La LPHF, une occasion sans précédent pour des entraîneuses

Courtney Kessel, nouvelle entraîneuse-cheffe de l'équipe de Boston dans la LPHF
Photo : The Canadian Press / Jeff McIntosh
Alors que les meilleures joueuses de hockey féminin témoignent de l’effervescence entourant les débuts imminents de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), celles qui gravitent dans leur entourage y trouvent également leur compte.
Vendredi, l’équipe montréalaise du circuit a officialisé l’embauche de Kori Cheverie à titre de première entraîneuse-cheffe de son histoire. Elle est l’une des trois femmes qui auront leur place en 2024 derrière le banc d’une équipe de la LPHF, avec Courtney Kessel (Boston) et Carla MacLeod (Ottawa).
Pour avoir été entraîneuse du côté masculin, je peux témoigner qu’il n’y a pas beaucoup d’occasions pour les femmes
, indique Cheverie, qui a notamment été pilote et adjointe d’équipes midget AAA et universitaires. Je sais que c’est en train de changer, mais c’est majeur d’avoir notre propre ligue où certaines femmes pourront garder un emploi dans le hockey après leur carrière de joueuse, notamment. Les entraîneuses ont un endroit où aller.
Maintenant, les filles vont vraiment bien gagner leur vie avec leurs acquis
, ajoute l’entraîneuse et ancienne joueuse vedette Caroline Ouellette au camp d’entraînement de l’équipe nationale, à St. Catharines, en Ontario. Elles se sentiront moins obligées d'aller trouver un emploi ailleurs, où tu veux très bien gagner ta vie dès le début, ce qui arrive souvent, je crois, chez les athlètes féminines.
Pour l’instant, même si certaines ont été promues à des postes d’entraîneuse vidéo, de consultante au développement, de dépisteuse ou encore d’adjointe au directeur général, peu de femmes font carrière à temps plein sur la planète hockey après avoir raccroché leurs patins.
Avec une Ligue nationale de hockey (LNH) exclusivement composée d’hommes derrière le banc, la LPHF devient l’un des principaux ressorts permettant aux entraîneuses de faire carrière à l’échelle professionnelle.
Il ne faut évidemment pas y aller de ségrégation [envers les hommes], mais à compétences égales, lorsqu’on peut donner une occasion à une femme au sein d’une ligue de sport féminin, on se doit de le faire
, soutient la directrice hockey du centre de haute performance 21.02, Stéphanie Poirier, en entrevue avec Radio-Canada Sports. Sinon, qui d’autre le fera? Quand recevra-t-on à nouveau une telle chance?
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Bien que l’entraîneuse-cheffe de l’équipe de hockey féminin des Carabins de l’Université de Montréal Isabelle Leclaire reconnaisse les perspectives favorables que crée la nouvelle ligue pour les entraîneurs de hockey féminin, elle dénote certains problèmes causés par un petit bassin de candidats, et surtout de candidates.
En 2022, 3,6 % des instructeurs au Québec étaient des femmes.
Dès qu’une athlète de haut niveau a un certain potentiel [d’entraîneuse], on saute très rapidement d’une étape à une autre, car il y en a très peu, soulève-t-elle. C’est bien pour l’individu, mais est-ce la meilleure chose pour son développement et pour acquérir l’expérience nécessaire?
Au hockey féminin collégial, des entraîneurs sont placés derrière le banc après une à trois années au sein d’équipes mineures, alors que le collégial est en quelque sorte l’équivalent de la Ligue M18 AAA chez les hommes. Nous sommes rapidement placés dans une position difficile.
La pilote des Carabins avoue qu’elle a elle-même été projetée très tôt aux rênes de son équipe, après seulement quatre saisons d’expérience derrière un banc.
Une quinzaine d’années plus tard, cette problématique est toujours d'actualité, mais pourrait s’estomper de pair avec l’augmentation de 22 % des inscriptions au hockey féminin cette année par rapport à 2022. De quoi créer un plus grand bassin et, par surcroît, plus de niveaux où les joueuses et entraîneuses pourront faire leurs classes.

Isabelle Leclaire est l'entraîneuse de l'équipe de hockey des Carabins de l'Université de Montréal.
Photo : Courtoisie / Carabins de l'Université de Montréal / James Hajjar
La base s’agrandit, mais il ne faut pas les perdre au sommet de la pyramide
, prévient toutefois Leclaire.
Stéphanie Poirier voit quant à elle d’un bon œil les rôles d’importance attribués rapidement à de jeunes entraîneuses. Certaines étudiantes-athlètes bénéficient de programmes comme Les entraîneuses, de Hockey Canada, qui permet gratuitement le développement d’instructrices.
En les formant rapidement, elles développent plus rapidement leur sentiment de compétence. Plus tu te sens compétente, plus tu te pousses, te développes et rétrécis l’écart perçu entre toi-même et parfois, un entraîneur masculin aux mêmes compétences
, conclut-elle.
Avec la collaboration de Christine Roger