Sécurité médicale au marathon de Montréal : le risque zéro n’existe pas
La mort d'un coureur en 2019 a conduit à l'amélioration des interventions médicales.

Des coureurs lors du marathon de Montréal.
Photo : Marathon Beneva de Montréal
Plus de 20 000 participants sont attendus au marathon Beneva de Montréal, qui se tiendra cette fin de semaine. Au Stade olympique, on s'affaire à mettre sur pied un véritable hôpital de campagne. Plus de 300 personnes représentant tous les corps médicaux vont s’occuper de la sécurité des coureurs.
Le 22 septembre 2019, Patrick Neely, 24 ans, qui participait au demi-marathon, s'est effondré à quelques mètres de l'arrivée, pris d’un malaise. Il est mort quelques heures plus tard à l’hôpital.
Déposé neuf mois plus tard, le rapport de la coroner Géhane Kamel parlera d’une série de cafouillages qui ont compromis ses chances de survie
.
Depuis ce drame, les nouveaux organisateurs ont retenu les recommandations de la coroner et ont réuni une véritable armée de spécialistes, dont le général est l'urgentologue François de Champlain. Ce dernier insiste pour dire que ce n'était pas son organisation qui était en poste en 2019 et que les changements apportés depuis ont permis de sauver des vies.

Le Dr François de Champlain
Photo : Radio-Canada
On a lu avec beaucoup d’attention les recommandations de la coroner, explique-t-il. Par exemple, il y avait 8 ambulances à cette époque, on en a aujourd’hui 17. On a beaucoup plus d'équipes d’interventions rapides à moto, sur le terrain, ce qui nous a permis de comprimer le délai d’intervention.
Cette nouvelle stratégie a été payante lors du marathon de l’an dernier. Une participante de 25 ans a vécu à peu près le même scénario qu’en 2019 à un kilomètre de l’arrivée. Elle a eu une intervention très rapide avec un défibrillateur, en dedans de deux minutes, ce qui a été le geste qui lui a sauvé la vie
, ajoute-t-il.
La participante en question, c’est Marion Artaud, une Française de 25 ans. Elle a voulu remercier ceux qui lui ont sauvé la vie par le biais d’un message vidéo envoyé aux organisateurs, où elle apparaît toute souriante.

Marion Artaud remercie le corps médical du marathon de Montréal.
Photo : Radio-Canada
Bonjour, moi, c’est Marion. C’est moi qui ai été victime d’un arrêt cardiorespiratoire l'année dernière. Un an plus tard, je vais super bien, je reviens même d’un voyage de quatre mois à travers l’Amérique du Nord, raconte-t-elle. Je voulais enregistrer ce message pour vous dire que je pense bien à vous et je vous envoie plein d’encouragements pour cette fin de semaine.
Le directeur médical du marathon souligne que même si le risque zéro n’existe pas, tout est mis en œuvre pour assurer aux coureurs une sécurité maximale.
Il reste que, statistiquement, dans les marathons par exemple, les distances de 42 km, c’est 1 coureur sur 100 000 qui va subir un arrêt cardiorespiratoire. Avec l’équipe que l’on a mise en place et le plan de mesure de risques, même si ce scénario se produisait, les chances de survie, grâce à la rapidité d’intervention, sont excellentes.

Un coureur à l'arrivée du marathon de Londres
Photo : afp via getty images / DANIEL LEAL
La nouveauté dans cette armée de spécialistes, c’est la présence des thérapeutes du sport. On a en effet constaté que plus de 60 % des blessures sont d’ordre musculosquelettique, comme l’explique Marc-Antoine Doré, thérapeute du sport agréé, instructeur en intervention d'urgence et coordonnateur médical adjoint pour l'événement.
Les blessures musculosquelettiques, donc les blessures qui arrivent à nos tendons, os, muscles et ligaments, sont les urgences que l’on voit le plus fréquemment ici, à la clinique médicale du marathon de Montréal, souligne-t-il. Le pourcentage varie entre 60 % et 70 %, selon les années. On s’est dit qu’on mettrait des spécialistes dans l’intervention, dans la réadaptation des blessures musculosquelettiques, et c’est là qu’on a fait appel aux thérapeutes du sport.
Ce type de blessure survient souvent dans les cinq derniers kilomètres d'une course. C'est pourquoi on a mis en place une escouade de thérapeutes du sport à vélo. De plus, un système de géolocalisation des coureurs en difficulté a été mis en place, ce qui va permettre aux secouristes d'intervenir de manière plus rapide et plus efficace, selon les responsables.
Le directeur médical du marathon insiste pour dire que tout est mis en place pour ne pas constituer un poids supplémentaire sur les urgences des différents hôpitaux pendant la fin de semaine.
On veut minimiser l'impact sur les ressources avoisinantes, comme les hôpitaux. On sait qu’ils travaillent avec des effectifs réduits la fin de semaine. Il est très important de dire que l’on ne dégarnit pas les professionnels qui sont affectés la fin de semaine. Les gens qui viennent travailler pour nous, c’est leur week-end de congé. On n’a donc pas d’impact négatif, car on traite sur place presque 99 % des gens qui ont besoin de services médicaux
, indique François de Champlain.
L'an dernier, 350 interventions ont été effectuées. Toutefois, certaines années, plus de 1000 ont été nécessaires.
En attendant que les coureurs se mettent en marche, Marion, la survivante de l'an dernier, voulait livrer ce dernier message : J’espère qu’il n’y aura pas de problème similaire au mien cette année. Je suis la preuve que le travail que vous faites est vraiment utile et je sais que les coureurs sont entre bonnes mains. Bon marathon à tous!
, conclut-elle.