souhaite l’organisation.

Que l’on pense à Juraj Slafkovsky, à Kaiden Guhle, à Arber Xhekaj, peut-être à Jordan Harris et même à Rafaël Harvey-Pinard, ils seront tous au cœur du succès ou des malheurs de l’équipe cette saison.

Idéalement, ils bâtiraient sur les assises qu’ils ont commencé à poser en 2022-2023. Mais voilà que, parfois, cette guigne, ô vilaine, se pointe le bout du nez.

Le principe en est assez simple : après une saison recrue prometteuse, certains joueurs peinent à surmonter les écueils la saison suivante. Ou du moins, c’est ce qu’on entend.

Selon Martin St-Louis, il y a effectivement un danger à la deuxième campagne : celui de se croire arriver dans la LNH pour de bon. L’entraîneur a fourni une réponse étoffée, on vous prévient.

C’est sûr que ça existe, a admis l’entraîneur, mais c’est différent pour tout le monde.

Ce qui aide un joueur à ne pas avoir de guigne de la deuxième année, c’est la constance. Sans discipline, tu n’auras pas de constance. Quand tu essaies de t’établir dans la ligue, tu penses que t’es arrivé, que t’es établi, mais si tu perds un peu de ta discipline de préparation et d’engagement et tout, tu vas perdre ta constance. Et c’est là que ça arrive, c’est un effet domino, a-t-il expliqué.

Si tu ne veux pas en avoir, il faut que tu élimines les raisons, a poursuivi St-Louis. Tu n’as pas travaillé assez fort, tu n’as pas été assez discipliné, t’as pas eu la bonne attitude... Même en éliminant ça, ça ne veut pas dire que tu n’auras pas d’adversité, parce que tu as peut-être des plus hautes attentes. Faut aider les joueurs à gérer leurs attentes, mais ils doivent comprendre qu’être constant va les aider à s’éloigner de cette guigne-là. Et pour être constant, il faut que tu sois discipliné.

Un assez long prêche pour vanter, au fond, les mérites de la discipline.

Brendan Gallagher les connaît, ces mérites. Il les a appliqués toute sa carrière aussi. Lui-même avait obtenu de beaux chiffres à sa deuxième année.

S’il y a un piège à éviter, c’est de ne jamais rien tenir pour acquis.

Une citation de Brendan Gallagher

La définition d’une baisse de régime varie d’un joueur à l’autre également. Pour Cole Caufield, par exemple, ce sera de ne plus trouver le fond du filet.

Mais le barème de la compétence de Xhekaj sur une patinoire de la LNH est tout autre. Il réside plutôt dans sa présence physique, ses mises en échec, sa capacité à briser les attaques adverses, et tout ça risque de se traduire par un temps d’utilisation accru ou en déclin.

Ce sera un bon défi. Les gars connaissent mon style, les attaquants savent comment je joue. Ce sera un peu plus difficile, mais je dois les faire douter, m’en tenir à ce que je faisais l’an dernier et jouer dur, a estimé le numéro 72 du Tricolore.

Quelques chiffres

L’an dernier, Cole Sillinger, jeune centre des Blue Jackets de Columbus, a frappé le proverbial mur. Une saison recrue épatante de 31 points, dont 16 buts, à 18 ans seulement — peut-être a-t-il fait le saut dans la grande ligue trop rapidement se demanderont certains — suivie d’une campagne de misère avec un club décimé.

Après 13 matchs, Sillinger avait réussi 2 passes. Il a terminé l’année avec 3 buts et 11 maigres points en 64 rencontres.

Caufield maintenant.

Factuellement, le buteur de Stevens Point a réussi 23 buts à son année recrue en 2021-2022 et 26 en seulement 46 matchs l’an dernier.

Dans les faits, Caufield a fait le saut dans la LNH à la fin de la campagne pandémique de 2020-2021. Il a disputé 10 matchs en saison et 20 autres en séries. Eussent-ils été 30 matchs du calendrier que ç’aurait compté comme sa saison recrue. On s’excuse pour toute cette arithmétique.

L’année suivante, Caufield était déjà une vedette. Son visage placardé aux quatre coins de la ville, il rayonnait, son ami Trevor Zegras lui prédisait 40 buts… et il en a marqué 1 au cours des 30 premiers matchs sous Dominique Ducharme.

Un joueur de hockey se tient debout sur la glace près d'une surfaceuse.

Cole Caufield pendant une pause d'entraînement

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Jamie Drysdale, des Ducks, en était un autre qui peinait en début de saison dernière avant de se blesser pour toute l’année. Aucun point en huit matchs et un temps d’utilisation réduit de deux minutes par rapport à son année recrue.

Bref, ce genre de choses arrivent.

Et puis il y a les Auston Matthews, Patrik Laine et autres qui font fi de tous les écueils.

Des étudiants de l’Université McGill se sont penchés sur la question en 2017 (Nouvelle fenêtre). À la lumière de leurs conclusions, de tout ce qu’on a entendu vendredi à l’entraînement lorsqu’on enquêtait sur le sujet, la phrase c’est différent pour tout le monde est probablement la plus appropriée.

Les facteurs à l’origine de la guigne sont nombreux : le taux de réussite sur les tirs qui a pu être artificiellement gonflé, un temps d’utilisation réduit, des attentes plus élevées, la qualité des adversaires, le nombre de présences amorcées en zone défensive.

Dans le recensement compilé par les étudiants entre 2005 et 2016, 22 recrues produisaient à un rythme d’au moins 0,7 point par match. De ce groupe, neuf ont amélioré leurs performances, sept les ont maintenues et six ont connu une baisse sévère. Un groupe qui comptait Ryan Nugent-Hopkins, Jeff Skinner et Nathan MacKinnon.

Du côté du CH, ne serait-ce que si les vétérans demeurent en santé, ils seront nombreux à jouer moins, produire moins, paraître moins dominants. Si l’on s’attarde au pourcentage de tirs converti en buts, Harvey-Pinard pourrait bien être victime d’une correction négative, comme il marquait à tous les quatre lancers (24,1 %).

Il y a plusieurs raisons pour modérer les attentes envers l'équipe cette année. En voici une autre.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey

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