Le breaking en vedette à Montréal à un an de son entrée aux JO

La Sud-Coréenne Yell (à gauche) et la Canadienne Emma se sont affrontés en 16es de finale, samedi, au Théâtre Maisonneuve.
Photo : Radio-Canada / Jacques Poitras
Accumuler des points en vue d’une qualification aux Jeux olympiques… à la Place des Arts. On n’arrête pas le progrès.
C’est au Théâtre Maisonneuve qu’a eu lieu le week-end dernier la compétition internationale WDSF Breaking for Gold, où 45 b-girls et 68 b-boys, comme on les appelle dans le milieu, rivalisent et fraternisent.
Dans les coulisses que parcourent encore les grands du théâtre québécois, les participants s’activent dans la bonne humeur. Sur la scène, particulièrement lorsque les manches préliminaires à quatre danseurs font place aux duels à un contre un, l’aspect compétitif de la chose prend son envol. Le langage corporel change. Les athlètes viennent présenter leurs meilleures manœuvres directement devant leur adversaire avec cette attitude de défi qui les caractérise.
C’est la culture, tout simplement, soutient Emma Misak, alias b-girl Emma. Au bout du compte, ce n’est que de l’amour et que de l’unité, vous voyez? On se fait beaucoup d’amis de partout dans le monde. Et avec ces batailles en vue des Jeux olympiques, on se voit encore plus souvent. C’est vraiment cool de voir tout le monde.
Le no 1 mondial, le Canadien Phil Kim, alias Phil Wizard, était au Théâtre Maisonneuve pour encourager ses pairs et prendre du bon temps
. Bien installé au sommet du classement avec près de 1000 points d’avance, le Vancouvérois aura sa place dans la série de qualification olympique, de mars à juin 2024, s’il n’obtient pas son billet directement en gagnant les mondiaux ou le Championnat panaméricain.

Les meilleurs danseurs de Breaking étaient à Montréal en fin de semaine pour tenter d'accumuler des points en vue d'une qualification olympique pour Paris 2024.
Photo : Radio-Canada
Le Canada compte déjà une médaille olympique – des Jeux de la jeunesse, en 2018 – dans la discipline, avec la 2e place d’Emma à Buenos Aires. Phil Wizard représente un espoir légitime de médaille pour la première compétition aux vrais
Jeux, et c’est une pression qui lui sied bien.
Peu importe ce qu’on fera, il y aura toujours cette pression, affirme Phil Wizard. Ça devient de plus en plus gros, alors la pression augmente. Mes parents regardent le breaking maintenant. C’est gros! Tout ça, pour moi, c’est une bénédiction. Jamais je n’aurais cru que j’aurais l’occasion de faire ça.
Pour moi, c’est comme une bataille de superhéros qui dansent. Je ne crois pas avoir besoin d’en dire long, parce que quand les gens vont voir le sport, ils verront que c’est formidable.
Phil Wizard soutient cependant que le Canada, même s’il est doté d’une belle scène du breaking, a encore du chemin à faire pour rattraper certains pays. Le week-end dernier, par exemple, après la première journée de compétition, un seul Canadien, Samuel Cyr, alias Mass, et deux de ses compatriotes, Emma et Konatsu Yamasa, avaient atteint les huitièmes de finale. Le Japon y comptait neuf représentants, soit plus du quart.
Chaque pays n’aura toutefois droit qu’à un maximum de deux danseurs et deux danseuses aux JO. Tout peut arriver. Et malgré la relativement faible population du Canada, c’est fou comme on produit du talent ici
, selon Éric Zig
Martel, directeur national à Breaking Canada. Un constat que partage visiblement Emma.
Le Canada a assurément beaucoup de potentiel, particulièrement avec Phil [Wizard] et Tiffany [Leung, 13e du monde], qui sont sur l’équipe nationale, souligne Emma. Ça se passe bien pour notre équipe. On fait parler de nous dans les compétitions.
Dans les compétitions, certes, mais aussi ailleurs, idéalement. L’attention médiatique et les occasions de commandite ont augmenté dans la dernière année, selon Phil Wizard, qui se réjouit comme bien d’autres de voir que la discipline conquiert de plus en plus d’adeptes. L’Albertaine Alexandra Mozil, alias SashaFox, a même confié à Radio-Canada Sports que des parents lui demandent si elle peut enseigner la danse à leur enfant pour qu’il ait une chance d’aller aux Jeux olympiques.
Plus il y aura d’athlètes de breaking, plus le niveau de compétition s’accroîtra, logiquement. Et plus il y aura de philosophies différentes qui s’affronteront.
Le niveau de la performance technique augmente, précise Bérénice Dupuis, alias B-Nice. C’est un défi de plus. Mais ça divise un peu la scène en deux : ceux qui sont plus dans l’artistique, et ceux qui sont plus dans le compétitif.
Au Théâtre Maisonneuve, les deux ont fait bon ménage.